Prix relève Sollio : La Ferme Lait'xcellence, excellente même à Saint-Modeste
Sarah Genest et Claude Ouellet ne manquent ni d’esprit ni d’ambition. Nouvellement installés en production laitière à Saint-Modeste, ils ont décidé de conjurer la modestie de leur village par un nom de ferme qui exprime leur vision : Ferme Lait’xcellence.
Originaire de Saint-Antoine-de-Tilly, Sarah Genest a vu trois de ses frères reprendre la ferme familiale. Natif de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, Claude Ouellet est aussi né sur une ferme laitière, reprise par ses cousins. On peut comprendre que ce couple formé sur les bancs d’école du campus de La Pocatière de l’ITAQ ait voulu vivre de la production qu’ils ont dans le sang. Mais comment démarrer quand on n’a pas 25 ans?
L’idée d’un établissement sous forme de transfert non apparenté fait son chemin. On écarte une première ferme qui n’est financièrement pas capable d’alléger son prix de vente. Entre-temps, Sarah poursuit et termine ses études en agroéconomie en 2020 alors que Claude parcourt les rangs comme inséminateur pendant deux ans. Le bouche-à-oreille fait son œuvre : Micheline et Gérard Martin n’ont pas de relève intéressée pour leur entreprise, Ferme Gémitrick 2012 assortie de 74 kg de quota, d’un robot de traite pour vaches attachées, de bonnes terres, dont une partie en semis direct depuis plus de 25 ans. Décembre 2018, une première rencontre s’organise, suivie de journées sur l’exploitation pour mieux l’apprécier.
Une équipe se met en place avec l’aide de l’expérimentée conseillère en transfert Antonine Rodrigue. Presque 50 ans séparent les deux générations en présence — peut-on parler d’un choc des générations? L’ouverture d’esprit des cédants permet d’envisager la formule vendeur-prêteur de La Financière agricole du Québec, qui garantit le capital des vendeurs et allège les paiements des acheteurs les premières années, pour un paiement complet sur 10 ans. Les saines finances permettent cette avenue, qui n’ampute pas la retraite des cédants, qui réussissent à vendre à 90 % de la valeur marchande de l’entreprise qu’ils exploitent et améliorent depuis le début des années 1960. Plan d’affaires finement écrit et validé en main, 1er avril 2020, ce n’est pas un poisson : la transaction est entérinée chez le notaire!
Plusieurs personnes ont aidé à ce que cette belle histoire s’écrive : les familles respectives de Claude et de Sarah, mais également l’expert-conseil François Fortier d’Unoria Coopérative et la médecin vétérinaire Nadine Bourgoin, qui sont demeurés en poste pour faciliter la transition technique. Quant aux aspects économiques, nos deux gestionnaires sont déjà aguerris. Sarah a d’ailleurs travaillé durant un an et demi à La Financière agricole, d’où elle est ressortie riche de pratiques et d’idées au contact de ses collègues. « Quand on peut investir un dollar qui en rapporte deux, on sort le chéquier », lance-t-elle en ce sens. Le couple a d’ailleurs déjà allongé l’étable pour traire plus de vaches et pour constituer des parcs en stabulation libre pour mieux loger les vaches taries et en préparation au vêlage.
Et la vision à long terme de nos jeunes entrepreneurs? « Aller chercher toutes les cennes dans l’étable », mentionne Claude, qui ajoute aussi la croissance, mais conscient qu’une entreprise en croissance amène de l’instabilité. Mais plus concrètement, que pensent-ils d’un projet de nouvelle étable en stabulation libre? C’est possible. D’une ribambelle de gamins sur une ferme vivante et excellente à tous points de vue? C’est sûr!
Photo par Christophe Champion
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