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Les réseaux sociaux de Ferme Le Paysan gourmand, Ferme Princy et de la Microlaiterie riverin du Lac

Controversés, les médias sociaux, par les temps qui courent! Faudrait-il les boycotter en bloc pour autant? Meta, tout particulièrement? La réponse n’est pas si simple. Productrices et producteurs agricoles, en tant qu’entrepreneurs, en font grand usage et ne peuvent pas s’en passer si facilement.

Neuf propriétaires de ferme ont accepté de partager leur expérience (lire également Les réseaux sociaux de Ferme Simon Fortin, Ferme Degau et du Marché Ferme Gillette et Les réseaux sociaux de Ferme 7 Terres, Ferme Jeanlu Holstein et Ferme Lizière). Pour ces habitués engagés à promouvoir l’agriculture sur les réseaux sociaux, il est essentiel de mettre l’accent sur le positif et de présenter la réalité telle qu’elle se vit au sein de leur entreprise. Tout un art que de s’afficher sur ces plateformes sociales; il faut bien le faire et surtout bien réfléchir à la manière de réagir à la controverse lorsqu’elle se présente. Pas toujours évident! Certains ont appris à leurs dépens que ce n’est pas la place pour débattre!

Actifs surtout sur Facebook et Instagram, ces agriculteurs et agricultrices ont tous et toutes l’ambition de bien faire connaître leur métier. Au-delà de la promotion des produits et services, dont les retombées sont loin d’être négligeables, ces propriétaires de ferme aiment les liens créés et la possibilité d’échanger de l’information avec leur auditoire.



Ferme Le paysan gourmand, Saint-Félix-de-Kingsey

Responsables des réseaux sociaux : Jacob Morin et Rosemarie Allen

Jacob Morin a dû apprendre à lâcher prise et à ne plus répondre à des commentaires désobligeants. « Ce n’est pas le désaccord qui me dérange, souligne ce jeune éleveur bovin. C’est plutôt le manque de respect. » Malgré ce défi, Jacob Morin voit dans les réseaux sociaux plus d’avantages que d’inconvénients. « Je suis un introverti, confie-t-il. Ça m’aide à élargir mon réseau de contacts. J’ai des amis éleveurs partout au Québec et même à l’extérieur de la province. » Jacob Morin est un jeune agriculteur qui, avec sa conjointe Rosemarie, alimente ses réseaux sociaux, dont Instagram et TikTok. « On aimerait publier davantage de contenu, explique-t-il. On manque de temps, tout simplement. » Depuis un peu plus de cinq ans, Jacob et Rosemarie essaient d’entretenir le lien avec leur clientèle. « En expliquant davantage ce que l’on fait et pourquoi on le fait, ça augmente la confiance des consommateurs et ça crée de bonnes relations, fait valoir Jacob. Il y a tellement de propos négatifs qui circulent au sujet de l’agriculture, je veux faire ma part afin de bien présenter la réalité concrète de ce qui se vit sur la ferme. »



Ferme Princy, Sainte-Germaine-Boulé

Responsable des réseaux sociaux : Mylène Bégin

Active sur les réseaux sociaux depuis près de dix ans, Mylène Bégin a, elle aussi, traversé une période difficile en août 2019. À la suite d’une publication sur sa page Instagram où elle transporte une génisse, elle subit un flot de commentaires incisifs par des activistes véganes. Un épisode bouleversant pour elle et ses associés : son père Bertrand et son frère Alexandre. C’est grâce au soutien du milieu agricole et aussi de son patelin que l’agricultrice traverse cette tempête sans lâcher le navire des réseaux sociaux. « J’ai tiré des leçons de cette aventure, confie Mylène. J’ai appris à mieux documenter l’information transmise en m’appuyant sur la science. Je me concentre sur ce que je connais le mieux dans mon métier et je présente la réalité de la ferme telle qu’elle se vit. Je ne cache pas les moins bons coups. Je m’aperçois que ça génère des échanges avec d’autres agriculteurs qui m’aident à trouver des solutions! » Pour ce qui est des commentaires négatifs, l’agricultrice soigne sa façon de répondre ou de ne pas répondre. « Parfois, c’est mieux de ne rien dire, » conclut cette jeune femme engagée à demeurer active sur Facebook, Instagram et TikTok, même avec son statut de maman!



Microlaiterie Riverin du Lac, Hébertville-Station

Responsable des réseaux sociaux : Valérie Bolduc

« On stimule l’engouement des gens lorsque l’on prend le temps d’expliquer les méthodes d’élevage et de cultures », raconte Valérie Bolduc, partenaire associée de l’entreprise avec son conjoint et ses beaux-parents. « Par exemple, le fait de présenter le veau buvant le colostrum, l’alimentation d’une vache ou encore leur séjour au pâturage génère beaucoup d’interactions et d’appréciation », constate Valérie. C’est sa belle-maman Chantal Dupont qui, depuis 2015, a commencé à faire ce genre de publications. « Pour elle, et c’est encore vrai aujourd’hui, reprend Valérie, c’est une façon de faire un contrepoids à tout ce qui est véhiculé de négatif sur le milieu agricole. Notre communauté, les gens qui nous suivent, pose des questions et démontre de l’intérêt. J’ai le sentiment que cela les rassure également. Les réseaux sociaux sont très efficaces pour y promouvoir non seulement nos produits, mais l’agriculture dans son ensemble. »

En moyenne, quatre publications sont faites par semaine. « Ce n’est pas une surcharge, reconnaît cette jeune agronome. Je dirais même que ça nous donne de l’énergie à toute l’équipe! On favorise le positif sans cacher les aspects moins glorieux du métier. C’est l’authenticité que l’on recherche. Ça, c’est toujours gagnant! »



Pour ces propriétaires de ferme passionnés par leur métier, les réseaux sociaux représentent un espace d’échange où la présence concrète d’agriculteurs et d’agricultrices est souhaitable et essentielle pour nuancer et équilibrer la désinformation et les commentaires mal intentionnés qui circulent. Ça crée de l’interaction au sein de la collectivité agricole et avec toute la société dans son ensemble, ce qui est bon, ont-ils fait valoir. Leur défi à tous : arriver à s'en débrancher de temps en temps. « Ça, c’est très difficile! », ont-ils affirmé à l’unanimité.
 



Un mot du Coopérateur

Depuis décembre 2023, la Loi sur les nouvelles en ligne s’applique dans tout le Canada. Cette loi force les plateformes comme Meta (Facebook, Instagram et Threads) et Google à payer des redevances aux médias pour l’utilisation de leur contenu. En représailles, Meta a décidé de couper le partage des nouvelles des médias sur ses plateformes. Le Coopérateur tout comme les autres journaux et revues agricoles sont-ils à l’abri? Rien n’est moins sûr. On ignore encore, à l’heure actuelle, si nos comptes seront fermés du jour au lendemain.

Dans un monde complexe et en changements constants, où la profession de journaliste exige chaque année davantage de compétences avec des moyens de plus en plus réduits, on pose donc un regard critique envers les réseaux sociaux, à la fois alliés du marketing, avides dévoreurs de capitaux et, surtout, maîtres incontestés du web.

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Photos : gracieuseté des fermes participantes

Isabelle Éthier

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.

isa.ethier4@gmail.com

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.