Aller au contenu principal

L’amour est dans le Coopérateur

Ce n’est pas tous les jours que le Coopérateur sert d’agence de rencontre.

Et pourtant, il a bien joué les cupidons entre Frédéric Larochelle et Marianne Hébert! Après un article du magazine, un premier rendez-vous en tracteur et plusieurs déménagements, une belle histoire a fleuri. Les deux amoureux se racontent.

Tout a commencé en 2019, à la publication du texte « Les frères Larochelle à la recherche du grand amour! ». Le Coopérateur y abordait les défis et les occasions pour trouver l’amour que vivent les producteurs agricoles à travers les histoires de Samuel Larochelle – qui a participé à l’émission L’amour est dans le pré – et de son frère Frédéric, copropriétaire avec ses parents de la Ferme laitière et avicole Larochelle et Fils, située à Saint-Magloire. Les deux célibataires y partageaient leur désir d’être en couple et quelques-uns de leurs déboires, comme l’incompréhension du mode de vie agricole des personnes qu’ils avaient fréquentées jusqu’à ce jour. 

Or voilà, cet article n’est pas passé inaperçu. 

À quelques clics de distance (et deux villages plus loin), Marianne, fraîchement célibataire, tombe sur la publication Facebook. L’article a été partagé par une amie commune, Mélanye Gendreau, elle-même productrice agricole à Saint-Magloire. Marianne se souvient du « beau Larochelle » aperçu quelques années plus tôt à la ferme où elle travaillait et où les taures du producteur étaient en pension. 

Le texte du Coopérateur renouvelle son intérêt, maintenant libre de contraintes. « Dans l’article, je le trouvais aussi cute que quand je l’avais vu la première fois », avoue Marianne. 

Elle ose : elle envoie sa demande d’amitié Facebook à Frédéric. 

De son côté, le beau célibataire se souvient lui aussi de Marianne. La stratégie de séduction se met en place : il attend une longue journée avant d’accepter l’invitation. Pas question, bien sûr, d’avoir l’air trop enthousiaste! S’ensuivent quelques semaines de discussions en ligne avant la première rencontre, très familiale et agricole.

Une date en tracteur

Le premier rendez-vous est donné dans le tracteur! Frédéric est encore au champ, en train de finir la deuxième coupe de foin. Son père, Maurice Larochelle, est à la ferme. Il a appris le jour même qu’une « amie » allait venir faire un tour, amenant des rations de Subway à la rescousse de leur appétit. 

Marianne, donc, arrive sur place. « C’est rare que tu rencontres le père avant de rencontrer la personne! » lance-t-elle. Petit moment de gêne, vite oublié par la sociabilité naturelle de la dame, et les deux discutent ensemble jusqu’à l’arrivée du prétendant, perché dans son New Holland. 

Celui-ci avait bien invité sa correspondante numérique à un tour de machine agricole, alors, hop, elle embarque! Serrés dans la cabine, un peu intimidés tous les deux, ils retournent vers le champ.

Si Marianne savait qu’elle allait faire un tour de tracteur, la proposition d’activité n’était toutefois pas tout à fait claire. Elle se retrouve rapidement à donner un coup de main pour finir les foins. Les balles rondes se forment, et le cellulaire tombe tout le temps de la poche de ses shorts un brin trop courts pour la job, mais parfaits pour la date. 

À l’heure du souper, Linda Maurice, la mère de Frédéric, se joint à eux. Le premier rendez-vous se fait donc sous l’œil bienveillant des deux parents venus donner un coup de main pour les foins. 

Il faut croire que ça marche, les tracteurs : plusieurs déménagements, les animaux de Marianne – deux chiens, huit poules pondeuses, une vache et un cheval –, et un bébé plus tard, la suite aura donné raison à Frédéric et à son choix d’activité. 

Quatre maisons en un an

Les deux années qui suivent, donc, ne sont pas de tout repos. Qui a dit qu’en agriculture, on ne bouge jamais? « J’ai fait quatre maisons en un an! », glisse Marianne. 

Après une année entière chacun chez soi, le couple veut fonder une famille. Les boîtes se font et Marianne emménage officiellement chez Frédéric. 

La situation d’habitation est toutefois complexe : les parents Larochelle veulent s’installer dans cette maison (appelons-la la Maison des amoureux) et laisser à Frédéric et à Marianne la Maison de la ferme. Mais la Maison des amoureux a, justement, besoin de beaucoup d’amour... Pendant les travaux, nos deux tourtereaux achètent la Maison de la voisine, soit celle à côté de la ferme, et y déménagent, puis ils redéménagent finalement en septembre à la Maison de la ferme, une fois les parents arrivés à la Maison des amoureux (ouf!). Les voici donc, après trois déménagements, enfin parvenus à leur destination et prêts à aménager la chambre d’enfant. 

Acrobatie équestre et traite

Entre-temps, Marianne s’adapte à sa nouvelle vie à la ferme. Originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, elle a toutefois depuis longtemps fait son bout de chemin dans le milieu agricole et est elle-même propriétaire de deux fidèles compagnons équin et bovin.

Artiste amoureuse des animaux, elle a étudié en santé animale, en tourisme d’aventure et en enseignement des arts du cirque. En 2019, alors qu’elle en était à sa troisième année de spectacle de voltige équestre, elle travaille en même temps à la Ferme du 5e rang où elle aperçoit Frédéric qui fait l’objet de regards entendus et de commentaires appréciateurs entre Marianne et sa patronne. 

Déjà, à l’époque, elle s’occupait du train des vaches. « Je faisais le train du lundi au vendredi, chaque matin, de 6 h à midi », précise-t-elle. La vie d’artiste et d’employée agricole n’étant pas de tout repos, elle change à nouveau de domaine et occupe depuis un emploi à temps partiel dans le traitement des eaux potables.

Elle garde tout de même un pied dans l’étable grâce à son cheval Nova et à sa vache Croquette. Si le cheval a été mis en pension, Croquette, qui est issue d’un mélange de vache laitière et de bovin de boucherie, s’est maintenant jointe au troupeau de taures de Frédéric et remplie une tâche bien spéciale pour la Ferme Larochelle et Fils. D’où sort cette unique ruminante et quel est son nouveau « métier »?

« La vache qui chie »

« Mon cheval était tout seul à la maison et je voulais qu’il ait un ami, raconte Marianne. À la ferme laitière où je l'ai vue, il y avait cette petite vache-là. Je l’ai prise bébé et elle a grandi avec moi. J’allais la promener au licou dans le champ où j’habitais. Je ne peux pas m’en débarrasser. Elle s’appelle Croquette! Elle est mélangée boucherie. Tout le monde voit un steak en elle. Mais je ne pourrais pas la tuer pour la viande. » 

À voir l’expression de Frédéric, lui aussi fait partie des adeptes de Croquette-Steak, mais il se gardera bien de le proposer à sa belle. Il n’irait quand même pas briser le cœur de son amoureuse qui affirme : « Ma vache ne sert à rien d’autre qu’à mon bonheur! » 

Il a plutôt fait une place à l’étable des taures pour cette drôle d’occupante. La grande herbivore y vit très bien sa vie de vache et est devenue la vedette du St-Mag Fest, le Festival de la vache qui... 

Fondé en 1994 entre autres par les parents de Frédéric, le festival de Saint-Magloire allie bingo, courses de bazous-extrêmes et, surtout, l’élément phare de la fête : une vache, son quadrillage et des paris sur le carreau où elle se lâchera! 

Chaque année, c’est la Ferme Larochelle et Fils qui conduit la ruminante vedette au cœur de l’événement. La belle Croquette, avec ses aptitudes limitées en production laitière, était, aux yeux de Frédéric, la candidate idéale.

« Ça prend une vache calme et habituée de marcher au licou, ajoute Marianne. Il ne faut pas qu’elle parte au galop. Il y a quand même du monde. Et Frédéric avait dit : “Ça ne me dérangerait pas de la garder si elle fait la vache qui chie.” » Il n’en fallait pas plus pour que Croquette s’intègre à la ferme.

Comprendre la vie agricole

Quand on lui demande ce qui lui a plu dans l’article du Coopérateur, Marianne répond : « Il cherchait le grand amour et quelqu’un qui comprenait cette situation-là. J’ai déjà travaillé dans une ferme, je comprends ce que c’est. Mais je ne savais pas qu’à vivre dans une ferme, tu as plein de surprises à longueur de journée. C’est très divertissant, mettons! »

Aux yeux de Frédéric, le rendez-vous en tracteur était d’ailleurs un premier bon indice jouant en la faveur de son invitée. Ses précédentes conquêtes étaient plus des filles de ville qui ne s’intégraient pas à la vie à la ferme. « C’était un point négatif pour la suite des choses », affirme-t-il. Les vêlages n’ont pas toujours été des expériences enrichissantes à leurs yeux, même si les veaux étaient en parfaite santé. Certaines en repartaient passablement traumatisées, ajoute-t-il. 

Il est loin de vivre la même situation avec Marianne. « Je me souviens du premier vêlage qu’on a vu ensemble, raconte-t-elle. J’ai mis les gants et je tirais sur les pattes. Et la petite langue s’est mise à bouger. Je suis partie à rire. Je trouvais ça mignon. »

Marianne a donc fait sa place dans la vie de tous les jours de son amoureux ou, autrement dit, à la ferme. Avant qu’elle ne tombe en congé de maternité, Marianne promenait sa bedaine matin et soir à l’étable des taures pour ses deux tournées journalières. « J’aime aller voir mes petites taures et les flatter, m’assurer qu’elles sont bien, dit-elle. Je les nourris et les écure matin et soir. Ce n’est même pas un travail. » 

Ces tournées sont aussi les moments parfaits pour rendre visite à Croquette et son jeune veau femelle, Nugget, née cet été. Deviendra-t-elle elle aussi une nouvelle compagne? C’est peu probable! Si Croquette restera à l’étable pour poursuivre sa mission de bonheur, Nugget pourrait quant à elle devenir saignante, rosée ou bien cuite. 

Pour ce qui est de la vie à la ferme, elle a bien sûr ses hauts et ses bas, mais on sent que l’entente règne entre les deux amoureux. Les premiers émois et les regards en coin au loin dans la pourvoirie ont laissé place à plus de profondeur.

« Moi, au début, je te trouvais très cute, affirme le beau Larochelle en regardant sa belle. J’aime Marianne parce que pour la communication, elle est meilleure que moi. Elle m’aide là-dedans. Elle aime que ce soit clair et elle n’accumule rien. Ça me prenait ça. Elle est active et en forme. Je voulais avoir une personne intelligente, qui sait où elle s’en va et qui est indépendante. »

« Moi aussi, je te trouvais très cute, répond-elle, sourire en coin. Je trouve qu’on a beaucoup de valeurs profondes communes. Il est super gentil, attentionné, à l’écoute. C’est un bon gars pour vrai. Si je dis qu’il y a un petit quelque chose qui ne marche pas, il fait attention. Il s’implique dans la relation. C’est sûr que tout ça joue. »

Enfin, on se demande : L’amour est dans le Coopérateur, saison 2, c’est pour quand? D’ici là, on ne saurait trop suggérer aux lecteurs agricoles d’adopter une nouvelle tactique d’approche. Le travail au champ, c’est plus séduisant qu’on le pense!

Le trio sur le divan

Photos : Patric Nadeau

Stéphanie McDuff

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. 

Stephanie.McDuff@sollio.coop

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires.