Aller au contenu principal

Ferme Gilles Bédard : Stupeur et questionnements à Sainte-Rose-de-Watford

Rigueur, minutie et un gros brin de folie! Voilà les ingrédients pour obtenir du succès en production porcine. Visite à la Ferme Gilles Bédard pour rencontrer l’homme du même nom. Et avis aux intéressés : ce texte se terminera par une annonce de ferme à vendre!

Pas facile, le porc : ça pue, ça grogne, ça demande une routine exemplaire. Rien pour effrayer Gilles Bédard, qui voit bien du positif dans son domaine, au point d’y exceller. Au dernier concours des Groins d’argent, l’homme de la Ferme Gilles Bédard, sous contrat avec La Coop Ste-Justine, a remporté la plaque argentée dans la catégorie Naisseur-finisseur. Des preuves de ses performances? Que dire de 26,4 porcelets sevrés par truie productive par année? Ou d’un gain moyen quotidien technique ajusté (6-135 kg) de 793 g par jour? Ou d’une conversion alimentaire technique ajustée (6-135 kg) de 2,37?

« Polyvalence-valence-lence » : le mot résonne en écho dans les Appalaches, où est nichée l’entreprise. « La catégorie Naisseur-finisseur se compare au triathlon, illustre l’agronome Stéphane Lapierre, directeur agroéconomique chez Olymel. Il faut être performant à la fois en maternité, en pouponnière et en engraissement, et réussir à combiner tous les facteurs clés de réussite, comme la santé, la biosécurité et la régie d’élevage. »

Qu’en pense le triathlonien Bédard? Il reste incrédule quand on lui demande les raisons de son succès. Une expression de stupeur fige même le visage de l’homme, assis dans la cuisine où la conversation se déroule. Modestie? Oui, mais non. Comment expliquer quelque chose de naturel, d’inné? Deux exemples : l’éleveur sait que les truies savent qu’il a changé d’antisudorifique quand elles grognent, hésitantes à reconnaître leur porcher préféré. Pareillement, l’homme a ce sixième sens pour sentir, sur les poils de ses avant-bras, si la ventilation n’est pas bien ajustée par un jour de grand vent sur le haut de la butte où est perché le bloc regroupant l’engraissement, la pouponnière, la mise bas et la gestation. Quand il était producteur laitier, jusqu’en 2002, Gilles avait cette même sensibilité aux signes des vaches, ce je-ne-sais-quoi qui ne s’enseigne dans aucune école d’agriculture.

Dévoué, l’éleveur pousse l’audace de la productivité en réalisant non pas les 17,33 bandes d’une année entière, mais bien 18, s’astreignant à mener à terme l’ultime bande quand cela convient, que ce soit un dimanche, à Noël ou à la Saint-Valentin! La ferme de 175 truies et de 1810 porcs-places (pouponnière et engraissement) est gérée en bandes espacées de trois semaines (sevrage à 20,3 jours).

« Gilles est très, très strict avec ses listes de tâches, lance sa conjointe d’origine colombienne, Yannin. Il ne quitte pas la porcherie tant que tout n’est pas fait impeccablement. D’ailleurs, il est un maniaque du lavage! » Le crack corrobore : « J’ai appris à laver de 1985 à 1991, quand je travaillais à l’abattoir de poulets de Saint-Anselme. Si l’inspection révélait une plume oubliée, les responsables arrêtaient la chaîne et on recommençait! »

Mario Goupil du Centre de Services Québec Chaudière-Appalaches, qui conseille les membres de La Coop Ste-Justine, est impressionné par la qualité des installations. « Malgré le fait que la ferme ait été construite en 2000, elle a toujours été bien entretenue par Gilles, qui est très autonome. » Soudage, plomberie, électricité : l’éleveur est capable de tout installer, bricoler, rafistoler – même des contrôleurs électroniques.

Géopositionnement

Deuxième rang, à Sainte-Rose-de-Watford. On croise bien une petite porcherie sur le chemin de la Ferme Gilles Bédard, mais la densité animale reste très faible. À une vingtaine de kilomètres de la frontière avec le Maine, on ne risque pas de croiser des camions d’équarrisseurs et de transporteurs d’animaux. « Un endroit idéal pour une maternité », assure Mario Goupil.

Malgré tout, n’entre pas qui veut dans la ferme! C’est 48 heures de délai, douche obligatoire, et encore. Le statut négatif pour le SRRP est cher aux yeux de Gilles, qui a planté sa porcherie loin des autres. S’il a récemment essuyé un petit épisode d’influenza, une vaccination est en train de résorber les symptômes. Les mots « chambre de fumigation » figurent sur les plans architecturaux de la ferme, qui datent de 2000, époque où le mot biosécurité commençait à faire partie du vocabulaire.

 

Lire l’article complet dans l’édition de septembre 2019 du Coopérateur.

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.