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Prix relève Sollio – Ferme Avicole Brybec : Éleveurs pur-sang

Agiska Coopérative

Il y a Brysonwood Farms, Tullochgorum Farms et Ferme Avicole Brybec qui est un peu la résultante des deux premières. L’histoire de l’établissement en agriculture de Douglas Bryson et Stéphanie Bisaillon, c’est aussi celle de Steve Lalonde et Loraine Lamb, deux familles liées par l’amitié plus que par le sang.

Catégorie établissement | Ferme membre d’Agiska Coopérative

Une bouille sympathique, un léger accent anglo, un entrain contagieux : de Douglas Bryson, il se dégage un optimisme tranquille, mais palpable. Stéphanie et lui se connaissent depuis leurs études en Farm Management Technology au Collège Macdonald. Les deux rêvaient d’agriculture. Douglas a longtemps travaillé dans l’Est ontarien et au Québec pour un fournisseur d’intrants, visitant de nombreuses entreprises avicoles. Stéphanie, originaire d’une ferme de Saint-Jacques-le-Mineur, travaille pour sa part chez une entreprise qui fait sa marque en mise en marché de proximité, Boutique Bon Bœuf, à Saint-Chrysostome.

Un bon éleveur élèvera des bovins, des lapins, des faucons pèlerins s’il s’en trouve! « Quand tu as l’élevage dans le sang, l’espèce a peu d’importance. Ça a longtemps été l’élevage des bovins laitiers dans la famille Bryson, mais aujourd’hui, c’est le poulet », lance Douglas. Keith, le père de Douglas, a lutté contre une démence pendant de longues années. L’avenir de la ferme était incertain, Douglas encore jeune. En 2007, le quota laitier a été vendu. La belle étable route 138 à Ormstown témoigne de jours meilleurs quand elle était remplie de vie. Si on lui trouvera peut-être une prochaine vocation, pour l’instant, Douglas, Stéphanie, leur petit Edward, alias Eddie, font de l’élevage dans le rang voisin, Tullochgorum.

C’est dans un des deux poulaillers d’amis de longue date de la famille Bryson, Steve et Loraine, que Douglas produit maintenant six lots et demi par année de 27 000 poulets. Sans relève, Steve et Loraine ont vendu leur quota, non sans avoir accueilli Douglas pour deux stages d’études (2012 et 2015). Comment repeupler le bâtiment, encore au goût du jour? C’est à l’aide du programme d’aide au démarrage des Éleveurs de volailles du Québec que Douglas, premier récipiendaire, a obtenu, à la clé, 1500 mètres carrés de quota. En 2021, l’élevage recommençait à couler dans ses veines de l’éleveur pur-sang.

Sur son téléphone, l’aviculteur fait défiler des photos numérisées qui ont servi à illustrer le 200e anniversaire de Brysonwood. William, James, Joseph, Edward, Keith, Douglas et, qui sait, Eddie : Douglas essaie de ne pas attacher d’importance à la « tradition » de l’agriculture de père en fils, mais se met aussi la pression de ne pas être la « génération qui l’échappe ». Sa ferme est petite? Raison de plus de la rendre productive, avec l’aide de son mentor, Steve, et de son expert-conseil avicole d’Agiska Coopérative, le technologue Simon Gamelin.

Pour l’éleveur Douglas, la courbe d’apprentissage a été brève. Dès sa première année, il remportait le titre du meilleur indice de production au sein du réseau coop! Ses installations lui permettent d’offrir un environnement A1 aux oiseaux. Au rez-de-chaussée, on trouve un système de plancher radiant au glycol. Sur les trois étages, trois panneaux de contrôle et neuf échangeurs d’air récupérateurs de chaleur permettent de brûler moins de propane, de générer moins de dioxyde de carbone sur le parquet (et dans l’atmosphère terrestre) pour de meilleures performances, dont une conversion alimentaire moyenne de 1,46 et des lots qui s’envolent vers l’abattoir en aussi peu que 33,5 jours!

Démarrer dans l’allégresse ne vient pas sans son lot de petites angoisses : Douglas pourra-t-il acquérir du quota pour produire plus que les 400 000 kilos actuels? Pourra-t-il remettre en production le deuxième poulailler du site qui sert actuellement d’atelier mécanique? Actuellement, les 133 hectares de maïs, soya et blé d’automne en culture biologique de Brysonwood et Brybec améliorent les revenus.

Il y a aussi le… popcorn! Steve Lalonde et Loraine Lamb ont été visionnaires en développant, il y a 25 ans, la culture en mode biologique de trois variétés de maïs à éclater (quebecorganicpopcorn.ca) récolté en épis et mis à sécher en silo. Les installations de criblage et d’emballage des grains sont modernes et à un jet de pierre des poulaillers. C’est une activité qu’aimeraient bien reprendre Stéphanie et Douglas pour donner encore plus d’ampleur à ce maïs soufflé du terroir montérégien, le seul produit au Québec à une échelle véritablement commerciale.

Reste cette question : Ferme Avicole Brybec, est-ce un transfert ou un établissement? Si une entité légale a été créée pour démarrer une nouvelle entreprise, on pourrait aussi dire que deux familles se sont entendues dans un processus de transfert non apparenté ayant impliqué une forme de don sur la valeur marchande du poulailler et de la coquette maison de la ferme, qu’occupent encore Loraine et Steve.

Déjà, Douglas redonne à la profession en occupant le poste de la relève au Syndicat des éleveurs de volailles de la Montérégie. Printemps 2025, on pourra aussi le voir au petit écran dans une émission d’Arrive en campagne (TVA) animée par Bob le Chef!

Photo : Christophe Champion



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Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.