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Prix relève Sollio – Ferme Rose Haven : Un transfert en gestation

Novago Coopérative

Après le train, Hans Ten Have et sa conjointe Marylou Caron devaient se rendre à Ville-Marie pour un suivi de grossesse – un premier poupon! Exploiter la ferme, la faire croître, fonder une famille et constituer une belle retraite aux cédants de la Ferme Rose Haven : plusieurs projets en gestation!

Catégorie transfert | Ferme membre de Novago Coopérative

Michel Ten Have et Lilianne Larose sont originaires de l’Abitibi. Déménagés au Témiscamingue en 2005, ils ont abouti dans les bonnes terres de Lorrainville en 2008, une troisième ferme laitière, un deuxième déménagement – ou déracinement – en quelques années. « Ça n’a pas été facile. On a travaillé fort, mais on est très fiers de nos résultats », résume Lilianne. « On n’avait même pas un tracteur à l’époque, mentionne Michel. Aujourd’hui, il y en a cinq dans la cour! » L’évolution est manifeste : un million de litres de lait produits par année, une moyenne annuelle de production de 13 000 kilos de lait par vache, 305 hectares cultivés en produits variés (orge de brasserie, blé de consommation humaine, canola, soya et maïs-grain).

L’année 2017 est marquée par une expansion rapide. On acquiert 125 hectares dans un village voisin pour constituer une deuxième entité juridique, Haven Rose Valley, avec Hans et Lilianne comme coactionnaire. Il avait alors 21 ans et sortait de trois années d’études à l’ITAQ, la même école qu’a fréquentée Michel dans les années 1980 durant deux ans. « Hans a dû avoir besoin de plus de temps que moi pour fêter! » taquine Michel.

D’ici cinq à huit ans, l’entièreté de l’entreprise devrait être transférée à Hans. Aux actions sur papier s’ajoute une part d’intangible. « Peu à peu, on transfère notre rêve à nos enfants. C’est Hans et Marylou qui vont amener l’entreprise à un autre niveau, comme je l’ai fait avec l’entreprise de mes parents », image Michel.

Invariablement, depuis 2008, toutes les décisions se prennent dans l’optique d’une relève qui poursuivra l’aventure. Lilianne et Michel n’ont pas brusqué les aspirations professionnelles de leurs enfants. Élisabeth, 32 ans, qui aime interagir avec les gens, est aujourd’hui directrice de compte agricole chez Desjardins alors qu’Éléna est entrepreneuse en construction. Équitables, les parents ont pensé à leurs filles, qui ont souvent aidé aux besognes agricoles, en finançant leurs études et en leur constituant un héritage hors entreprise.

Le principal défi du trio Hans, Michel et Lilianne? La communication. « Sur les fermes, les conflits intergénérationnels sont inévitables, observe l’agronome et experte-conseil ruminant et végétal Marie-Pier Lachapelle, de Novago Coopérative. Ici, Lilianne va prendre les points de vue, les pours et les contres de chacun. Ce qui fait que ça fonctionne, c’est que les objectifs sont bien définis. »

L’experte-conseil dit vrai : dans son dossier de candidature au Prix relève Sollio, la ferme mentionne « valoriser les opinions divergentes » et « prendre le temps de réfléchir pour combiner les idées et trouver des solutions optimales ». C’est souvent autour d’un repas en famille que les préoccupations émergent. La médiatrice Lilianne n’a pas toujours besoin de trancher : le temps et la réflexion arrangent tout. Ne compte que la préservation du climat harmonieux. « Personne n’est parti fâché après un train! » assure Hans.

Si la situation financière enviable a permis l’expansion de 2017, elle permettra aussi d’autres projets – une étable avec robots de traite pour remplacer une partie du travail des parents? L’entreprise dégage des économies grâce à la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) du Témiscamingue. Faucheuse-conditionneuse, épandeur d’engrais et de chaux, semoir pneumatique de précision pour la luzerne et les couverts végétaux et même un épandeur par aspersion du lisier : c’est une valeur de 400 000 $ d’équipements que partage la ferme. Ces équipements sont entretenus dans un tout nouveau et spacieux garage ayant coûté la même somme que celle ayant été économisée! Cet espace n’est pas superflu : Michel est toujours impressionné par la débrouillardise de Hans, capable de monter et démonter n’importe quel tracteur ou machinerie!

Hans n’est pas prêt à exploiter la ferme en solo. « On a une belle cohabitation et je ne suis pas prêt à leur dire de partir », avoue-t-il. Au contraire, il juge que cette période transitoire permet d’avancer plusieurs projets, notamment le défrichage et la mise en culture d’une quinzaine d’hectares. Habile avec les chiffres, Hans ne se berce pas d’illusions : il sait que la rentabilité d’une terre neuve, projet de long terme, ne fait pas le poids face à la traite de 10 vaches de plus. Faire des budgets, c’est son truc.

Dans les trois prochaines années, les parents essaieront de trouver soit un terrain, soit une maison déjà bâtie, pas trop loin de la ferme pour y travailler encore à temps partiel, mais juste assez pour l’intimité d’un couple et de l’autre. Ce seul choix illustre probablement l’entraide et le respect qui émanent du transfert de Ferme Rose Haven, mené avec confiance et bienveillance.

Photo : Christophe Champion

 



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Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.