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Prix relève Sollio – Birnam Orchards : Un transfert fruité, tout en beauté

Le soleil se lève à peine, mais déjà un ballet de tracteurs rythme le lever du jour d’allées et venues entre les rangées de Birnam Orchards et la plateforme d’expédition bétonnée.

Du levant au couchant, Jeremy Veens et Chris Geerts vont manutentionner plus d’une centaine de caisses-palettes, la récolte quotidienne de leurs travailleurs étrangers qui cueillent des fruits mûrs à souhait sur plus de 200 acres. C’est la saison des pommes, c’est la période faste, période fast!

On les croirait frères, mais ce sont des cousins. Fils respectifs de Bert Veens et Pete Geerts, Jeremy et Chris ont la trentaine, de l’aplomb, de bonnes études en génie biologique (Université de Guelph) et en génie manufacturier (Collège Fanshawe). Aussi bien Chris que Jeremy ont expérimenté les carrières en tant que salariés, pour constater tous deux qu’ils préféraient de loin la liberté de vaquer à leurs propres occupations, en famille. « Le travail à la ferme est très exigeant, mais très gratifiant », justifie Chris. « C’est un mode de vie complètement différent », mentionne Jeremy. Le fait d’avoir tâté du travail dans de grandes entreprises agroalimentaires facilite-t-il la bonne entente manifeste entre les cousins et leurs pères?

En plus du verger familial, les cousins possèdent des superficies en propre, une quarantaine d’acres pour Jeremy, une vingtaine pour Chris. Les pommiers bénéficient du climat le plus chaud au Canada, bien enracinés à Warwick, anciennement Birnam, en Ontario. L’idée de la pomme? Elle vient de Bert et Pete, amis d’enfance ayant travaillé dans un verger avant de lancer le leur, en 1985.

Verger modèle

Bert et Pete étaient des innovateurs précoces. Même dans cette zone située à mi-chemin entre London et Sarnia, entre les grands lacs Huron et Érié, le gel printanier peut frapper, mais ces pomiculteurs ont prévu le coup en installant des tours à vent en 2009, étant parmi les premiers à se munir de ces moulins à hélices qui rabattent l’air chaud au sol en cas de gel. Avec le yo-yo météo exacerbé par les changements climatiques, voilà une belle assurance-récolte dont on connait la « prime ».

Derrière l’entrepôt où une petite partie de la récolte est stockée à atmosphère contrôlée avec utilisation d’un inhibiteur d’éthylène qui retarde la dégradation qualitative des fruits, les parcelles sont plantées à l’équerre, les arbres morts retirés et remplacés pour éviter les pertes d’espace. L’espacement entre les pommiers nains varie de deux à quatre pieds, pour une haute densité et une canopée peu large qui facilitent la mécanisation des opérations – éclaircissage, pulvérisation, taille et récolte.

Pour alimenter le kiosque de bord de route que gèrent depuis 1997 les conjointes de Bert et Pete, Rita et Debbie, on cultive aussi quelques parcelles de pêchers et de pruniers, du maïs sucré, des courges et des citrouilles. La majorité des caisses-palettes de pommes sont toutefois expédiées par camion à destination des emballeurs qui revendent aux chaines d’alimentation de l’Ontario et du Québec. On s’assure de produire les nouvelles variétés voulues par le marché, en textures, saveurs et couleurs : pommes rouges (Ambrosia, Honeycrisp, Délicieuse, Idared, Northern Spy, Pink Lady, Fuji), vertes (Crispin) ou jaunes (Délicieuse), une vingtaine de variétés au total qu’on peut savourer au kiosque selon les arrivages.

Parlant du marché, Jeremy s’implique comme directeur auprès de l’Ontario Apple Growers Board, ce qui l’outille pour mieux comprendre les tendances et les forces du marché, où l’Ontario n’est pas autosuffisante et doit compétitionner l’état de Washington. Dans la pomme, nulle gestion de l’offre : le marché libre prévaut.

Transfert modèle

La pomiculture, culture pérenne, est l’une des productions les plus compliquée. Les choix d’aujourd’hui influencent les résultats de la saison en cours, mais aussi des années prochaines. La passation des connaissances est névralgique et chez Birnam, l’expertise ne se transmet pas nécessairement de père en fils. Par exemple, les notions agronomiques se diffusent entre Pete et Jeremy, qui gèrent ces aspects importants en pomiculture pour maintenir un feuillage sain. Ils ont l’aide de leur agronome de Lakeside Grain & Feed (Agromart), Kelly Nesic, qui est à l’affut des nouveaux intrants et des changements dans l’industrie pomicole.

L’agriculture durable est au cœur de la ferme. Chaque traitement est appuyé par du dépistage. Pour enrichir les sols en matière organique, les branches ne sont pas brûlées, mais broyées, les copeaux laissés au sol. Des tuyaux d’irrigation goutte à goutte parsèment le verger pour alimenter en eau les arbres en cas de sécheresse.

Ainsi, la ferme est bien gérée aussi bien dans ses aspects techniques qu’économiques, bien positionnée pour affronter le futur. Par exemple, dans 10 ans, nos agriculteurs innovateurs pensent qu’ils n’auront plus besoin d’échelles pour récolter les cimes des arbres : des plateformes de récolte faciliteront l’opération. Peut-être même qu’à la ferme – elle s’y prépare et sera prête pour cette grande étape –des robots se chargeront de cette tâche fastidieuse!

Photo : Christophe Champion



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Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.