RDV de la relève agricole : cultiver notre avenir coopératif
La grande rencontre de la relève coopérative agricole est venue inspirer et soutenir les jeunes producteurs pour bâtir une agriculture durable.
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Coopérer, l’humain le fait depuis la nuit des temps. Naturellement. Instinctivement. Dans toutes les sphères de la société. Mais les forces du marché et la concurrence nous poussent parfois à dériver vers l’individualisme. Comment renverser la vapeur?
Cultiver notre avenir coopératif, le thème du Rendez-vous de la relève agricole, organisé par Sollio Groupe Coopératif, le Mouvement Desjardins, Agropur coopérative et la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), le 1er décembre dernier, à Lévis, prenait justement tout son sens par les temps qui courent.
De nombreux jeunes de la relève se sont rassemblés à la Cité Desjardins pour cet événement porteur de sens et d’espoir. Panel, conférences, ateliers et témoignages ont ponctué cette journée qui s’inscrivait pleinement dans l’Année internationale des coopératives.
Coopération et entraide
Les jeunes qui font alliance tirent un bénéfice appréciable de leurs coopératives, des associations de personnes qui contribuent à la pérennité de chacun.
Nicolas Ruel, propriétaire d’une ferme laitière, porcine, acéricole et de grandes cultures à Saint-Charles de Bellechasse, et participant au Rendez-vous, a souligné au Coopérateur comment la coopération l’a aidé à faire progresser son entreprise. « Être bien entouré par des experts-conseils qui mettent à notre disposition des ressources dans différents secteurs d’activité nous aide à progresser et à atteindre nos buts, dit-il. La coopération, chez nous, c’est une histoire de famille. Cette journée a été super enrichissante. Ça nous fait penser différemment et ça nous donne aussi le goût de continuer dans la coopération. J'en ai profité pour faire du réseautage, faire des contacts avec des gens que je ne connaissais pas ou que je ne vois pas souvent. La programmation était très intéressante. L'expérience des panélistes nous a fait voir des points de vue différents. Je n’ai que de bons mots pour la coopération. »
Plus que jamais, il nous incombe de porter les valeurs de ce modèle d’affaires toujours plus prometteur. L’entraide est une valeur sûre et incontestable. L’union et le sens du partage sont au cœur de la coopération.
Sans jeunes passionnés pour reprendre le flambeau, notre agriculture risque fort bien d’en pâtir, comme l’a souligné Roger Massicotte, président d’Agropur: « Pas de relève, tout meurt », a lancé celui qui a rappelé du même souffle que les coopératives sont chaque fois nées d’un besoin collectif du milieu.
« S’engager dans sa coopérative et dans sa région fait de nous de meilleurs gestionnaires dans nos propres entreprises agricoles, a appuyé Richard Ferland, président de Sollio Groupe Coopératif, participant également à ce panel animé par Alexane Drolet. Cela permet d’échanger, d’apprendre et de briser l’isolement. »
« Des études ont démontré que les producteurs membres d’une coopérative vivent généralement moins d’anxiété que ceux qui ne le sont pas », a d’ailleurs indiqué Claude-André Guillotte, directeur de l'Institut de recherche et d'éducation pour les coopératives et les mutuelles de l'Université de Sherbrooke.
« Coopérer, c’est se prendre en charge. Ce mouvement auquel vous participez n’est pas un petit mouvement, il est essentiel, a-t-il lancé à l’auditoire. Dans le monde, on compte 3 millions de coopératives, dont 1,2 million de coopératives agricoles, soit 40 %. Au Québec, on dénombre 212 coopératives agricoles et de pêcheurs.
Faire vivre le modèle
Mais pour faire vivre ce remarquable écosystème, il faut s’impliquer, a fait valoir Claude-André Guillotte. Un geste signifiant qui nous fait porter quatre chapeaux, celui d’usager, de membre, de propriétaire et d’investisseur. « On devient des codécideurs de l’avenir de l’entreprise. Et c’est pourquoi les coops durent dans le temps. On gère bien l’argent. On ne gamble pas. La coop n’est pas là pour la ristourne. Elle est là pour vous aider. Elle est le prolongement de votre ferme. Elle entreprend autour d’un projet économique. Elle est là pour les prochaines années », a-t-il souligné.
Samuel Beauregard, propriétaire d’une ferme laitière biologique à Weedon, en Estrie, a décidé de s’impliquer en siégeant au conseil d’administration de sa coopérative d’utilisation de matériel agricole. Samuel, qui a su tirer profit de connaissances nouvelles sur la coopération en participant à cet événement, est également membre d’Agropur et de coopératives d’approvisionnements en intrants. « Ça m’apporte plusieurs éléments positifs pour faire croître mon entreprise », mentionne le jeune producteur.
Productrice de lait à Saint-Victor-de-Beauce, Jacinthe Champagne estime profiter de prix de marché plus avantageux avec sa coopérative. Le volet communications importe beaucoup pour elle. « Les échanges avec les différentes personnes au sein de la coopérative, leurs expertises nous apportent beaucoup. En plus, c’est important d’assister à des journées comme celle-là. Ça nous fait sortir de chez nous. Renforcer des liens avec des gens qu’on ne voit pas souvent. »
La diversité est à favoriser, a pour sa part indiqué Jean-Yves Bourgeois, premier vice-président Services aux entreprises chez Desjardins. Une diversité solidaire, où l’on se dit les vraies choses et qui ouvre la porte à une réflexion sur la façon dont les jeunes peuvent se projeter dans un avenir inclusif, en s’appuyant sur les valeurs coopératives et le partage d’expérience.
« On s’adapte aux besoins de nos membres. Il faut écouter pour outiller », a mentionné en substance David Beauvais, président de la FRAQ.
La coopération agricole : pour amener son entreprise plus loin
Pour Jean-Philippe Côté, producteur laitier, administrateur chez VIVACO groupe coopératif et Sollio Groupe Coopératif, et vice-président de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) de l’Estrie, adhérer à une CUMA a permis de libérer du capital pour l’investir dans des actifs productifs plutôt que de la machinerie : des terres, du quota et des bâtiments mieux adaptés à son troupeau laitier. « La CUMA met à notre disposition de l’équipement dernier cri qui nous permet de faire nos travaux plus rapidement, soutient-il. De plus, travailler ensemble m’a amené à mieux savoir comment faire des plans d’affaires, à gérer la main-d’œuvre et la rémunération. »
« La CUMA nous permet de faire ce qu’on fait de mieux, produire, partage Nadine Groulx, acéricultrice, administratrice au Mouvement Desjardins et présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, qui participait au panel animé par Andréa Renaud, directrice des Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif. Faire partie d’une coopérative donne du levier aux entreprises. On fait partie d’une chaîne de valeurs. On va chercher des habiletés, de l’expertise. Ça ouvre l’esprit, ça stimule la créativité pour trouver des solutions. Il faut aussi savoir dire à notre coop ce dont on a besoin, pour qu’elle nous ressemble et réponde à nos besoins. Et pour cela, il faut s’y engager. »
Même son de cloche du côté de Marie-Pier Béliveau, acéricultrice, administratrice chez VIVACO groupe coopératif et Sollio Groupe Coopératif. « S’impliquer peut faire une différence pour demain. On peut changer les choses. Un CA diversifié nous amènera plus loin », résume-t-elle.
Enfin, Élise Gagnon, agronome, experte en outils technologiques et agriculture durable chez Sollio Agriculture, cherche à créer de la valeur pour les membres producteurs et productrices. En offrant des solutions pertinentes, en créant de la valeur et des bénéfices pour leurs entreprises, en transférant l’innovation sur le terrain, en moyens concrets.
Témoignage de transfert de la Ferme Counard
Mathieu Couture, Danielle Breton et leurs enfants Marie-Pier et Félix ont conclu cette journée de la relève par un témoignage inspirant. Les forces de chacun au sein de l’exploitation agricole que cette famille de la Beauce a mise sur pied sont exploitées au mieux et contribuent à son succès. Ouverture d’esprit, valeurs, engagement, compétences, respect, reconnaissance, équilibre travail famille et plaisir favorisent une solide cohésion et des résultats qui font prospérer le patrimoine de l’entreprise.
Les jeunes, il faut s’assurer de les avoir près de nous, se sont entendus pour dire les panélistes et conférenciers. En matière de gouvernance, il est nécessaire de donner une voix à la relève. Il est essentiel d’entretenir un dialogue ouvert avec les jeunes. Les nouvelles idées, c’est en bonne partie d’eux qu’elles viendront. Ne craignons pas le changement!