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FCARA : La force collective selon Johanne Gouin

VIVACO groupe coopératif

Chaque année, le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA)  permet à une cohorte d’environ soixante agriculteurs et agricultrices de moins de 40 ans du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick d’avoir accès à un programme de formation, assorti d’un soutien financier et professionnel, qui encourage l’établissement et le repreneuriat.

Le parcours de formation du FCARA permet de comprendre encore mieux les rouages du modèle coopératif et d’en apprécier son apport indispensable à l’économie agricole des régions.

Voici le premier profil de trois, celui de Johanne Gouin, membre de VIVACO groupe coopératif et participante de la 14e cohorte.


L’agricultrice a 40 ans lorsqu’elle s’inscrit au programme du FCARA. « C’était le moment où jamais, précise Johanne, j’avais l’âge limite pour m’inscrire. »

Son parcours de formation, qu’elle avait entrepris grâce au programme Action relève coop offert par VIVACO groupe coopératif, lui donne le goût d’approfondir ses compétences de gestionnaire, en même temps que ses connaissances du milieu coopératif. « Je me rappelle très bien mon premier cours : Le paradigme coopératif, raconte l’agricultrice. C’était dans le temps des sucres. Malgré la surcharge de travail qui m’accaparait l’esprit, ce cours a été pour moi une véritable bouffée d’air frais et je suis enthousiaste chaque fois que j’en parle! »

L’avenir cheminera vers plus de coopération

Johanne fait partie de ceux et de celles qui croient que l’avenir cheminera vers plus de coopération. « C’est une force collective incroyable qui nous aide à avancer comme gestionnaire de notre entreprise et aussi comme personne, souligne-t-elle. La coopération, c’est une manière de faire des affaires ensemble, c’est organique, on se sent connecté aux autres. Il faut le vivre de l’intérieur pour en mesurer les bienfaits. C’est comme dans une famille, les relations ne sont pas toujours faciles à vivre, il y a parfois des négociations à mener et des compromis à faire, mais le noyau, la connexion des uns avec les autres, est là et on est plus forts ensemble que chacun des membres séparés. »

L’optimisme de Johanne Gouin illumine son regard. Mère de trois enfants âgés de 13 à 20 ans, elle aimerait que soit abordé le modèle d’affaires coopératif dans les écoles et qu’on en parle davantage aux jeunes. Pourquoi ne pas le faire en partenariat avec des coopératives de la région? « On a besoin de se sentir ensemble, j’oserais dire de reconnecter avec le monde réel, les jeunes plus que jamais, croit-elle avec conviction. On est dans un tournant où le négatif prend souvent toute la place. Le phénomène des influenceurs, ce n’est pas mauvais, mais c’est tellement éphémère! Il y a chez les jeunes un besoin de reconnexion et je crois qu’on a tout à gagner à leur expliquer le système coopératif qui existe depuis plus de 100 ans au Québec, que ce n’est pas basé sur seulement quelques influenceurs, mais sur toute une communauté de gens qui connectent ensemble et partagent une vision : celle d’améliorer le bien-être d’une collectivité. Pour l’avoir moi-même vécu, ça permet de sortir de l’isolement. »

Un peu d’histoire

En 2003, Johanne devient actionnaire de l’entreprise avec ses parents. Alors qu’en 2010, son conjoint Jean-François Hamel devient lui aussi partenaire légal, sa mère, Julie Marcoux, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer. Deux ans plus tard, soit en 2012, elle est aux soins palliatifs alors que Johanne accouche de Charles-Édouard, son troisième enfant. « Nous étions à l’hôpital en même temps », se rappelle-t-elle. L’expérience est marquante. L’agricultrice en est ressortie avec plus de force. « Une maman, au sein d’une entreprise agricole, c’est un pilier de gratitude et de bienveillance; on perd un gros morceau lorsqu’elle s’en va, dit-elle avec émotion. Toutefois, elle a vécu sa maladie et ses derniers moments avec tellement de sérénité que l’apprivoisement de son absence se vit avec cette même sérénité. J’aspire à devenir au fil du temps ce même pilier pour les miens. »

Membre du conseil d’administration de VIVACO groupe coopératif depuis 2022, Johanne gère une ferme laitière certifiée biologique depuis 2017. Jean-François partage la gouvernance de la ferme tout en étant enseignant au secondaire et conseiller municipal. « C’est mon modèle! affirme Johanne en souriant. Mon père, Léonard, ainsi que mes beaux-frères viennent donner des coups de main et c’est très apprécié. » Les trois enfants de Johanne et de Jean-François, Ophélie, 20 ans, Adrien, 17 ans et Charles-Édouard, 13 ans, participent aux travaux lorsqu’ils le peuvent.

En mars 2024, compte tenu de la charge de travail et des engagements de Johanne, la décision d’embaucher un employé à temps plein a été prise. « Ça permet d’avoir un peu de temps pour la famille et aussi pour ma formation », note-t-elle. Outre le parcours FCARA, l’agricultrice s’est qualifiée pour rejoindre la plateforme en entrepreneuriat agricole de l’Université Laval. « J’aime apprendre et je veux renforcer ma façon de gérer l’entreprise en équipe avec mon conjoint, mon père et mes enfants, reconnaît Johanne, qui s’empresse de souligner avec fierté qu’elle s’est améliorée. Les enfants me l’ont dit : j’ai une meilleure capacité d’écoute, je laisse plus de temps aux autres pour s’exprimer et je suis moins réactive. »

Pour cette agricultrice de 43 ans, le réseau Coop est un appui autant qu’un repère. Le voyage FCARA effectué en novembre dernier lui a permis encore une fois de confirmer et de sentir la force des liens tissés avec les autres, malgré les différences de vision et leur entreprise de tailles diverses. « Lorsque Simon Baillargeon, un des accompagnateurs, nous a entretenus sur la coopération, ça nous a ramenés aux valeurs de base. On a besoin de se les faire rappeler. »

Lisez également les profils de Raphaël Guentert et Caroline Gauthier.



Plus sur la Ferme Val D’Irlande

Située dans la région montagneuse de Chaudière-Appalaches, la Ferme Val D’Irlande est une entreprise laitière d’un troupeau de 65 vaches, dont 56 en lactation, pour une production totale de 58 kg/jour. La ferme détient 160 ha (400 acres) de terre en propriété, dont la moitié est cultivable. S’y ajoutent 60 ha (150 acres) de prairies en location. Une érablière de 1500 entailles, dont l’eau d’érable est récoltée à la chaudière, complète les activités de production.

Photo : ExposeImage

Isabelle Éthier

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.

isa.ethier4@gmail.com

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.