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Influenza aviaire chez l’humain et les bovins : l’industrie canadienne en état de vigilance

Alors que les cas d’influenza aviaire détectés chez les bovins se multiplient aux États-Unis, les autorités canadiennes et les Producteurs de lait du Canada sont sur le qui-vive pour éviter l’éclosion de la maladie dans les fermes au pays.

« On parle de vigilance! Nous avons différents outils pour détecter le virus et le garder à l’extérieur de la ferme, explique Geneviève Toupin de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). L’agence travaille en étroite collaboration avec les Producteurs de lait du Canada et les différentes associations provinciales. Aux États-Unis et à travers le monde, nous comptons sur un excellent réseau de renseignements en matière de santé animale. À l’heure actuelle, nous ne croyons pas que la situation doit générer de l’inquiétude ici. On est sûr qu’il n’y a pas eu de transmission à des bovins au Canada. »

Afin de déceler rapidement les cas d’infections, les autorités canadiennes se fient sur un système de détection précoce, basé sur l’obligation de rapporter un cas suspect à l’Agence canadienne d’inspection des aliments. « C’est une façon de faire qui a fait ses preuves dans la volaille. »

L’Agence tient également à rappeler qu’aux États-Unis il n’y a eu aucune détection du virus dans du bovin de boucherie ou d’autres types de ruminants que les vaches.

Rassurer les producteurs

Rappelant que c’est la première fois que des cas de grippe aviaire ont été répertoriés chez des bovins, la spécialiste nationale de programmes vétérinaires demeure à l’affût des signes cliniques observés sur les fermes contaminées aux États-Unis.

« Chez les bovins, la maladie à un moindre impact pour leur santé. Ce que l’on observe chez les bovins infectés aux États-Unis, ce sont des signes légers qui se traduisent principalement par une baisse de production laitière, une baisse de consommation d’aliments chez certains animaux. D’autres peuvent faire de la fièvre, mais c’est surtout de la déshydratation. »

Geneviève Toupin précise que les vaches se rétablissent complètement après trois semaines et qu’aucune mortalité (ou très peu) n’a été associée à l’influenza chez les bovins.

Par ailleurs, l’ACIA confirme que la situation qui prévaut au sud de la frontière n’a aucun impact sur les échanges commerciaux internationaux.

« Les producteurs doivent se rappeler que pour le bovin, l’influenza aviaire n’a pas le même impact sur la santé que chez les oiseaux. Ils peuvent aussi être rassurés : leurs animaux vont se rétablir et il ne devrait pas y avoir de fermeture de frontière à grande échelle pour ce qui est des produits de bovins si on détecte le virus sur une ferme de bovins. »

L’Organisation mondiale de la Santé animale a d’ailleurs fait une mise à jour sur son site rappelant qu’elle ne recommande pas que des restrictions soient imposées aux importations sur des animaux sains provenant de pays où la maladie a été détectée dans le bovin.

États des lieux chez nos voisins du sud

Des troupeaux laitiers de huit États américains sont touchés par la grippe aviaire. Le virus s’est propagé dans 26 fermes laitières de l’Idaho, du Kansas, du Michigan, du Nouveau-Mexique, de la Caroline du Nord, de l’Ohio, du Texas et du Dakota du Sud, selon l’Associated Press.

Pour tenter de contenir la propagation, les producteurs américains renforcent les mesures de biosécurité dans leur ferme : les visiteurs sont interdits, des arbres sont abattus pour décourager les oiseaux sauvages de se poser et les véhicules entrant sur leurs terres sont désinfectés.

Les responsables de santé publique se font rassurants. « À l’heure actuelle, il n’y a aucune inquiétude quant au fait que cette situation pose un risque pour la santé des consommateurs ou qu’elle affecte la sécurité de l’approvisionnement commercial en lait entre États, car les produits sont pasteurisés avant d’être mis sur le marché », peut-on lire sur le site de la Food and Drug Administration (FDA).

Grippe aviaire détectée chez l’humain

Un cas humain de grippe aviaire a été signalé au Texas et confirmé par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC). La personne aurait été infectée en côtoyant des vaches potentiellement porteuses du virus : elle a été traitée avec un médicament antiviral.

Le seul autre cas humain de H5N1 en Amérique du Nord a été enregistré dans une ferme de poulets du Colorado en 2022. Il s’agit d’un employé qui avait participé à l’abattage de volailles infectées.

Les infections humaines par le virus de la grippe aviaire sont rares, mais pas impossibles. Plusieurs cas sporadiques ont été identifiés dans le monde, principalement en Asie.

« Chez les humains, il y a des cas qui ont été répertoriés dans le monde depuis que cette souche du virus circule, mais c’est très faible comme pourcentage, rappelle le Dre Toupin. Généralement, les personnes ont été infectées par un contact étroit avec des animaux malades ou un environnement contaminé. Le cas humain détecté aux États-Unis était dû à l’environnement contaminé, peut-être par des oiseaux. Mais nous sommes encore dans les hypothèses. »

L’Europe épargnée

Un expert en grippe aviaire aux Pays-Bas, Thijs Kuiken, a déclaré à un quotidien néerlandais être surpris devant le fait qu’aucun cas d’infection de vaches laitières n’ait été détecté en Europe.

« C’est un mystère : pourquoi n’avons-nous observé cela nulle part en Europe, malgré des épidémies massives chez les oiseaux sauvages et domestiques? Cela soulève la question de savoir si des cas ont été manqués ici. »

Rappelons qu’aux Pays-Bas, plus de 6,6 millions d’oiseaux ont été abattus depuis 2020 en raison de la grippe aviaire.

Évolution de la grippe aviaire au Québec et au Canada

Le Québec semble moins touché que le reste du Canada par les cas de grippe aviaire dans la volaille. En 2024, un seul cas a été confirmé dans la province : chez des oiseaux de basse-cour donc pas dans un élevage commercial. Dans le reste du Canada, 14 élevages de poulets sont touchés.

« La tendance d’année en année, c’est une diminution du nombre de cas de grippe aviaire, car les producteurs font de plus en plus attention aux enjeux de biosécurité à la ferme et c’est ce qui fonctionne », estime Geneviève Toupin.

Photo d'en-tête par Étienne Gosselin