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Implanter et entretenir ses arbres

​​​​​Pour plusieurs, l’entretien, c’est le nerf de la guerre. Des haies manucurées plaisent davantage aux agriculteurs que celles où sévit le laisser-aller avec des espèces à croissance rapide comme le peuplier faux-tremble ou l’érable à Giguère qui laissent peu d’espace aux autres strates végétales.

Bien choisir les espèces

Le choix des espèces d’herbes, d’arbustes et d’arbres est important. On privilégie plusieurs espèces indigènes bien adaptées au climat :

  • Cornouiller
  • Aulne
  • Hêtre
  • Chêne
  • Etc. 

Bien taillés, certains arbres pourront servir au déroulage ou au sciage. D’autres espèces fournissent noix, fruits, épices ou ingrédients médicinaux pour la vente ou la faune :

  • Amélanchier
  • Aubépine
  • Sureau
  • Noisetier
  • Myrique baumier
  • Cerisier
  • Noyer

En matière d’aménagements, le club-conseil Gestrie-Sol s’y connaît. Au cœur de la région où serpente la rivière Yamaska, Isabelle Martineau, Laurianne Levert-Gauthier et Marie Bourgault s’activent pour protéger l’eau, notamment avec la rédaction de deux guides-phares : À chacun sa bande (2013) et À chacun son entretien (2022).

Pour ces agronomes, les conditions de succès incluent :

  • la possibilité d’irriguer à l’implantation ou la quantité de pluie reçue;
  • un désherbage efficace par :
    • du paillis de plastique;
    • des disques de fibres végétales;
    • le passage d’une débroussailleuse;
  • un bon contrôle des ravageurs (rats musqués, cerfs de Virginie, etc.). 


La mortalité des haies

« La mortalité est en moyenne de 10 % la première année, variable selon ces paramètres, explique Marie Bourgault. On s’occupera de replanter les trouées dès la deuxième année. » La mortalité, Antoine Mathieu, étudiant à la maîtrise en biologie à l’Université du Québec en Outaouais, en a fait son sujet de mémoire. Ce dernier a battu la campagne montérégienne. Sur les 4016 arbres de 80 aménagements agroforestiers qu’il a appréciés sur 37 fermes, l’universitaire a mesuré une survie moyenne de 86,4 %.
L’entretien des haies : l’exemple européen

Après l’implantation… l’entretien! Dans un webinaire INPACQ-MAPAQ, un producteur ovin et expert en haies de l’Oxfordshire, en Angleterre, est venu parler des haies anglaises, dont certaines sont millénaires! « C’est à l’interface champ-forêt qu’on trouve le plus d’espèces », explique Nigel Adams qui vante la courtepointe de haies comme autant de corridors fauniques, autoroutes connectées de biodiversité. 

En Angleterre, les haies, sorte de bien collectif, sont légalement protégées, et les fermes payées pour les entretenir. D’ailleurs, la taille mécanisée au broyeur à fléaux (gyrobroyeur) qui imite le broutage des herbivores se pratique depuis des décennies en Angleterre, véritable débroussaillage vertical qui stimule la densité des haies. 
Il s’agit d’une bonne idée pour le Québec selon les webinaristes, dont l’agronome Bruce Gélinas du MAPAQ-Mauricie qui souligne qu’en France, la taille au lamier sécateur hydraulique est plus populaire. Signe que les Européens ont une longueur d’avance, Nigel Adams se spécialise non seulement dans l’aménagement des haies, mais dans le plessage (hedgelaying), technique traditionnelle où troncs et branches sont entaillées, pliées, attachées et tressées pour former des clôtures végétales vivantes… étonnantes!

Où trouver le matériel au Québec?

De retour au Québec, s’il existe des entrepreneurs qui se spécialisent dans la conception, l’installation et l’entretien, on peut aussi recourir aux coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) qui ont parfois certains équipements ou encore à la nouvelle plateforme de location de pair-à-pair d’équipements agroforestiers Exagrange. Des structures restent à créer pour faciliter le déploiement de l’agroforesterie. « À quand des coopératives d’entretien avec ressources humaines et matérielles partagées ou des filières énergétiques qui valorisent en horticulture le bois raméal fragmenté (BRF) et la biomasse pour le chauffage ou le bois d’œuvre? » s’interroge David Rivest, chercheur en agroforesterie.

Photo par Étienne Gosselin


« Implanter et entretenir ses arbres » fait partie du dossier « Il faut se parler d'arbres en agriculture » paru dans le magazine Coopérateur de mai-juin 2023.

Pour lire les autres articles du dossier :

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.