Le Coopérateur a rencontré trois propriétaires de grands troupeaux laitiers de la Saskatchewan, dans le cadre du 24e congrès de l’International Farm Management Association (IFMA), tenu à Saskatoon, du 7 au 12 juillet dernier.
Derek Westeringh, John Hylkema et Elaine Pruim partagent une origine commune : ils sont natifs de la Colombie-Britannique. Leur migration a été effectuée de plein gré en raison du coût prohibitif des terres qui mettait un frein à leurs projets d’établissement et d’expansion.
Tous les trois se qualifient d’entrepreneurs agricoles. Ils partagent aussi une vision commune : faire de l’argent, maximiser leur profitabilité et assurer autant que faire se peut, un transfert à la prochaine génération.
Ceci est la première partie de trois.
2200 vaches, des composantes et du bovin de boucherie
Derek Westeringh, producteur de lait de Hepburn, une localité située à 45 km au nord de Saskatoon, a une image plutôt particulière pour décrire le métier qu’il pratique. « Je veux maximiser le nombre d’utérus en production dans mon entreprise », lance-t-il.
Avec ses 2200 vaches en lactation de races Holstein et Jersey et ses 3860 kg de quota, Derek Westeringh est l’un des 150 producteurs de lait de la province. Un salon de traite double-20 et un carrousel de 40 places permettent de produire le quota. Le troupeau est réparti sur cinq sites. Le site où l’on se trouvait abrite 900 vaches en lactation et les sujets de remplacement.
La ration totale mélangée est composée d’ensilage de maïs, d’ensilage de luzerne, de canola, d’orge et de drêche de blé de distillerie. Par choix, Derek consacre plus de 50 % de sa paie de lait à la réduction de son endettement.
Même s’il atteint une production moyenne quotidienne de 43 L, l’éleveur, qui siège aussi au conseil d’administration de SaskMilk, l’équivalent des Producteurs de lait du Québec en Saskatchewan, se soucie peu du volume de lait qu’il produit. « Je produis avant tout des composantes, et notamment du gras, dit-il. Je veux faire de l’argent. »
Le taux de gras de son troupeau atteint 4,3 % (1,75 kg par vache en moyenne) et celui des protéines, 3,3 %. Outre la production laitière, son entreprise produit des grandes cultures et du bovin de boucherie.
Diversifier les revenus
Derek tente d’ailleurs de maintenir au plus bas le taux de réforme de son troupeau laitier, actuellement à 23 %. Une décision qui l’a bien servi au cours des dernières années. L’éleveur a mis en pratique le concept beef on dairy (veaux laitiers croisés boucherie), que l’on voit couramment dans l’industrie laitière américaine, précise l’éleveur, car le prix du bœuf a atteint des niveaux élevés en raison d’une faible disponibilité d’animaux de boucherie sur le marché.
« Environ 75 % de nos génisses laitières seront inséminées de semences de bovins de boucherie, Angus et Charolais notamment. Nous les élevons jusqu’à la finition, ce qui s’est avéré une très bonne source de revenus pour nous au cours des dernières années. En moyenne, nous avons touché 4300 $ par animal après 15 mois d’élevage. Le retour sur investissement est nettement meilleur que pour une génisse qui demande deux ans d’élevage avant de générer de l’argent, croit le producteur. C’est notre façon de maximiser la profitabilité de l’entreprise. »
Une grande équipe
Une cinquantaine d’employés y travaillent, dont plusieurs proviennent du Mexique et des Philippines. Logés sur place, ils assurent les trois traites par jour. Derek confie à ses chefs d’équipe de nombreuses responsabilités.
« Qu’il s’agisse de gérer la traite, l’alimentation, la reproduction, les cultures, les employés étrangers ou l’entretien, ils sont de loin beaucoup plus efficaces et performants que moi, dit l’homme à la voix puissante et au physique d’haltérophile. Je suis le chef de la direction, mais je n’ai pas toutes les compétences. Je me suis entouré de vraies bonnes personnes. Je tente de me simplifier les choses. » La grille salariale s’échelonne du salaire minimum à plus de 30 $ de l’heure, pour une cinquantaine d’heures par semaine.
Un retour aux origines
Le nom de son entreprise, Haverland Dairy, rappelle les origines néerlandaises du producteur qui s’est établi en Saskatchewan en 2012. Haverland signifie terre à grains en néerlandais en plus d’être le nom de l’entreprise de son grand-père qui était producteur de lait aux Pays-Bas.
L’éleveur n’a pas grandi dans le milieu agricole. Il a longtemps été entrepreneur en construction avec deux de ses frères en Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan. L’appel de la terre a été plus fort que lui. Son rêve de devenir producteur de lait s’est concrétisé tout en lui permettant de poursuivre ses activités d’entrepreneur en construction.
Photo : Patrick Dupuis
Lisez tout le dossier sur le 24e congrès de l’International Farm Management Association :