Erion, Orio, Guss, Nexus, Oz, Romeo et autres robots. Ils ont des noms futuristes et annoncent ce que sera l’agriculture des prochaines décennies : intelligente, autonome, rationnelle, électrique et, surtout, plus durable.
Au début d’une courbe exponentielle
Après la révolution industrielle du 19e siècle et la révolution verte des années 1960, la révolution numérique des années 2020?
Selon une étude de 2022 de GlobalData, le marché de la robotique (champ et élevage) valait 46 milliards $ US en 2020. Cette firme analytique prévoit un taux de croissance moyen de 28 % chaque année entre 2020 et 2030 pour atteindre 568 milliards $ US.
En 2025, la vente de drones à usage commercial devrait dépasser, pour la première fois, celle de drones à usage militaire ou récréatif. Cela, combiné à l’arrivée de plus de fabricants qui démocratiseront l’automatisation dans le marché, devrait faire baisser le prix des robots et des drones, ces derniers étant majoritairement développés par DJI et XAG.
D’ailleurs, les pays qui détiennent le plus de brevets de drones sont, dans l’ordre :
- la Chine;
- l’Allemagne;
- les États-Unis;
- le Japon.
En outre, l’automatisation permet la récolte de mégadonnées qui peuvent servir à raffiner les algorithmes, moteurs des décisions et des interventions. Les données alimentent aussi les machines apprenantes à apprentissage profond, la nouvelle intelligence artificielle au cœur de la révolution numérique où on entraîne des machines à apprendre d’elles-mêmes. Microsoft, Google, Telus Agriculture; de grandes entités s’y intéressent.
On développe des robots pour tout et pour tous. Lors de la 7e édition du Forum International de la Robotique Agricole (World FIRA) à Toulouse, le magazine très versé dans la robotique Future Farming a désigné le InsightTRAC robot de l’année 2023. Les robots porte-outils effectuent des opérations aratoires courantes comme le semis, le désherbage ou la cueillette, mais les juges du concours ont été séduits par la spécificité de ce robot capable de décrocher de l’arbre au moyen de projectiles biodégradables des amandes momifiées impropres à la consommation. Un besoin précis, une solution toute aussi précise, car le robot fait mouche à tous coups!
Les agriculteurs sont-ils prêts pour les robots? Le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), se basant sur un sondage auprès de 214 répondants publié en 2020, a mesuré que 75 % des producteurs laitiers, 76 % des céréaliculteurs et 56 % des serriculteurs utilisent l’automatisation ou la robotisation sur l’ensemble de la ferme ou une portion de celle-ci.
On a aussi déterminé les principales contraintes au virage numérique :
- le coût d’acquisition;
- la rentabilité incertaine;
- l’évolution constante et rapide des technologies, qui fascinent et effraient.
Les services-conseils devront d’ailleurs s’adapter et offrir plus de services liés à la géomatique, à l’informatique ou à la statistique. Les finissants de l’ITAQ s’y attellent : ils ont dévoilé en novembre 2022 un robot applicateur de semences de cultures de couverture dans les cultures en rangée conçu et fabriqué dans leur cours Technologies en agriculture de précision et optimisation de machines.
Enfin, la question de la propriété des données, qui sont souvent analysées hors site et pourraient être vendues pour connaître les rendements futurs et spéculer, jette aussi une incertitude dans l’esprit des agriculteurs, assis sur des mines de données brutes, nouvel eldorado techno.
CET ARTICLE FAIT PARTIE DU DOSSIER « Nos nouveaux amis Erion, Orio, Guss et Nexus » PARU DANS LE MAGAZINE COOPÉRATEUR D'AVRIL 2023.
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Photo par Étienne Gosselin