Aller au contenu principal

Les entreprises s’adaptent à la pandémie : La fromagerie Fromabitibi

Photo : La fromagerie Fromabitibi s’est grandement développée au fil des ans. Des investissements importants ont permis la construction d’une nouvelle fromagerie à la ferme et la création de six emplois.

Les entreprises agricoles qui approvisionnent des marchés de proximité suscitent un intérêt croissant, de la part tant des agriculteurs que des consommateurs. La pandémie a fait dévier ces entreprises de leur trajectoire habituelle, mais elles se sont adaptées… et rapidement. En voici un bel exemple : la fromagerie Fromabitibi.

La fromagerie Fromabitibi transforme lait de vaches et de chèvres en fromage en grains frais du jour, fromage à griller, féta, gouda et autres cheddars, qu’apprécie une clientèle locale vendue à son savoir-faire. Elle commercialise aussi du lait frais entier. Depuis la pandémie, la mise en marché de cette entreprise a pris une tournure inattendue.

Guillaume Lemieux a un carnet de commandes bien garni. Deux cents nouvelles adresses, où chaque semaine il livre les produits de sa fromagerie, située à Macamic, en Abitibi.

« Avant la pandémie, on vendait dans les épiceries nos produits frais du jour, entre autres du fromage en grains. Avec le confinement et les mesures sanitaires, les gens font leur épicerie moins souvent et achètent en plus grande quantité. C’est donc difficile, ou même plus possible du tout, que notre fromage puisse être consommé frais du jour. Nos ventes en épicerie et en restaurant ont diminué au profit de la livraison à domicile. » Tout un défi pour le livreur qu’il embauche et pour Guillaume lui-même, qui assure aussi la distribution des produits d’un bout à l’autre du vaste territoire abitibien.

Sa main-d’œuvre – six personnes à temps plein (plus deux ou trois l’été) – fabrique le fromage et tient boutique. Guillaume s’occupe, entre autres tâches, de la gestion du troupeau de 80 chèvres en lactation.

Rencontre inattendue

Né dans une ferme laitière de Palmarolle, dont son frère prendra la relève, Guillaume étudie l’agriculture à l’ITA de Saint-Hyacinthe. Il souhaite se lancer dans la production de bovins de boucherie. L’épisode de la vache folle de 2003 viendra radicalement changer ses projets d’avenir.

Il y a une dizaine d’années, par un bel été où il était en vacances dans le Témiscamingue, Guillaume croise sur son chemin, à Montbeillard, une fromagerie (avec troupeau de chèvres) qui affiche « À vendre ». L’ensemble attire son œil d’entrepreneur. L’offre d’achat qu’il dépose sans tarder est acceptée. Le hic, c’est que le commerce est à 200 km de sa résidence. Attaché à son coin de pays, il rapatrie dans son patelin les 30 chèvres et les installations de transformation.

La nouvelle entreprise se met en mode développement et grossit à vive allure. Elle dessert de nombreux commerces et épiceries, et attire sur place, grâce à sa boutique, une clientèle conquise par ses produits de lait de chèvre.

Ambitieux et déterminé, Guillaume, en à peine six ans, porte le troupeau à 300 chèvres en lactation et s’attaque au marché de Montréal.

Mais la concurrence vive qui y règne, sur les prix et les volumes, met fin à ce projet en 2016. Le troupeau de chèvres laitières, ramené à 80 têtes, lui permet de se concentrer sur ses marchés locaux et d’élargir sa gamme de produits. C’est alors qu’explose la demande de produits faits de lait de vache. Guillaume et son frère s’entendent pour que, via la Fédération, ce dernier approvisionne l’usine en lait issu de la ferme familiale. « Dès la première semaine, j’ai vendu autant de fromages de lait de vache que ce que j’étais arrivé à produire en lait de chèvre après six ans! » dit Guillaume.

La fromagerie Fromabitibi transforme annuellement 50 000 litres de lait de chèvre et 300 000 litres de lait de vache. En plus, l’entreprise vend à la ferme les œufs de ses 99 poules, des produits de l’érable, du miel, des confitures et, dans des marchés publics et épiceries, quelque 40 000 lb de carottes arrachées et lavées à la main.

Guillaume, qui a déjà, pendant un temps, engraissé porcs et chevreaux, rêve qu’un jour sa clientèle, en plus de se présenter à la ferme, puisse faire une bonne part de son épicerie en ligne sur le site de son entreprise. Il entrevoit pour cela de diversifier encore plus son offre de produits dans les prochaines années.

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop