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Fermes Luko et Coporc 2000 : Pourquoi? Tout simplement!

Avantis Coopérative

« Si tu ne te poses pas de questions, comment peux-tu t’améliorer? » lance Éric Cossette. Voilà une façon de penser toute simple, mais qui peut mener loin. Parlez-lui-en, ainsi qu’à sa sœur Luce, respectivement propriétaires des fermes Luko et Coporc 2000, deux exploitations d’engraissement porcin de Saint-Ubalde.

Comptant au total cinq bâtiments de 1000 porcs chacun, ces deux entreprises se sont classées, en 2021, en pleine pandémie de COVID-19, aux premier et deuxième rangs des membres de la Filière porcine coopérative, avec des indices d’efficacité en engraissement (IEE) de 254,52 et de 253,93. En plus, cela fait une bonne décennie que les deux fermes caracolent dans les dix premiers rangs.

Grève à l’abattoir d’Olymel de Vallée-Jonction, quantité ahurissante de porcs en attente, pénurie de main-d’œuvre : rien n’allait plus durant le pic de la pandémie. Au cours de ce triste épisode, Éric et Luce ont tiré leur épingle du jeu, car ils s’en tenaient à leur plan d’action de toujours : une rigoureuse gestion de leurs installations. « Lorsqu’un problème se présente, on se pose constamment des questions, dit Éric. Pourquoi, pourquoi, pourquoi? On veut aller au fond des choses, comprendre ce qui ne va pas et y remédier dès que possible. » Comme le dit l’adage : pour obtenir ce que l’on n’a jamais eu, il faut faire ce que l’on n’a jamais fait…

Les producteurs investiguent donc sans cesse et procèdent par de multiples essais et erreurs. Ils en arrivent ainsi à des solutions originales et bien souvent uniques. « Ils sont avides d’information et de changement, confirme l’agronome Éric Nadeau, expert-conseil chez Avantis Coopérative. Ils s’adaptent, mais ils sont avant tout hautement proactifs. »

Prendre les devants

La crise des porcs en attente n’a que peu affecté les performances des fermes Luko et Coporc 2000. Éric et Luce avaient décidé d’expédier, dès 13 à 14 semaines d’élevage, 20 % de leurs porcs, soit tous ceux qui remplissent les conditions de poids requises. Dans un bâtiment de 1000 porcs, 200 prennent à cet âge le chemin de l’abattoir. Résultat? Les porcs restants évoluent dans un milieu moins tassé, favorable à leur croissance, sans qu’ils se marchent sur les sabots. C’est ce qu’Éric appelle le « syndrome de l’aquarium » : moins il contient de poissons, plus ils grossissent. « En 2021, le poids moyen des porcs de la Ferme Luko était de 149,4 kg, pour une mortalité d’à peine 2,6 % », fait savoir Éric Nadeau, qui entretient une étroite collaboration avec les deux éleveurs à forfait (voir l’encadré). « Chez Coporc, il a atteint 158 kg, pour une mortalité de 3,2 %. Dans ces conditions, c’était exceptionnel. »

Le 19 juillet dernier, lors du passage du Coopérateur, la température oscillait dans les 30°. Les porcs n’en semblaient pas incommodés et avaient l’air sereins. « Il y a 20 ans, le gain moyen quotidien était de 800 g, rappelle Luce. Il est aujourd’hui de près de 1100 g. Plus un porc mange, plus il dégage de la chaleur, qu’il faut pouvoir évacuer. » « La ventilation, c’est la clé, ajoute Éric. On l’a beaucoup améliorée ces deux dernières années : ajout de ventilateurs panier dans les allées et de ventilateurs de quatre pieds suspendus au plafond. Il faut que l’air circule partout, 24 h par jour. Un signe d’une bonne oxygénation qui ne ment pas? Un cochon propre, d’une belle couleur rosée. »

Des brumisateurs, qui aspergent les porcs d’une fine pluie, bonifient leur bien-être. Enfin, une disponibilité d’eau fraîche en abondance (avec l’ajout de deux suces à eau par parc de 46 porcs, en plus des abreuvoirs en trémie) et suffisamment d’espace mangeoire pour se rassasier comblent tous leurs besoins.

L’ajout de suces dans les parcs découle d’un problème qui causa beaucoup de soucis aux éleveurs. C’était il y a près d’une décennie. Un moment décisif qui jeta les bases de leur processus d’amélioration continue (voir l’encadré). Éric et Luce constatent alors que, durant l’été, leurs porcs mangent moins et traînent la patte. Une situation qui prolonge jusqu’à 2 semaines la durée de leur engraissement – sur 19 semaines, le manque à gagner est énorme. Qui plus est, ils perdent des porcs en fin de lot. Après de multiples observations, ils réalisent que de la moisissure s’accumule dans les trémies, et les toxines qui s’en dégagent nuisent à la santé et à la consommation des porcs. Lorsque les éleveurs leur ont permis de s’abreuver également ailleurs que dans la mangeoire, grâce aux nouvelles suces, la moulée s’est asséchée et leur est apparue nettement plus appétente. Le problème de moisissures était réglé. L’effet sur la conversion alimentaire a été immédiat.

En somme, Luce et Éric favorisent les conditions qui maximisent la prise alimentaire. « Réussir en engraissement, c’est un tout, conclut Éric. Et on essaie tout, car un porc qui est bien te le rend bien. Les porcs sont logés dans un cinq-étoiles, ici! »

Photo par Patrick Dupuis : Éric et Luce Cossette

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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