Peu de fermes avicoles se spécialisent dans le dindon. À la Ferme Aunick, on a élevé un dernier poulet il y a 22 ans. Le dindon, c’est sa spécialité. Direction Saint-Jean-de-Matha!
Sur place, Francine Dumais tend une poigne molle. On la comprend : elle a veillé jusqu’à 2 h 30 du matin les dindonneaux arrivés la veille à 11 h. Son conjoint, Denis Durand, a abdiqué à minuit. Le démarrage, c’est crucial. « Ç’a été mouvementé, explique-t-elle. Les petits cocos se tenaient entre les buvettes et la cloison cartonnée qui délimite la zone de confort – et pas sous les éleveuses! J’ai dû arrêter la ventilation et monter la température de 92 à 98 °F pour les faire bouger! » Au moins, on ne dénombre pas de morts cette fois-ci. En effet, plus que les poussins, les dindonneaux cherchent durant de longs jours leur « maman ». Une présence humaine les rassure… et leur montre ces diablesses d’éleveuses, source de réconfort!
Durant les mois froids, le parquet est réduit au tiers de sa surface au démarrage. L’astuce : on agrafe un film de polyéthylène sur le sens de la longueur du parquet, ce qui diminue les coûts de chauffage et les courants d’air. Une seule ligne de trémies est disponible aux dindons, en contact rapproché avec l’aliment.
Puisqu’on parle d’aliments, Francine partage ses préférences culinaires et affirme qu’elle cuisine l’oiseau de mille façons, par exemple en faisant des cuisses confites, qui deviennent « comme du jambon, tendres comme le saint ciel », assure Denis, premier goûteur en file.
À propos de Denis, déjà à 9 h, il a fait sa tournée du troupeau de 150 vaches de boucherie, en plus de coordonner les besognes avec leur fils, Yannick. La Ferme Aunick cultive 325 ha de maïs, soya, avoine et foin. Alors que Francine a veillé les dindonneaux dans le poulailler à trois étages, son homme est allé nourrir les dindons à la main dans un second bâtiment, leur ancien parc d’engraissement à bouvillons converti en dindonnière à ventilation naturelle. Cet élevage plus extensif étonne. Les dindons sont gardés en pouponnière avant d’être transférés dans le bâtiment de 60 pi sur 180. On effectue actuellement deux lots par année de cette façon, mais Denis Durand aimerait bien passer à trois, car la conversion est excellente, sans parler des 68 % de dindons de catégorie A produits en 2021 par l’entreprise – le dernier lot culmine même à 84 %!
Ces anciens naisseurs-finisseurs en production porcine (1973-2000) fabriquaient leurs moulées pour 250 truies et leur descendance. Ils valorisent encore leurs grains avec leurs 22 000 dindons produits annuellement pour la phase de croissance, laissant le soin à Sollio de fournir des moulées prédébut et début pour les sept premières semaines. En cours d’élevage, on rafraîchit la litière en disposant des balles de paille sur le parquet. Non seulement cela ajoute de la matière absorbante, mais la paille divertit les oiseaux, bons joueurs!
Photo par Étienne Gosselin : Denis Durand et Francine Dumais de la Ferme Aunick
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