Pour gérer de manière efficace les éclosions de métapneumovirus et d’influenza, il faut de la transparence et de la collaboration, dit en substance la médecin vétérinaire québécoise Kathleen Sary qui s’exprimait devant les 689 personnes présentes au dernier Rendez-vous avicole AQINAC.
La Dre Sary dirige les services vétérinaires du Georgia Poultry Laboratory Network à Gainesville, surnommée la capitale mondiale de la volaille, dans un état, la Géorgie, où la valeur de la production avicole avoisine les 46 milliards de $ US.
Janvier 2024. Une opération visant le métapneumovirus, qui cause la rhinotrachéite virale du dindon et le syndrome infectieux de gonflement de la tête chez les poulets, se met en branle dans le sud-est des États-Unis. Le virus, qui compte quatre sous-types, a été détecté pour la première fois dans le Midwest dans les années 1990. Aux États-Unis, ce virus à déclaration obligatoire entraine des mesures de contrôle volontaires, ce qui ne veut pas dire qu’il est pris à la légère. Au Canada, l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles rapportait en septembre dernier un premier cas au Québec. En mai, des cas en Ontario et au Manitoba avaient été les premiers en sol canadien. Maladie à notification immédiate, la rhinotrachéite n’entraine pas la destruction des troupeaux positifs et n’est pas une préoccupation en matière de salubrité des aliments ou de santé humaine.
« Le virus provoque en moyenne 5 % de mortalité, jusqu’à 10 %, et une conversion alimentaire réduite des poulets, signale la Dre Sary. Dans les fermes de ponte, on parle d’une chute de 3 à 5 % de la production d’œufs pouvant aller jusqu’à 15 %, en plus de mâles plus paresseux dans les fermes de reproduction. » Les signes cliniques inquiètent : manque de tonus du cou, conjonctivite, infection des voies respiratoires supérieures provoquant une invasion bactérienne secondaire aux conduits auditifs et aux os du crâne causant des désordres neurologiques. Les oiseaux sauvages migrateurs sont identifiés comme des agents causals et des réservoirs du virus. Sur le parquet, la contagion s’effectue par les aérosols et les sécrétions respiratoires des oiseaux malades sur les équipements. « Il n’y a pas d’évidence d’une transmission verticale via les couvoirs », signale la vétérinaire-épidémiologiste.
En Géorgie, la réponse au virus a été une communication ouverte avec l’industrie, des échantillonnages et des tests sérologiques, des validations par tests PCR, la rédaction d’une fiche d’information sur les signes cliniques et la méthode d’échantillonnage. » La forte mobilisation des fermes – 84 % de celles-ci ont participé en rapportant leurs cas confirmés dans un site web sécurisé conçu à cet effet – a permis de cartographier en temps réel la dissémination du virus. Le portrait réel reste probablement sous-évalué, en Géorgie comme ailleurs. « L’Équipe québécoise examine la possibilité de réaliser une étude de prévalence afin de mieux évaluer la propagation silencieuse potentielle de cette maladie dans notre cheptel », signale l’agronome et directeur général, Martin Pelletier.
Aux États-Unis, des vaccins autogènes spécifiques aux souches échantillonnées sont en préparation, mais leur efficacité n’a pas été testée. Si les antibiotiques permettent de contrôler les infections secondaires d’origine bactérienne, les meilleures stratégies de contrôle restent l’hygiène – le virus est sensible à une large gamme de désinfectants – et le respect de strictes règles de biosécurité.
Concernant l’influenza aviaire hautement pathogène, le Georgia Poultry Laboratory Network suit l’évolution et la propagation inter-espèce du virus – des oiseaux aux rongeurs, aux chats domestiques puis aux vaches, en mars 2024, et à un porc, en octobre. La simple pasteurisation du lait inactive le virus. Les humains peuvent être infectés via des contacts avec des oiseaux morts porteurs du virus – on recense 57 cas de personnes contaminées aux États-Unis. Aucun cas de transmission humain-humain n’a été rapporté par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis, ce qui fait dire à cette agence que la grippe aviaire, malgré 102 millions d’oiseaux infectés dans 48 états depuis 2022, demeure à faible risque pour la santé publique.
Crédit photo : Brophoto/AQINAC