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Il faut se parler des arbres en agriculture

Il existe une machine qui capte l’énergie lumineuse, se goinfre du dioxyde de carbone de l’atmosphère et relâche de l’oxygène, transformant le carbone dans un processus de photosynthèse, moteur de la vie sur Terre : l’arbre! 

Sans ces végétaux et la vie microscopique qu’ils abritent, pas de sols cultivables, pas d’agriculture. Agriculture et arboriculture, des compagnons pas nés de la dernière pluie! S’entêter à les éliminer de nos paysages, c’est bouleverser un fragile équilibre où l’ensemble est plus fort que la somme des parties, car (alerte divulgâcheur!) les arbres améliorent les rendements des cultures. Des arbres dans nos agrosystèmes : a part of plutôt que apart from, diraient les anglophones.

Au Québec, le ministère de l’Agriculture souhaite doubler la superficie des bandes riveraines et des haies brise-vent favorables à la biodiversité avec son ambitieux Plan d’agriculture durable 2020-2030. Leur superficie totalisait 1500 km entre 2010 et 2020; on veut la faire passer à 3000 km d’ici 2030. 

À titre de comparaison, malgré une forte diminution de leur superficie pour cause de remembrement des terres, on trouve en Normandie 170 900 km de haies! Ces « bocages », mosaïque de champs cultivés ou pacagés bordés de haies champêtres, sont très denses – on parle de 57 m de haies par hectare en Normandie, de 64 en Bretagne.

La réduction des GES

En 2021, un groupe de 38 chercheurs a publié dans Science Advances un article où les solutions basées sur la nature comme planter des arbres, combinées à l’instauration à grande échelle des cultures de couverture et de l’agriculture de précision pour rationaliser les intrants, permettraient au Canada de dépasser ses objectifs de réduction de GES. On mentionne souvent que l’agriculture fait partie des solutions : cette étude calcule un potentiel d’atténuation des GES supérieur pour les solutions agricoles par rapport à d’autres secteurs comme les milieux humides, les forêts ou les prairies herbacées.

En somme, l’agroécosystème peut-il se passer de ces végétaux pour lutter contre la crise climatique, atteindre les objectifs de carboneutralité de certains secteurs et protéger la qualité de l’eau? Les agriculteurs peuvent-ils tirer profit de l’économie verte en consacrant des espaces à la biodiversité? En ce mois de mai, Mois de l’arbre et des forêts, il faut se parler de cet allié en agriculture.

Photo par Étienne Gosselin


Ce texte fait partie du dossier « Il faut se parler d'arbres en agriculture », paru dans le magazine Coopérateur de mai-juin 2023.

Pour lire les autres articles du dossier :

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.