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Ambassadrice, ambassadeur, moi?

Photos (en ordre d'apparition) : Marie-Luce Simard, Novago Coopérative (crédit : Jarmila Guivarch); Véronique Guay, VIVACO groupe coopératif (crédit : Christophe Champion); Pascal Alary, Novago Coopérative (crédit : Christophe Champion); Danielle Cadotte, Novago Coopérative (crédit : Christophe Champion); Pascal Hudon, Avantis Coopérative (crédit : Jean-François Lajoie); Simon Beaulieu, Avantis Coopérative (crédit : Jean-François Lajoie). 

 

La Coop fédérée ne rate jamais l’occasion de revoir ses façons de faire. Avec les récentes fusions des coopératives de son réseau, une réflexion sur sa gouvernance s’imposait.

Productrice de grandes cultures avec Luc Piché (son conjoint), Danielle Cadotte n’a que de bons mots à l’endroit de la nouvelle formule de gouvernance que La Coop fédérée a adoptée en 2018. « Je suis une ambassadrice du réseau La Coop et j’en retire beaucoup, tant sur le plan personnel que sur celui de l’enrichissement de mes connaissances », dit Danielle, qui est membre de Novago Coopérative et dont l’entreprise, la Ferme Picagri, est située à Sainte-Thècle.

Début soixantaine, grande sportive, Danielle a été animatrice chez Agropur de 1983 à 2014, année au cours de laquelle le couple s’est défait de son entreprise laitière pour des raisons de santé. « J’avais adoré l’expérience d’animatrice. Quand j’ai entendu dire que ma coopérative était à la recherche d’ambassadeurs, ç’a allumé une lumière, ça m’a tenté d’essayer », dit la productrice, dont le conjoint s’occupe aussi des cultures, de la planification et des opérations de leur ferme de quelque 230 ha (570 acres).

De son côté, Véronique Guay, qui est propriétaire d’une importante ferme laitière et a été administratrice de La Coop de Compton, a continué à s’investir dans son réseau quand sa coopérative a fusionné pour former VIVACO. « Même si j’avais décidé de ne plus siéger au conseil, je voulais rester au courant des affaires de ma coopérative, fait-elle savoir. C’est pour ça que j’ai accepté, en 2019, de participer en tant qu’ambassadrice à des activités, entre autres à la Tournée du président et à l’assemblée annuelle de La Coop fédérée. »

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Une réflexion bien pensée!

Par ses fusions de coopératives, le projet Vision 2020 du réseau La Coop promet une plus grande solidité des entreprises. Mais qu’adviendra-t-il de la cohésion sociale dans ces structures élargies? Si on se distancie de sa coop et qu’on ne connaît plus son monde, comment maintenir le sens de la solidarité et de l’entraide? Il faut sans tarder redynamiser la vie associative en assurant des relais.

Le questionnement était à propos. Quelle gouvernance mettre en œuvre pour assurer la pérennité du réseau et une fidélisation des membres? Comment mobiliser les forces afin qu’il existe une réalité coopérative globale, toujours bien ancrée dans le territoire?

« Nos élus ont opté pour un processus d’amélioration continue de la gouvernance, et des objectifs clairs ont été formulés : il faut assurer une bonne représentation du sociétariat dans les instances de La Coop fédérée ainsi qu’une remontée efficace des informations du terrain », indique Colette Lebel, directrice des Affaires coopératives à La Coop fédérée.

La première action entreprise a été la réforme du découpage territorial du Québec. La Coop fédérée a fait passer de 15 à 5 son nombre de territoires régionaux. Elle a ainsi équilibré la représentation de chacun de ses territoires et aligné le modèle sur les coopératives consolidées dans le projet Vision 2020. Puis, elle a créé une nouvelle forme de gouvernance : une gouvernance participative, construite à partir de cercles de producteurs membres, parmi lesquels seront choisis des ambassadeurs. Le cercle de producteurs est l’unité de représentation de base. L’objectif consiste à former 152 cercles de 150 producteurs (voir, au sujet du nombre 150, le billet de Colette Lebel, dans l’édition de septembre 2019), qui éliront chacun cinq ambassadeurs, dont deux seront désignés pour siéger à l’assemblée générale annuelle de La Coop fédérée.

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« Il y a eu beaucoup de fusions de coopératives au cours des dernières années, mais le nombre d’administrateurs par coop est le même, ce qui fait moins d’administrateurs représentés à La Coop fédérée », fait remarquer Véronique Guay. La nomination d’ambassadeurs permet de mener des activités plus représentatives. L’ambiance est plus intéressante quand il y a plus de gens informés et désireux de promouvoir le réseau. « Le rôle de l’ambassadeur est un rôle de courroie de transmission entre l’administration, le conseil et les producteurs sur le terrain. »

« J’ai toujours été très active sur le terrain, dit Danielle Cadotte, productrice communicative et convaincante. On me confiait des problèmes, et je trouvais les ressources et les personnes à contacter. Moi-même, je ne suis pas gênée d’appeler à ma coopérative, au lieu de chialer dans ma cour et de me plaindre que les choses n’avancent pas. »

L’agronome Pascal Alary et son fils Guillaume sont producteurs de grandes cultures à Repentigny, dans la région de Montréal. Depuis près de 2 ans, Pascal se consacre à temps plein à son entreprise, après avoir passé plus de 30 ans comme professionnel dans le réseau La Coop, notamment à titre de gestionnaire au développement. Le céréaliculteur de 55 ans est ambassadeur pour la coopérative Novago depuis l’été 2018. « C’est dans mon ADN profond, dit-il. J’avais le désir de continuer à m’impliquer et de promouvoir la réussite d’un réseau qui se transforme et qui veut bâtir un partenariat fort avec les producteurs, spécialement avec la relève agricole. »

Danielle veut améliorer les façons de faire tant dans sa coopérative que dans le réseau. « Le conseil d’administration est à l’affût de beaucoup de choses, dit-elle, mais il ne peut pas être partout en tout temps. Beaucoup de petits détails peuvent se régler hors CA, mais il faut pouvoir dire ce qui se passe. Par exemple, des membres trouvaient que le formulaire de vente de grains était très complexe. J’en ai fait part au directeur général, et la coopérative s’est aussitôt penchée sur la question. »

Il faut faire part de ses insatisfactions, quoi? « Et de ses satisfactions aussi, répond-elle avec enthousiasme. AgConnexion*, c’est merveilleux. Perfectible, oui, mais utile. Je convaincs plein de gens de l’utiliser. Ça fait des prodiges. Ça va dans les deux sens. Ce qui va bien, la direction aime l’entendre aussi. Nous sommes les yeux et les oreilles sur le terrain pour améliorer les choses. »

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« C’est une formule qui me permet d’en connaître plus sur les différents projets et d’aider les différents intervenants à rayonner pour créer le fameux effet “wow” auprès des membres et de leur relève, ajoute Pascal Alary. Une humble implication qui permet d’être proche des gens, des producteurs et de ceux qui ont à cœur tout le succès de notre coopérative. »

Simon Beaulieu est producteur de lait, pêcheur d’anguilles et administrateur chez Avantis Coopérative. « Notre territoire s’est beaucoup agrandi avec la fusion des coopératives qui a formé Avantis, souligne l’ambassadeur de 47 ans, établi à Rivière-Ouelle et propriétaire de la Ferme L’Ansillon senc. On s’est demandé comment ne pas perdre la proximité avec les membres. »

Comme Danielle Cadotte, Simon a goûté à la recette Agropur avec son réseau d’animateurs, et dont il fait partie. « Chez Avantis, on voulait un peu s’inspirer de ce modèle qui fonctionne bien », indique ce producteur qui a participé à l’une des premières moutures du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA), et qui coordonne le réseau d’ambassadeurs de sa coopérative.

Initiative originale, un comité de vie coopérative, mis sur pied à l’époque par Dynaco, une des coopératives fondatrices d’Avantis, se charge notamment de recruter les candidats au FCARA, ainsi que les ambassadeurs (actuellement au nombre de 40).

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Engagez-vous!

« Pour s’engager auprès de sa coopérative, il faut s’y intéresser, bien sûr, et avoir un peu de temps pour le faire, indique Danielle Cadotte, qui n’est pas issue du milieu agricole. Ce sont de belles activités, c’est enrichissant : AGA, Tournée du président, assemblée semestrielle, formation. C’est le fun de côtoyer des gens de tous les âges, hommes et femmes. Il y a aussi des jeunes qui sont ambassadeurs. Il y a du vécu. Et on n’est pas obligé de tout connaître; au contraire, on est là pour apprendre. »

Danielle est secrétaire d’une CUMA depuis 1995 et siège au conseil de la coop de santé de Sainte-Thècle depuis sa fondation, en 2003. Avant d’être ambassadrice, elle ne connaissait pas réellement bien La Coop fédérée et son réseau. « Je trouve mon rôle hyper-intéressant, s’exclame-t-elle. Je prends connaissance des développements de ma coopérative, de son étendue, de la coopération. C’est une entreprise, mais ce sont des gens, aussi. Je jase avec tout le monde, peu importe le poste. Ça apporte beaucoup sur le plan social. Et ça nous éveille à d’autres réalités, car dans les évènements on côtoie des gens de toutes les régions. La barrière, c’est nous qui nous la mettons! »

En revanche, pour une personne seule à la ferme et débordée, il peut être dur de se libérer une journée complète à l’occasion. C’est le plus grand frein, croit Danielle Cadotte. Les coopératives offrent une indemnité journalière. Libre à chacun de l’utiliser au mieux selon sa situation : payer quelqu’un pour s’occuper des enfants, de la ferme, des récoltes, afin de permettre de se libérer, suggère la productrice.

L’enthousiaste Véronique Guay, gestionnaire de la ferme laitière Provetaz, à Compton, est aussi d’avis que l’on a beaucoup à apprendre de la diversité. Aujourd’hui âgée de 45 ans, elle s’était engagée très jeune au conseil de sa coopérative, une expérience qu’elle qualifie de fort enrichissante.

L’appel à s’impliquer a aussi été entendu par Marie-Luce Simard, productrice agricole de 38 ans, qui a accepté de remplir les fonctions d’ambassadrice à Novago Coopérative. « C’est important de s’engager auprès des entreprises qui travaillent pour nous, et dans une coopérative, ce l’est encore plus », déclare-t-elle. Aussi membre d’autres coopératives, elle n’hésite pas à dire ce qu’elle pense et à relayer la voix des producteurs qu’elle représente pour faire avancer les choses. Quelques producteurs l’ont d’ailleurs appelée pour lui poser des questions et lui faire part de commentaires sur le fonctionnement de la coopérative depuis les fusions.

Marie-Luce est ambassadrice depuis un peu plus de six mois. Elle et son conjoint exploitent une ferme laitière d’une centaine de têtes, comptant environ 120 ha en céréales et un peu plus de 160 ha en fourrages, à Vassan (secteur de Val-d’Or), en Abitibi. Ils ont deux ados, de 14 et de 11 ans.

« Le temps pour s’engager, on le prend, dit-elle. Avec les technologies et la participation à distance, il y a des possibilités qui s’ouvrent. Aller à des rencontres à Montréal, pour moi, ça va être difficile – surtout dans la prochaine année, avec notre projet de construction. En région, je participe et j’essaie d’emmener des gens avec moi, pour que tout le monde soit informé. »

Marie-Luce s’efforce aussi d’expliquer le contexte agricole en région. Il lui importe que toutes les réalités soient reconnues et bien représentées. Sa participation récente à une rencontre d’ambassadeurs de son secteur avec les dirigeants de sa coopérative l’a enthousiasmée. « Ils font preuve de transparence et d'ouverture aux nouvelles idées, dit-elle. C'était comme participer à un mini-CA. »

Âgé de 33 ans, cela fait déjà 10 ans que Pascal Hudon s’engage dans sa communauté. Administrateur de la coopérative Dynaco, conseiller municipal de Saint-Anne-de-la-Pocatière, membre du conseil exécutif de l’UPA, président de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), ce jeune producteur laitier, propriétaire de la Ferme Lizovais enr. et membre d’Avantis, a voulu poursuivre sur cette lancée en devenant ambassadeur. « J’ai voulu continuer cette belle expérience d’implication dans mes organisations, dit celui qui occupe cette nouvelle fonction depuis février dernier. Je suis encore en mode découverte et apprentissage! La formation de cercles de producteurs devrait prendre forme sous peu. Ça facilitera les échanges et la transmission des informations de la coopérative vers la base. »

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Ambassadrice, ambassadeur, moi?

Le profil de l’ambassadeur est relativement simple. C’est un coopérateur qui aime les gens, est capable de donner son point de vue, souhaite développer son leadership et ses capacités de communication. Il complète bien le groupe d’ambassadeurs, pour assurer une bonne diversité de représentation et la parité des genres. Bref, il désire apporter sa contribution, mais ne souhaite pas, du moins dans l’immédiat, siéger à un conseil d’administration.

« L’ambassadeur est suffisamment bien informé pour répondre aux questions des membres, tout en étant moins pointu dans ses propos, parce qu’il ne siège pas quotidiennement au conseil », indique Véronique Guay, qui aimerait encourager les jeunes à s’investir comme ambassadeurs.

Elle ajoute : « Depuis plusieurs années, ça évolue énormément. Avec les fusions, c’est vraiment différent. Les coopératives veulent devenir de plus en plus fortes. La Coop fait beaucoup de promotions et elle est pleine d’énergie. C’est un très beau réseau, et j’encourage les jeunes à s’y investir*. Il y a des jeunes entrepreneurs qui sont bien scolarisés, formés, et ils ont plein de belles connaissances à apporter. Ce serait intéressant qu’ils puissent s’investir aussi! »

 

Rôle et privilèges des ambassadeurs

Les ambassadeurs du réseau La Coop sont des membres nommés ou élus. « On n’a pas besoin d’être proposé en assemblée pour devenir ambassadeur, mais il faut quand même poser sa candidature », explique Danielle Cadotte. Ils assurent un rôle de courroie de transmission entre leur coopérative et ses membres, et représentent les intérêts des membres de leur cercle aux assemblées annuelles de leur coopérative et de La Coop fédérée. Ils sont un canal de diffusion de l’information des dirigeants vers la base, mais ils portent aussi la voix des membres auprès du conseil d’administration de la coopérative. Les ambassadeurs sont donc un élément structurel de la vie associative du réseau La Coop.

Vus autrement, ils sont les antennes du réseau. Leur créativité est d’ailleurs mise à contribution. Ils participent au dialogue, donnent des informations en retour sur les services et produits de même que sur les évènements commerciaux et associatifs. Ils contribuent ainsi à la réussite de leur coopérative et à son développement, et s’impliquent pour en corriger les lacunes. Ils accompagnent la consolidation du réseau La Coop, tout en préservant la proximité des membres avec leur coopérative et leur sentiment d’appartenance envers elle.

L’ambassadeur est invité à la Tournée du président de La Coop fédérée et peut faire partie du bassin de délégués à l’assemblée générale annuelle de La Coop fédérée. En effet, sur les cinq ambassadeurs de chaque cercle, deux sont désignés pour assister à cette AGA, d’où un effectif de quelque 300 ambassadeurs.

En outre, un ambassadeur reçoit périodiquement de l’information privilégiée : rapports trimestriels de la coopérative, renseignements sur les orientations et activités de celle-ci, et informations provenant de La Coop fédérée. Il pourra également recevoir de la formation afin de développer son leadership et ses capacités de communication, pour pouvoir ensuite organiser et animer des rencontres à l’intention des membres du cercle.

 

Les meilleurs pratiques des coopératives 
  • Instaurer des cercles de producteurs.
  • Nommer un président pour chaque cercle de producteurs.
  • Mettre sur pied des comités régionaux (un par région-administrative) composés des ambassadeurs de chacun des cercles.
  • Informer les membres de son cercle sur divers sujets en lien avec la coopérative.
  • Mettre sur pied un comité de vie coopérative pour recruter les candidats au FCARA, ainsi que les ambassadeurs.
  • Faire une rotation annuelle des ambassadeurs et, à la limite, ne pas avoir un même ambassadeur plus de deux ans de suite, afin d'engager dans la gouvernance le plus de membres possible. 
  • L’ambassadeur sert de référence auprès des membres pour transmettre l’information.
  • L’ambassadeur assiste aux réunions et retransmet dans son milieu les informations reçues, dans le but de faire remonter aux dirigeants les préoccupations et commentaires des membres.

 

Pour en savoir plus ou signaler votre intérêt, communiquez avec :

 

VIVACO groupe coopératif

Line Levasseur

levasseurl@vivaco.coop

819 758-4770, poste 632

 

Novago Coopérative

Valérie Ouellet

valerie.ouellet@novago.coop

418 473-1008

 

Avantis Coopérative

Nancy Lévesque

nancy.levesque@avantis.coop

418 856-3807, poste 102

 

* AgConnexion, plateforme mise au point par Sollio Agriculture, propose un espace de gestion de la ferme qui regroupe tous les outils numériques conçus pour optimiser l’efficacité et la rentabilité de l’entreprise agricole.

*Soulignons que le réseau se penche également sur la question de la parité au sein des organisations.

 

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop