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Entre nous : « On est six millions… »

« On est six millions, faut se parler ». Nous sommes sans doute nombreux à nous souvenir de cette ritournelle publicitaire accrocheuse composée par François Dompierre en 1975.

Nous étions un peu plus de six millions d’habitants au Québec à cette époque. Ça en faisait, du monde à nourrir! Aujourd’hui, selon les plus récentes données démographiques, nous sommes 9 030 684. Ça fait pas mal plus de monde à nourrir!

Même si notre Québec est vaste, sa zone agricole, elle, ne s’est pas agrandie proportionnellement à sa population. Elle compte aujourd’hui 6,3 millions d’hectares (63 000 km2) et 29 000 fermes. Ces hectares sont convoités dans bien des régions, et pas toujours pour y pratiquer des activités agricoles. Je vous recommande d’ailleurs la lecture du livre Terre d’asphalte et le visionnement du documentaire qui l’accompagne. Dans ses recherches, le journaliste Nicolas Mesly remet au jour et dénonce le rouleau compresseur de la pression spéculative à laquelle est soumis notre patrimoine foncier agricole.

Rappelons-le, cette zone agricole, en plus de contribuer à notre autonomie alimentaire, permet au Québec d’être un important exportateur de produits agricoles, le porc notamment, qui figure au huitième rang des exportations québécoises, tous secteurs confondus. Les retombées pour les producteurs et l’économie du Québec ne sont pas à négliger.

Sur cette toile de fond, il faut, pour nourrir notre monde, que notre principal moyen de production, la terre, soit hautement protégé. Nous avons besoin d’aide et nos gouvernements doivent s’engager à nous soutenir.

Le 17 mai dernier, dans le cadre de la Consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles qu’a organisée le gouvernement du Québec, j’ai eu l’occasion de partager la position de Sollio Groupe Coopératif sur cet enjeu majeur. Quatre grandes orientations ont été définies dans ce processus consultatif, soit hausser le potentiel agricole, assurer un meilleur régime de protection du territoire, favoriser le dynamisme et la pérennité des activités agricoles, et accroître l’accessibilité aux terres.

Les enjeux sont nombreux. Chez Sollio Groupe Coopératif, nous avons entre autres recommandé d’encourager la diversité des entreprises agricoles, de limiter la construction de résidences et la pression d’urbanisation en zone agricole, de renforcer la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles en milieu périurbain et de l’assouplir en milieu rural, d’assurer un suivi sur les transactions foncières, d’instituer la réciprocité des normes agroenvironnementales et d’augmenter la superficie du territoire agricole. Ce dernier point est d’une importance capitale. La cloche de verre qui étouffe notre agriculture, en limitant, par moratoire, l’accroissement de notre zone de production, se doit d’être levée. Sinon, c’est l’équation produire pour nourrir que l’on ne pourra plus résoudre.

À mes yeux, ce processus consultatif va de pair avec l’actualisation de la Politique bioalimentaire 2018-2025 qu’a lancée le gouvernement. Comme je l’ai déjà évoqué dans cette tribune, les producteurs et productrices agricoles devront être au cœur de cette future politique qui entrera en vigueur en 2025. La cinquième rencontre annuelle des partenaires de cette politique, tenue le 30 mai dernier, et à laquelle nous participions, avait justement pour thème « Mettre la table pour l’avenir ». Les producteurs agricoles doivent y être les invités d’honneur.

Enfin, nous avons été heureux d’apprendre que le gouvernement Legault a prêté une oreille attentive aux demandes de notre milieu. Le financement accru accordé aux entreprises agricoles ainsi que des mesures d’allègement administratif redonneront un certain souffle pour celles et ceux en difficulté ou à risque dans nos régions et dans nos entreprises. Soulignons également l'annonce récente de ce gouvernement pour l'analyse des risques liés aux changements climatiques par filière agricole, en plus d’un soutien pour les efforts agroenvironnementaux des producteurs. Un soutien nécessaire et attendu.

Nous l’avons exprimé, les enjeux sont nombreux. Il faut mettre l’épaule à la roue. Tenez, je vous lance ça comme ça : on est neuf millions, faut se nourrir…

Sur ce, je vous souhaite un magnifique été. Entre deux chantiers de travaux, prenez le temps de passer de bons moments en famille et entre amis.

Richard Ferland - président

Richard Ferland est le président de Sollio Groupe Coopératif depuis 2023 et siège à son conseil d'administration depuis 2014.

richard.ferland@sollio.coop

Richard Ferland est le président de Sollio Groupe Coopératif depuis 2023 et siège à son conseil d'administration depuis 2014.