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Construire des poulaillers en surveillant les chantiers et en étant plus vert

Paru en 2023, le guide La surveillance des chantiers de construction agricole de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) apparaît essentiel pour qui investit des millions avec l’espoir de voir son poulailler encore debout à la fin des paiements, sinon pour prolonger sa vie utile. « On a élaboré un cadre pour uniformiser les pratiques de surveillance par les firmes d’ingénierie pour que le poste budgétaire affecté à la surveillance apparaisse incompressible », explique l’un des auteurs, Stéphane Godbout.

Avant de couler du béton ou de fermer des murs, l’ingénieur recommande de vérifier la qualité et la quantité des armatures et la présence de contreventements qui stabilisent l’ossature. On peut échantillonner les matériaux et prendre des photos pour justifier d’éventuels recours légaux. Les plans et devis peuvent respecter les standards, mais l’hétérogénéité de la qualité de la construction explique parfois la dégradation rapide des bâtiments neufs.

Et des bâtiments qui ne durent pas ne peuvent pas se réclamer du développement durable!

Construire plus vert

Et l’écoconception? « Ce n’est pas un énorme souci actuellement », avance Stéphane Godbout, qui souligne d’autres priorités : facilité dans la construction et l’élevage, biosécurité, coûts, fiabilité.

Sur ce dernier point, à quand des bétons qui intègrent de la paille ou du chanvre, des fibres végétales dont regorgent les fermes? « Le coût d’un poulailler est amorti sur 25 ans. Ce n’est pas le plus grand coût de production. Cours-tu le risque d’aller vers des matériaux recyclés à faible empreinte qui peuvent durer moins longtemps? Il peut y avoir, pour la ferme et le professionnel qui signe les plans, trop de risques structuraux, d’absorption ou d’effritement du béton avec des matériaux non éprouvés », soutient le chercheur. Les poulaillers sont soumis à de rudes conditions – humidité, poussière, gaz, acides corrosifs.

Pour Sébastien Fournel, l’heure est à l’optimisation, mais de nombreuses questions demeurent pour les scientifiques. « Comment favoriser l’utilisation de matériaux recyclables ou démontables, plus de bois et moins de béton à l’empreinte carbone élevée? », s’interroge le professeur de l’Université Laval, qui rappelle que les normes et les besoins en plomberie, en électricité et en électronique changent rapidement.

Normes de salubrité, empreinte carbone et biosécurité

Une partie des réponses proviennent de l’analyse du cycle de vie du poulet canadien. Sébastien Fournel siège au comité chargé d’en assurer la révision, car la première version date de 2018. « L’empreinte carbone du poulet d’ici est parmi les plus basses dans le monde », indique-t-il, voyant dans cette révision un passage obligé pour la compétitivité de la filière. La moitié du bilan est liée à l’alimentation, car le chauffage et la gestion du fumier sont d’autres sources d’émissions. La gestion solide, aérobie et à l’abri des intempéries du fumier est déjà optimale.

Mais des matériaux à plus faible empreinte carbone ne doivent pas compromettre les hauts standards de salubrité. Par exemple, le quincaillier Marc Drolet explique que la lavabilité des matériaux de recouvrement intérieur a progressé fortement. « Les panneaux pour mur et plafond de PVC de grade alimentaire de marque Trusscore sont non seulement facilement lavables, étant moins poreux que le contreplaqué ou le béton, mais ils ont une réflectivité de la lumière de 0,8, c’est-à-dire qu’ils réfléchissent 80 % de la lumière. »

Dans les nouveaux règlements entrés en vigueur en 2024, les ÉVQ obligent aussi l’installation d’une barrière physique entre les zones d’accès contrôlé et d’accès restreint – adieu la mince ligne rouge! À ce titre, le conseiller technique Marc Drolet de BMR Agrizone propose le bac de biosécurité de marque Canarm, une solution clé en main qui fit office d’entrée danoise pour se déchausser assis sur une surface en acier inoxydable antimicrobienne, les pieds sur une surface plastifiée. « Nous avons ajouté des encoches de chaque côté pour permettre l’ajout de panneaux pour ajuster le bac à la largeur de l’entrée », explique le conseiller, sensibilisé à l’importance de ces mesures simples de lutte à la propagation du virus de l’influenza aviaire.

Photo : Étienne Gosselin



Lisez le dossier « Les nouveaux poulaillers, plus ils changent, moins ils sont pareils! » :

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.