L’azote, nouvelle arme de dépeuplement humanitaire

La mousse azotée est une nouvelle technique qui émerge pour euthanasier des troupeaux entiers, atteints d’une maladie.

Publié le
Article technique
Bien-être animal
Poules pondeuses

Auteurs de contenu

Image de Étienne Gosselin

Étienne Gosselin

Agronome et rédacteur

Étienne est détenteur d’une maîtrise en économie rurale et œuvre comme pigiste en communications. Il cultive commercialement le raisin de table à Stanbridge East dans les Cantons-de-l’Est.

Avec les maladies à déclaration obligatoire (comme l’influenza) ou dans d’autres circonstances urgentes, aux grands maux les grands moyens : on doit euthanasier tous les troupeaux – souvent des dizaines de milliers d’oiseaux – de sites entiers pour stopper la dissémination des maladies. Une nouvelle technique émerge pour le dépeuplement des troupeaux : la mousse d’azote.

Chez les aviculteurs, peu vivront ce drame et verront de leurs yeux une technique de dépeuplement dans leurs poulaillers. Le respect intégral de mesures de biosécurité rigoureuses peut leur éviter d’avoir à subir ces moments traumatisants où ils doivent laisser des spécialistes en mesures sanitaires mettre en place des zones froide et chaude pour éradiquer la maladie par l’euthanasie des oiseaux.

Traditionnellement, on utilisait le gaz carbonique (CO2) pour asphyxier des troupeaux entiers directement sur les parquets. Alors que la concentration planétaire de gaz carbonique atmosphérique atteint des sommets à 425 ppm, on déplore étrangement une pénurie de ce gaz pour agir comme arme de destruction massive. L’azote, un gaz inerte déjà présent à 78 % dans l’air qu’on respire, apparaît comme une solution de remplacement.

Une solution jugée plus humanitaire que la mousse de pompier utilisée aux États-Unis, juge l’agronome Martin Pelletier de l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA), car la mousse d’azote (N2) générée se compose de bulles de plus grande taille, saturées d’azote, qui ne laissent pas d’espace pour de l’air respirable. La mise à mort par hypoxie est ainsi plus rapide (moins d’une minute) et moins stressante, sans qu’on ait expressément à sceller toutes les issues du poulailler (portes, entrées et sorties d’air) comme lors de l’utilisation du dioxyde de carbone.

Avec l’aide financière d’un programme d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’EQCMA a développé une unité mobile sur une remorque pour administrer la mousse d’azote sur les parquets. Cet automne, on prévoit de tester cette nouvelle technologie.

Cet article est initialement paru dans le magazine Coopérateur de septembre 2024.

Explorer davantage

Autres suggestions de lecture

Article technique
Bien-être animal

Pas sorcier, la biosécurité en aviculture

Pour stopper la grippe aviaire, la meilleure solution est encore une rigoureuse biosécurité selon les experts consultés.