Aller au contenu principal

Accord transpacifique et industrie avicole : une aide de l’AAC pour atténuer l’effet du PTPGP

L’AAC, le PTPGP, le PIFVO, la TPS, la TVH. Vous y perdez votre latin? Le Coopérateur vous offre cet article pour vous aider à y voir un peu plus clair. Et vous explique comment toucher des sommes destinées notamment à améliorer la productivité de vos entreprises.

Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) offre donc un Programme d’investissement à la ferme pour la volaille et les œufs (PIFVO) doté d’une enveloppe de quelque 759 millions $ et assorti de conditions telles que de ne pas pouvoir réclamer la partie remboursable de la taxe sur les produits et services (TPS) et la taxe de vente harmonisée (TVH). Le programme s’étale sur une période de dix ans qui a débuté en 2021.

L’aide offerte par le gouvernement fédéral vise à contrer les effets du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) que le Canada a signé en 2023 avec dix pays (l’Australie, le Brunéi, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam). Au cours de cette négociation, le Canada a ouvert son marché de 2 % aux importations de volaille et d’œufs. 

Pour amortir l’impact que ces mesures auront sur les acteurs québécois et canadiens, le gouvernement Trudeau a mis en place un important plan de soutien. La somme sera répartie dans les différents secteurs d’activités : 

  • 357,3 millions $ pour les producteurs de poulet de chair;
  • 91,9 millions $ pour les producteurs de dindons;
  • 219 millions $ pour les producteurs d’œufs;
  • 90,6 millions $ pour les producteurs d’œufs d’incubation de poulet de chair. 


L’objectif de cette injection de fonds vise particulièrement à accroître la productivité des fermes canadiennes, à améliorer la biosécurité des aliments et à répondre aux exigences grandissantes des consommateurs, dont le bien-être animal.

Des sommes importantes 

Pour ce qui est de Sollio Agriculture et des coopératives de son réseau, l’aide gouvernementale offre l’occasion d’améliorer l’efficacité des entreprises membres. « Par exemple, dans le poulet de chair, le programme procure une subvention qui représente environ 40 $ par mètre carré de quota. C’est un bon montant », souligne Stéphane Cuerrier, agronome, expert-conseil en aviculture et coordonnateur des ventes chez Novago Coopérative. 

Dans la production d'oeufs d'incubation, on versera 16 $ par poule. Et dans les oeufs de consommation, 8 $ par poule. Dans le dindon, on parle d’environ 28 $ par mètre carré. 

« Cela nous permettra de répondre aux différents besoins du marché. Entre autres, les abattoirs veulent que nous remplacions les carreaux par des portes [dans les bâtiments]. Un autre secteur où nous pouvons nous améliorer, c’est en matière d’isolation. Ce sont des frais admissibles. Nous entendons de plus en plus parler de récupérateurs de chaleur pour ménager de l’énergie et optimiser le bien-être animal. Avec le PIFVO, nous pouvons aller chercher de l’argent pour réaliser ces travaux. La ferme de poulet de chair moyenne au Québec possède 3000 mètres de quota. Ça représente 120 000 $ de subvention qu’elle peut aller chercher. C’est un très bon montant », souligne Stéphane Cuerrier.

Selon l’expert-conseil avicole, les entrepreneurs agricoles n’hésitent pas à adhérer au programme même s’il comporte certaines formalités. « Il est un peu compliqué et il faut prendre le temps de le comprendre, dit-il. Il est échelonné sur dix ans et le gouvernement octroie 100 millions $ par an. Quand le montant est atteint, les sommes réclamées sont transférées l’année suivante. Pour être admissibles, les candidats doivent s’être inscrits dans les deux ans précédant leur demande. Dans le cas contraire, l’argent sera redistribué aux fermes déjà approuvées. Les 759 millions $, c’est certain que nous allons les avoir. Le gouvernement se donne dix ans pour les distribuer. »

Producteurs, qualifiez-vous sans tarder!

Même si des sommes sont prévues pour des travaux à venir, Éric Dion, agronome et directeur commercial en stratégie d’affaire avicole chez Sollio Agriculture, invite les producteurs à se qualifier pour la subvention sans tarder. « Nous vivons un climat politique et un contexte économique incertains. Faisons la demande tout de suite. Allons réserver cet argent-là et nous serons certains de l’avoir. Une fois que nous sommes inscrits, ce sera passablement plus gênant pour le gouvernement de nous dire : “Désolé, mais, tu sais, l’argent que nous t’avions promis, eh bien tu ne l’auras pas” ».

« L’argent du fédéral peut être investi de diverses façons dans l’entreprise, explique Éric Dion. Cela dit, chaque ferme est différente, donc, si la densité fait en sorte que ça pénalise les résultats techniques, mais aussi le bien-être animal, c’est dans ce secteur que le producteur devrait investir. Si ce sont les coûts de chauffage qui sont extrêmes parce que les entrées d’air sont problématiques, c’est le volet écoénergétique qui va devenir la porte d’entrée. Le programme n’est pas un bloc monolithique. Il a été pensé de façon brillante pour répondre aux besoins précis des entreprises. »

Les producteurs y voient du bon

Certains producteurs ont déjà profité des ressources financières offertes par le gouvernement. C’est le cas d’Olivier Toupin de la Ferme Olivier Toupin et Fils inc. « Nous avons modernisé nos panneaux de contrôle qui dataient de 2000, débute Olivier Toupin. Ils n’étaient pas super intelligents et ça posait un problème. Les panneaux ne se parlaient pas entre eux, alors nous devions compenser énormément. C’était impossible de gérer ça à distance, car impossible de les brancher sur internet. »

Les travaux de modernisation se sont rapidement matérialisés par des gains d’efficacité et par des économies de carburant. « Je me rappelle une journée où j’ai été obligé de quitter un champ dans lequel je travaillais en raison d’une alarme. J’ai fait deux allers-retours pour une banalité et j’ai perdu mon après-midi à me promener en tracteur parce qu’une consigne était mal ajustée. Depuis que mes panneaux sont reliés à mon téléphone, je ne me déplace plus inutilement », raconte le producteur de 41 ans.

Olivier Toupin a rempli lui-même la demande de subvention avec l’aide de Stéphane Cuerrier. « C’est un peu épeurant quand tu commences, mais en prenant le temps de le faire, ça va bien. Stéphane m’a donné un coup de main et tout était OK pour ma demande », indique Olivier Toupin. Éric Dion ajoute que le réseau Sollio offrira un soutien aux membres. « Nous ne sommes pas des experts du programme, mais nous allons nous assurer de bien le comprendre et d’aider nos membres à aller chercher le maximum d’argent pour leur entreprise. »

Tous les renseignements sur le Programme d’investissement à la ferme pour la volaille et les œufs (PIFVO) sont accessibles à l’adresse suivante : https://agriculture.canada.ca/fr/programmes/investissement-ferme-volaille-oeufs/nous-joindre


Le PIFVO en chiffres

Le Programme d’investissement à la ferme pour la volaille et les œufs (PIFVO) est un programme fondé sur le remboursement qui fournira des contributions non remboursables totalisant près de 759 millions $ sur dix ans. Les fonds affectés comprendront notamment :

  • 357,3 millions $ pour les producteurs de poulet;
  • 91,9 millions $ pour les producteurs de dindons;
  • 219 millions $ pour les producteurs d’œufs; 
  • 90,6 millions $ pour les producteurs d’œufs d’incubation de poulet de chair.


Photo par Christophe Champion

Stéphane Payette

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.

stephane.payette@sollio.ag

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.