Prix relève Sollio : Dossier béton et établissement solide à la Ferme M&M

C’est l’aventure d’une belle rencontre entre deux personnes amoureuses de l’agriculture qui a déboulé en une ferme à Bonaventure.

Marie-Ève Cyr est originaire de New Richmond en Gaspésie. Pas issue du milieu agricole, elle aime les chevaux et décide d’étudier en santé animale, développant lors de sa technique un intérêt assez marqué pour les grands animaux pour poursuivre en agronomie à l’Université Laval. Maxime Plante, natif de Joly, dans Lotbinière, est un pur-sang de l’élevage laitier Ayrshire ayant parfait ses connaissances à l’ITAQ de La Pocatière. C’est sur agrirencontre.com que les deux font connaissance. Par la suite, Maxime prend pays et tous deux travaillent à la Ferme Bourdages en maraîchage quelques années avec un désir croissant de prendre des décisions pour et par eux-mêmes.

Se lancer en production laitière? Ils ne seraient pas les premiers, mais les investissements sont énormes et les étapes nombreuses avant de tirer une première goutte. Pas grave; on enchaîne les visites de fermes et on débute en pleine pandémie la rédaction du solide plan d’affaires de Ferme M&M qui fera 200 pages et fournira des réponses réalistes à toutes les questions. Une juteuse mise de fonds de 90 000 dollars témoigne du sérieux des jeunes aspirants — il n’a que 30 ans, elle seulement 25! Les visiorencontres se multiplient avec de nombreux partenaires, dont certains à qui il faut expliquer la lactation chez les mammifères. D’autres intervenants restent dubitatifs, car leurs modèles agroéconomiques se basent sur des fermes de plus grande taille. Heureusement, on réunit aussi toutes les parties pour des réunions de groupe qui font avancer le dossier plus rapidement. Enfin, on adhère au programme de démarrage en production laitière dit « 16-16 » qui favorise prioritairement certaines régions comme la Gaspésie — il ne reste qu’une dizaine de fermes laitières en Gaspésie et une seule d’entre elles est plus éloignée que la Ferme M&M sur la péninsule!

Mais il faut bien loger un troupeau! En définitive, ce sera dans un ancien bâtiment de bovins de boucherie auquel on aménagera une salle de traite. On retient les services de maillage de L’Arterre pour faciliter la transaction. Avant même que les derniers détails ne soient ficelés, Maxime est déjà actif en achetant les équipements pour la future salle de traite! On acquiert même un mélangeur de rations avant la maison de la ferme! Ne reste qu’à acquérir un troupeau Ayrshire… Ayrshire? Maxime se rend aux arguments rationnels de Marie-Ève pour des bêtes plus petites, plus rentables, qui génèrent moins de phosphore. Ce seront des Jersey venues du Saguenay! Pour le logement, on aurait aimé un parc avec litière compostée pour plus de confort, mais cet aménagement nécessite plus de pieds carrés, de béton et de litière; la réalité rattrape Maxime et Marie Ève qui optent pour des logettes standards avec matelas.

Si peu de temps après avoir démarré, déjà, d’autres jeunes contactent Maxime et Marie Ève pour connaître la recette d’un établissement en production laitière ou en agriculture. Surpris, mais fier, le couple étale les conditions gagnantes : avoir de bons diplômes en poche, être résolument déterminé, prévoir les embûches, aller cogner à toutes les portes pour demander de l’aide, des allègements, des subventions et accepter de se faire dire plus souvent « non » que « oui ». C’est le prix à payer pour revitaliser une étable et vitaliser une région!

Photo par Christophe Champion

Découvrez les autres finalistes et gagnants du Prix relève Sollio 2022-2023

• Poursuivre le rêve Canadien avec Lankhuijzen Farms
• Entre deux cafés chez Hakkesteegt’s Poultry Farm
• De l'université à l'agriculture chez Chadwick Farms
• Bienveillance, reconnaissance et résilience à la Ferme Badat 2016
• La Ferme Karibel, une ferme au féminin singulier
• La Ferme Lait'xcellence, excellente même à Saint-Modeste