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Pénurie de main-d’œuvre : une lueur à l’horizon, mais…

Je ne suis pas de nature pessimiste. J’ai plutôt tendance à voir le bon côté des choses. Mais là, j’avoue avoir un peu l’impression que nous jouons dans un bien mauvais film de série B, et ce, pour une deuxième fois…

Au moment où j’écris ces lignes, l’inflation explose, la volatilité du prix des produits de base demeure, le conflit géopolitique Canada-Chine persiste, la pénurie de main-d’œuvre se maintient, les chaînes d’approvisionnement sont perturbées et la COVID-19 fait un retour en force, avec tous les impacts que cette cinquième vague entraîne sur nos activités et dans nos fermes.

La pénurie de main-d’œuvre est un frein majeur à la croissance de tous les secteurs d’activité de la société. Bien évidemment, le nôtre n’y échappe pas, et Olymel encore moins. En manque criant de personnel, nos usines de porc, à titre d’exemple, n’arrivent pas à abattre les volumes qu’elles avaient l’habitude de transformer. Et elles ne peuvent tout simplement plus apporter la valeur ajoutée qui permettrait de valoriser la production de nos éleveurs ainsi que de combler les attentes des consommateurs et de nos marchés.

Olymel a déployé de nombreux efforts pour éviter le recours à l’abattage humanitaire. Le volume d’abattage a donc été priorisé, au détriment de la transformation de coupes à valeur ajoutée. En outre, des porcelets et des porcs ont été acheminés à l’extérieur du Québec.

Comme je l’ai déjà mentionné en éditorial, Olymel pourrait sans tarder embaucher plus de 3000 travailleurs afin de répondre aux demandes. Et elle ne lésine pas pour favoriser l’embauche, en mettant en œuvre de multiples avantages. Nous ne recrutons pas que pour des métiers de base, mais aussi, de plus en plus, pour des métiers spécialisés : mécaniciens, électromécaniciens et techniciens en assainissement des eaux, par exemple.

Ce n’est pas d’hier qu’Olymel sonne l’alarme auprès de nos gouvernements. Déjà en 2017, la rareté de la main-d’œuvre et les difficultés de recrutement figuraient parmi les plus hautes priorités d’Olymel. Et elle a démontré à de très nombreuses occasions, avec éloquence, le souci qu’elle accordait à ces questions névralgiques pour notre industrie, en prenant des mesures concrètes et ciblées.

Vous le savez comme moi, faute de main-d’œuvre, d’autres entreprises de transformation vivent des problèmes similaires. Rien pour favoriser la productivité des entreprises agricoles et la disponibilité des denrées auprès de la population.

La situation est aussi difficile dans les fermes, où l’on appréhende la prochaine saison de culture.

Cela dit, tout n’est pas noir à ce chapitre en ce début d’année. Une lueur d’espoir a jailli le 10 janvier dernier, date où entrait en vigueur, dans le cadre d’un projet pilote (et ce, jusqu’au 31 décembre 2023, pour le moment), le nouveau seuil qui permet aux entreprises de certains secteurs d’accueillir non plus 10 %, mais jusqu’à 20 % de travailleurs étrangers temporaires. Parmi ces secteurs figure celui de la transformation agroalimentaire. Nous avons été nombreux, partout au Québec, à signifier à nos gouvernements l’importance de hausser considérablement ce seuil. 

C’est donc une bonne nouvelle. Mais il faudra être patient – car ces travailleurs ne sont pas encore arrivés – et en faire plus. Comme l’abattoir est un prolongement naturel et nécessaire de la ferme, nous croyons que des règles similaires devraient s’y appliquer, c’est-à-dire qu’il faudrait exempter la transformation alimentaire de la limite des travailleurs étrangers temporaires. Il faudrait aussi en arriver à ce que ces travailleurs puissent occuper des postes de manière permanente, et pas seulement temporaire, et à ce qu’ils puissent s’intégrer dignement dans nos sociétés. Car nos besoins, comme dans bien d’autres secteurs de l’économie, sont permanents.

Nous avons tourné la page sur 2021, une année remplie de défis, que nous avons relevés ensemble, fidèles à notre nature coopérative. Je vous souhaite, à toutes et à tous, une bonne année 2022. Que la santé soit au rendez-vous, et que vos projets professionnels et personnels se réalisent!

Ghislain Gervais

Ghislain Gervais est administrateur chez Sollio Groupe Coopératif et il en a été président de 2016 à 2023.

ghislain.gervais@sollio.coop

Ghislain Gervais est administrateur chez Sollio Groupe Coopératif et il en a été président de 2016 à 2023.