FCARA : Un parcours atypique vers l'agriculture pour Caroline Gauthier

Chaque année, le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA)  permet à une cohorte d’environ soixante agriculteurs et agricultrices de moins de 40 ans du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick d’avoir accès à un programme de formation, assorti d’un soutien financier et professionnel, qui encourage l’établissement et le repreneuriat.

Le parcours de formation du FCARA permet de comprendre encore mieux les rouages du modèle coopératif et d’en apprécier son apport indispensable à l’économie agricole des régions.

Voici le troisième profil de trois, celui de Caroline Gauthier, membre de Avantis Coopérative et participante de la 15^e cohorte.

Native de Charlevoix dans le village de Saint-Irénée, où elle grandit dans une famille d’éleveurs porcins, Caroline Gauthier quittera son patelin pour des études de droit qui la conduiront vers la profession d’avocate, un métier qu’elle exercera pendant un peu plus de dix ans.

« J’ai pratiqué à mon compte le droit de la jeunesse, familial et criminel pour ensuite travailler au Service du greffe de la ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, raconte cette agricultrice de 42 ans qui aujourd’hui gère l’entreprise familiale avec son frère Patrice. Mon parcours est atypique et j’en suis fière. Je ne regrette pas mon choix d’études ni celui d’avoir fait le saut en agriculture en devenant en 2019 copropriétaire de l’entreprise Les Élevages du CAP. »

Une formation utile

Inscrite au programme du FCARA depuis deux ans, l’agricultrice apprécie grandement les enseignements offerts. « Ça nous aide à comprendre toutes les subtilités de Sollio, son historique, son organisation, ses différents partenaires, et nous démontre toute l’aide et le soutien dont on peut bénéficier. Certains cours proposent des outils concrets pour nous aider à mieux gérer notre entreprise, à mieux nous connaître, à faire de l’introspection sur notre manière de penser et de réfléchir. C’est un plus dans l’exercice de mes fonctions de gestionnaire, reconnaît Caroline. C’est mon frère qui m’a proposé de faire le parcours, l’ayant lui-même suivi. »

L’agricultrice vantera ce programme également pour ce qu’elle appelle les « crédits sociaux ». Il s’agit des crédits de vie associative qui doivent être cumulés pendant le parcours de trois ans. « Ça fait toujours du bien de rencontrer d’autres membres du réseau, commente la productrice. Les échanges sont toujours animés, ça aide de savoir que nous sommes ensemble, membres d’une même organisation. »

Présente au dernier voyage proposé aux jeunes des différentes cohortes du FCARA, Caroline est revenue enchantée et très reconnaissante. « Ç’a été tout un travail de m’organiser pour quitter la ferme pendant quatre jours, mais ça m’a donné l’occasion de créer des liens avec un noyau de personnes, des jeunes agriculteurs et agricultrices qui partagent sensiblement les mêmes réalités, les mêmes inquiétudes et surtout la même passion pour le métier. Ça donne une bonne dose d’énergie! »

C’est dans ma nature!

Lorsqu’elle prend la décision de changer de profession et de s’associer avec son frère, Caroline Gauthier suivra une formation à distance : une AEC en Gestion d’entreprises agricoles qu’elle décrochera en 2021. « Je savais que j’assumais la charge administrative de l’entreprise et c’était important pour moi d’améliorer mes compétences dans le domaine », dit-elle. Outre la comptabilité et tout ce qui concerne l’administration de la ferme et la gestion des employés, Caroline collabore aux mises bas et à la vaccination des troupeaux. « J’aime ces tâches et je veux garder ce contact avec les animaux, être sur le plancher et observer ce qui se passe. » Deux employés à temps plein travaillent aux Élevages du CAP, ainsi que les enfants de Caroline et ceux de Patrice qui s’intègrent tranquillement aux travaux. Mère de trois filles, Rosalie, 14 ans, Anaïs, 12 ans et Mégane, 11 ans, l’éleveuse porcine de 42 ans vit ses engagements extérieurs comme la continuité de son travail. « J’ai grandi avec des parents bien engagés au sein de leur communauté, ça fait partie de ma nature! » lance-t-elle fièrement.

Son père Gilles a été président de la Coop Agrivoix jusqu’en 2019, l’année de la fusion avec Avantis. Sa mère Lynda Chouinard a été très active, entre autres, au sein du cercle locale des fermières et au syndicat des agricultrices de la grande région de Québec, dont elle a participé à la création. Membre du conseil d’administration d’Avantis Coopérative depuis 2023 ainsi que de celui de l’UPA locale de Charlevoix-Est, Caroline aime participer aux activités sociales de sa communauté.

Chaque année, Avantis Coopérative organise un événement festif et rassembleur : La Virée. Les hôtes de cet événement pour l’édition 2024 étaient les fermes familiales, soit la Porcherie Roger Gauthier et Les Élevages du CAP. « C’est bon pour le moral de se retrouver tout le monde ensemble, en famille, insiste Caroline. Ça demande de l’énergie pour l’organiser, mais ça en donne encore plus et ça dynamise notre milieu. La coopération, ça sert aussi à ça. »

L’effet coopératif, dira Caroline, est nécessaire pour les années à venir. « Je dis souvent que seul, on va plus vite, ensemble on va peut-être moins vite, mais on va plus loin. C’est le principe de base de la coopération. Si on veut maintenir en vie nos entreprises familiales en région, on a besoin de cet effet coop qui nous donne accès à un réseau d’experts pour nous aider à gérer nos entreprises et à les faire évoluer, ainsi qu’à un noyau de personnes avec lesquelles on partage et on se rappelle pourquoi on a choisi le plus beau métier du monde! »

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Plus sur Les Élevages du CAP inc.

Située à La Malbaie, l’entreprise Les Élevages du CAP inc., de type naisseur, compte un troupeau de 655 truies. Détenue par Caroline Gauthier et son frère Patrice, cette unité de production autonome a des liens d’affaires avec la ferme familiale Porcherie Roger Gauthier inc. dans laquelle ils ont grandi. Cette entreprise compte un cheptel de 375 truies, un troupeau de 50 vaches de boucherie et s’étend sur un peu plus de 240 ha (593 acres) de terre, dont 150 ha (370 acres) en culture. Une démarche d’intégration est actuellement amorcée pour l’entrée de Caroline et de son frère dans l’actionnariat.

Photo : gracieuseté de Caroline Gauthier