L’art de communiquer sa passion pour l’agriculture
Des gestionnaires d'entreprises agricoles à proximité de Montréal nous expliquent leur vision et leurs projets.

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Exploiter une entreprise agricole tout près d’une ville comme Montréal offre une occasion de démontrer la passion qui anime ses artisans. Le Coopérateur a rencontré des jeunes mordus qui côtoient les gens de la ville et leur offre une chance unique de se rapprocher de la terre. Les gestionnaires de la Ferme Caribou à Terrebonne et de la Ferme BM Forget à Laval nous expliquent leur vision et leurs projets.
Ferme Caribou rêve de fromages
Viviane Mathieu et Mathew Das-Paul, de la Ferme Caribou, à Terrebonne dans Lanaudière, prennent la relève d’une entreprise laitière qui produit tout près de 300 kg de matière grasse et exploite quelque 350 hectares de terres en cultures. Ils ont opté depuis quelques mois pour la régie à trois traites par jour, ce qui les occupe passablement, et à laquelle ils ont ajouté un projet de fromagerie, en cours de développement.
« J’ai toujours eu la passion pour les animaux, entame celle qui représente la sixième génération à la ferme. J’ai toujours suivi mes parents, Jasmin Mathieu et Laure Hanoul. Puis, une petite graine a germé dans ma tête : une fromagerie. Depuis que je suis haute comme trois pommes, je me dis que ce que je veux faire dans la vie, c’est transformer le lait que nous faisons à la maison. Ç’a été mon chemin depuis la fin du secondaire et de mon parcours à l’ITAQ à Saint-Hyacinthe. C’était certain que je reprendrais la ferme. Mais la fromagerie, ça venait avec. C’était une continuité dans ma tête, une idée qui avait du sens. »
C’est Viviane qui sera la maîtresse d’œuvre pour tout ce qui touchera à la gestion de la fromagerie. Mathew verra à la mise en marché des produits.
Pour démarrer leurs activités, Viviane et Mathew produiront trois fromages affinés. « Nous en aurons un à pâte molle avec une croûte fleurie, un à pâte semi-ferme mixte et, enfin, un à pâte lavée avec une croûte ferme. Avec ces trois types de fromage, nous allons pouvoir monter des plateaux selon les goûts des clients. Nous allons également offrir du fromage en grains, nous ne pouvons pas passer à côté, et du lait de consommation. Nous démarrons avec ces cinq produits et nous en développerons d’autres. Mais lors du démarrage, nous nous concentrerons sur nos fromages affinés, car il y a un manque de ces produits sur le marché », expose Viviane.
Les jeunes entrepreneurs agricoles savent pertinemment que leur projet connaîtra uniquement du succès si les consommateurs embarquent. Là-dessus, ils ont une bonne expérience. « Nous voulons montrer notre passion pour l’agriculture, montrer comment les choses sont faites. Nous avons une belle ferme à présenter. Nous avons reçu des groupes de personnes, des élèves du primaire, des gens de tous les âges. Et nous adaptons le contenu au public, ce n’est pas toujours le même », exprime Mathew, qui voit aussi à la gestion des champs à la Ferme Caribou.
Viviane et Mathew ont également une autre qualité essentielle au succès : la patience. Leur projet de fromagerie de tout près de 560 m2 (6000 pi2) n’a pas encore obtenu tous les permis nécessaires, donc aucun coup de pelle n’a encore été donné. Ils ont bon espoir de démarrer les travaux très bientôt. Le couple compte aussi sur une excellente équipe composée de Marc-Antoine Bédard, un jeune homme de 29 ans qui possède déjà 15 ans d’expérience, de Nancy Lampron qui, avec ses huit ans d’ancienneté, est indispensable et de quatre travailleurs guatémaltèques, toujours prêts pour le boulot. « Nous avons une super équipe, lance Viviane. Elle nous permet de produire du lait de qualité et ça sera super important pour la fromagerie. » En attendant de démarrer les travaux qui mèneront à l’ouverture, vous pouvez suivre la Ferme Caribou sur les réseaux sociaux où Viviane et Mathew sont très actifs.

Ferme BM Forget : Bien plus qu’un kiosque à légumes
La région de Laval ne manque pas de consommateurs de fruits et légumes. Les actionnaires de la Ferme BM Forget l’ont constaté au fil des ans. Benoit et Mathieu Forget ont démarré leur entreprise avec un petit point de vente sur le boulevard des Mille-Îles. « Quand mon père [Benoit] a vendu son quota, je travaillais dans la construction, mais je voulais revenir à la ferme. mais dans quoi ? Nous avons pris un café et nous avons décidé de nous lancer dans les légumes, raconte Mathieu Forget. C’était un coup de tête, on n’avait rien de planifié. Nous avons installé une voiture à foin (adapté pour les légumes) et, dès le départ, nous avons eu passablement d’achalandage de clients locaux. Les gens aimaient ça parce que ça manquait dans le coin. Nous avons commencé par une toute petite bâtisse et nous l’agrandissons continuellement depuis ce temps-là. Nous avons mis un toit sur notre voiture à foin et maintenant, c’est mon kiosque à maïs, à l’entrée de la boutique. Nous continuions à faire croître l’entreprise, surtout pour l’espace boutique. »
Avec sa conjointe Rebecca Lamontagne et son père Benoit, Mathieu offre quelques activités fort appréciées par une clientèle toujours en croissance. « L’autocueillette est très populaire. Les gens ne viennent pas que pour cueillir des fruits et des légumes, ils viennent pour passer deux ou trois heures à la ferme. Certains vont pique-niquer après avoir rempli leurs paniers. Je dirais une heure de cueillette pour trois heures d’activité ici », constate l’ancien opérateur de machinerie lourde. Le labyrinthe dans le champ de maïs attire lui aussi son lot d’inconditionnels.
Le personnel de l’entreprise est formé pour répondre aux nombreuses questions des consommateurs qui ne sont pas uniquement axées sur l’aspect technique. « Certains clients nous prennent pour des ressources professionnelles en nous demandant pourquoi leurs plants de framboises sont malades, partage Mathieu. Nous les aidons comme nous le pouvons. Notre personnel doit être allumé, car les questions sur les dates d’arrivée des fraises, des framboises, du maïs sucré et des autres fruits et légumes sont nombreuses en début de saison. Il faut être prêts. »
Bien que parfois débordés par les activités de la ferme, Rebecca, Benoit et Mathieu adorent leur secteur d’activités. « Je ne changerais pas de job. J’aime ce que je fais. J’aime le contact avec le client », conclut Mathieu Forget.
Cet article est paru dans le Coopérateur de septembre 2025.