Rencontre annuelle des CUMA 2025 : Des données, des idées et des solutions
Retour sur la Rencontre annuelle des CUMA, tenue à La Chapelle de Laurier-Station, le 26 novembre dernier.
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La CUMA de Melbourne, en Estrie, nouvellement formée, avait délégué une de ses représentantes, Sophie Coddington, à la Rencontre annuelle des CUMA, tenue à La Chapelle de Laurier-Station, le 26 novembre 2025. La jeune femme, copropriétaire d’une ferme laitière de 6e génération, était parmi les quelque 60 personnes à participer à cet événement rassembleur qui vise, grâce à des conférences et ateliers, à mieux outiller les membres de coopératives d’utilisation de matériel agricole affiliées au réseau de Sollio Groupe Coopératif.
Bruno Guérard, répondant technique CUMA pour Sollio depuis 2015, est fier de constater que le mouvement prend de l’ampleur. « De nouvelles CUMA se forment, plus de membres y adhèrent et les services qu’on y offre sont en croissance », souligne avec enthousiasme celui qui est membre fondateur de la CUMA de l’Érable et producteur de volailles et de grandes cultures à Princeville. Six nouvelles CUMA se sont affiliées à notre réseau au cours des dernières, dont deux cette année. En plus de celle de Melbourne, une nouvelle CUMA a vu le jour à Matane. » À titre de répondant, Bruno Guérard est responsable d’accompagner et de conseiller les CUMA membres.
Les objectifs de la rencontre
La rencontre annuelle des CUMA avait cette année une thématique particulièrement collée à l’actualité. « Les objectifs consistaient entre autres à explorer comment la gestion intelligente des données, combinée à la puissance de l’intelligence artificielle, peut soutenir la prise de décision sur le terrain, améliorer les rendements, renforcer et stimuler l’innovation », ont exposé Andréa Renaud et Émilie Tremblay, respectivement directrice et conseillère aux Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif.
L’événement est également l’occasion de discuter avec des experts de différents domaines afin d’alimenter les réflexions et enrichir les perspectives du milieu des CUMA ainsi que de tisser des liens qui renforcent notre réseau, ajoute Andréa Renaud qui souligne que c’est la CUMA de Saint-Fabien, la toute première CUMA au Québec, fondée en 1991, qui, en devenant un modèle d’inspiration pour plusieurs autres, a tracé la voie à un mouvement qui a pris, depuis, une ampleur considérable. « On compte plus d’une cinquantaine de CUMA dans notre réseau sur une soixantaine actives au Québec », dit-elle.
L’IA dans vos CUMA
David Beauchemin, cofondateur et directeur général de Baseline, une coopérative de solidarité en intelligence artificielle dont la mission consiste à développer des solutions d’intelligence artificielle et à rendre cette dernière plus accessible pour les PME, a lancé la journée avec sa conférence Maîtrisez vos données et innovez avec l’IA, qui visait à démystifier l’intelligence artificielle (les mythes sont en effet nombreux). « L’IA est un outil de travail qui accélère de multiples tâches, mais, rassurez-vous, a-t-il dit en substance, elle ne remplacera pas l’humain de sitôt, et aucun robot Terminator ne viendra anéantir l’humanité. » Dans un monde agricole en pleine transformation, où les défis climatiques, économiques et humains exigent des décisions éclairées, la donnée devient un levier stratégique essentiel.
Un frigo intelligent, une lessiveuse qui calcule le niveau d’eau, une application qui s’appuie sur des algorithmes ne sont pas des exemples d’intelligence artificielle, rectifie David Beauchemin. Ce qui s’en rapproche le plus en matière d’équipement, c’est le véhicule automobile autonome.
Pour résoudre un problème, il est nécessaire, pour entraîner des systèmes d’intelligence artificielle, d’établir des règles et de donner des explications claires et précises (préciser la demande et le contexte et donner des exemples de ce que l’on recherche), afin d’arriver à des réponses concrètes et tangibles. Plus la requête sera précise et concise, quitte à préciser et reformuler, plus le contenu généré sera pertinent.
L’intelligence artificielle peut entre autres servir à transcrire les procès-verbaux (à l’aide de l’outil Mieux compris), et à automatiser d’autres tâches administratives (contrats, facturation liée aux données GPS, tenue de livres, disponibilité du matériel, etc.).
Tables de discussion
Sept ateliers de réflexion, animés par des collaborateurs et collaboratrices invités, ont permis aux participants de se pencher sur des sujets de l’heure.
- Assurance de machinerie, Denis Lord, conseiller en assurance chez Assurancia Groupe Tardif;
- Impacts pour les CUMA du changement de la loi sur les pesticides, Caroline Joubert, conseillère aux opérations et ventes végétales chez VIVACO groupe coopératif;
- Intelligence artificielle et gestion des données, David Beauchemin, directeur général de Baseline Québec;
- Achats en groupe en CUMA, Linda Bernier, secrétaire-trésorière de la CUMA Leclercville et Isabelle Duval, experte-conseil chez Covris Coopérative;
- Mise à jour des règlements de régie interne, Julie Gonthier-Brazeau, directrice juridique à la Coopérative de développement régional du Québec;
- Échange d’équipement, Jean-Hugues Charrette et Léo Hurtubise, président et membre de la CUMA Franco-Agri;
- Hangar de machinerie, Pierre-Olivier Caron et Erwan Aucomte, administrateurs de la CUMA de l’Érable.
Congrès annuel de la FNCuma
Bruno Guérard et Bruno Grégoire ont participé, les 3, 4 et 5 juin, au Congrès de la Fédération nationale des Cuma (FNCuma), en France, d’où proviennent les toutes premières CUMA, établies en 1945. En effet, les CUMA québécoises se sont inspirées du modèle français. Elles ont été adaptées à la réalité législative, territoriale et technico-économique des entreprises agricoles d’ici.
Les représentants québécois ont profité de ce séjour pour y rencontrer des producteurs et productrices agricoles utilisateurs de la formule de partage d’équipements agricoles, à laquelle adhère près de la moitié des agriculteurs français, mais qui doivent, ont-ils rapporté, gérer une certaine décroissance dans l’attrait que suscite la formule. Cela dit, le réseau français compte plus de 10 000 CUMA, 182 000 adhérents pour une moyenne de 23 adhérents pas CUMA. Le réseau a notamment développé une application, MyCuma Planning, pour faciliter la gestion des travaux entre les membres des CUMA.
Programmes d’aide financière pour les CUMA
L’agronome Laurence Gendron, de la Direction des affaires territoriales du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, a été invitée à partager des programmes d’aide financière disponibles pour la clientèle agricole.
La Mesure 4078 consiste en un appui financier à l’adhésion à une CUMA et à une coopérative de remplacement de la main-d’œuvre agricole.
À travers le programme Prime-vert, les membres de CUMA peuvent obtenir de l’aide financière pour améliorer la santé et la conservation des sols par l’achat ou la modification d’équipements permettant simultanément le semis et l’incorporation de la semence de cultures de couverture.
Un drone en CUMA
Passionné d’innovation, Marc Vincent, copropriétaire du Domaine Vincent inc., qui exploite un verger de 100 hectares, et membre de la CUMA des Basses-Laurentides, a récemment investi dans l’acquisition de drones afin d’optimiser la gestion de son verger. Un petit, destiné à la cartographie des parcelles et un grand pour l’application d’engrais granulaires et de produits de protection des cultures.
Les enjeux et objectifs de départ étaient nombreux. Marc Vincent planifiait de mettre sur pied une plantation de pommiers nains de très haute densité sur un terrain argileux de 7 ha. Les traitements phytosanitaires dans la pomme sont nombreux, soit de 20 à 30 pulvérisations par année. Ce qui entraîne un risque élevé pour la santé des travailleurs et de compaction du sol. Le drone s’avérait un outil de choix, notamment pour contrer ces effets.
L’expérience sur le terrain en 2025 s’est avérée concluante, malgré quelques contraintes : remplissages fréquents du réservoir, génératrice nécessaire à la recharge des batteries bruyante, difficulté de trouver de la main-d’œuvre pour faire fonctionner le drone, l’homologation encore limitée de certains produits de protection. Sinon, le drone fonctionne très bien, assure Marc Vincent, et il est facile à utiliser et circule quasi sans bruit. Il évite la compaction des sols, limite la dérive, favorise un épandage plus précis, et permet de réduire les coûts globaux d’entretien de la machinerie traditionnelle ainsi que les coûts de carburants.
Lisez également « Un drone en CUMA » paru dans l’édition d’octobre du Coopérateur.
Pour en savoir plus : |
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