Des pistes de solutions pour la santé des poulets

La bactérie Enterococcus cecorum et l’adénovirus entraînent des pertes économiques importantes. Que peut-on faire?

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Poules pondeuses

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Étienne Gosselin

Agronome et rédacteur

Étienne est détenteur d’une maîtrise en économie rurale et œuvre comme pigiste en communications. Il cultive commercialement le raisin de table à Stanbridge East dans les Cantons-de-l’Est.

La contamination des élevages par la bactérie Enterococcus cecorum et l’infection des troupeaux par l’adénovirus qui cause l’hépatite entraînent des pertes économiques importantes. On discute de ces microorganismes avec la Dre Annie Borduas, vétérinaire spécialisée en aviculture aux Services vétérinaires ambulatoires Triple-V.

Depuis cinq ans, les cas de problèmes moteurs causés par l’Enterococcus cecorum, une bactérie qui traverse la paroi intestinale pour occasionner boiteries et paralysies, se multiplient. « Parfois, quelques oiseaux en souffrent, mais le nombre d’oiseaux à euthanasier peut se rendre à 20 % du lot », évalue la médecin vétérinaire. Un antibiotique administré rapidement pour une bonne réponse au traitement permet de soigner les problèmes locomoteurs : la pénicilline.

Cette molécule de classe 2 utile en médecine humaine peut seulement être utilisée en mode curatif, car comme l’industrie avicole canadienne a décidé d’être proactive dans la lutte à la résistance aux antibiotiques, son utilisation en mode préventif est proscrite. Étant donné la récidive fréquente de la maladie dans le lot suivant, la prévention reste le mot-clé : biosécurité, densité animale plus faible, paramètres d’ambiance stables, lavage et désinfection impeccables, protection contre les maladies concomitantes : bronchite infectieuse et maladie de Gumboro.

Quant à l’hépatite à corps d’inclusion causée par un virus pour lequel les antibiotiques ne peuvent rien, la propreté est encore de mise. « La transmission peut être horizontale d’un lot à l’autre si on laisse un biofilm contenant des traces de virus, explique la Dre Annie Borduas. Comme le virus est résistant, je suggère aux fermes atteintes de contacter leur coopérative et d’utiliser un luminomètre qui permet de détecter la présence d’ADN résiduel sur le plancher, le bas des murs, les lignes d’eau et de moulée et les entrées d’air à la suite de la désinfection. »

Les écouvillonnages effectués dans l’environnement d’élevage, mis en contact avec un réactif chimique, révèlent des résultats en 15 secondes. Un deuxième mode de transmission, vertical cette fois, est limité par la vaccination des oiseaux reproducteurs qui confère aux poussins une immunité maternelle qui a une limite temporelle de 18-20 jours et qui leur évite de développer des foies jaunes picotés de taches rouges qui peuvent hausser la mortalité à 20-25 %.

« Quand on suspecte que les reproducteurs sont possiblement à risque de transmettre la maladie, on essaie d’envoyer les lots de poussins suspects aux fermes de Sollio plutôt qu’aux fermes clientes », révèle Annie Borduas. La victoire n’est toutefois pas définitive, car la protection vaccinale ne fonctionnera pas si le virus mute génétiquement, ce qui obligera la production de nouveaux vaccins sur mesure.

Cet article est initialement paru dans le magazine Coopérateur de septembre 2024.

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