Aller au contenu principal

EstimEau : un outil Web pour connaître ses besoins en eau et prévenir les conflits d’usage

Lancé en février 2024, l’outil Web EstimEau vise à mieux connaître la vulnérabilité des entreprises face au stress hydrique. « Il permet d’estimer les besoins en eau et les quantités disponibles situées près de l’entreprise », indique Carl Boivin, agronome et chercheur à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA).

Ceci est la quatrième partie d'un dossier de cinq articles.



L’outil géolocalise la ferme par bassins versants. Il peut mesurer les quantités d’eau de surface et souterraine en puisant dans une vaste banque de données historiques1. « EstimEau ne remplace pas des études hydrologiques sur le terrain, mais il donne un bon aperçu de la situation », poursuit Carl Boivin.

Au moment où les producteurs maraîchers, voire de grandes cultures, font appel à des systèmes d’irrigation, EstimEau peut déterminer les besoins en eau de 81 systèmes culturaux, mais également de huit types d’élevage, dont le secteur porcin.

Grâce à un tutoriel en ligne, l’outil Web est facile d’utilisation2. Il aide principalement à relever les sources d’eau de l’entreprise (puits, autres) et il calcule l’eau nécessaire pour l’abreuvement des bêtes et le nettoyage des installations.

Les besoins en eau vont évidemment dépendre du type d’élevage – maternité, pouponnière, engraissement –, mais également du nombre d’animaux élevés par an ou par cycle, de leur poids final (plus ils sont gros, plus ils boivent), de la saison (les porcs et les truies boivent beaucoup plus en été qu’en hiver), du type de bâtiment et de lavage (eau chaude ou froide).

Une fois que le producteur a rempli le questionnaire en ligne, l’outil dresse un bilan de la situation, soit les apports en mètre cube d’eau de la ferme moins les besoins mensuels, en une quinzaine de minutes. À la lumière de ces renseignements, l’éleveur peut décider de se constituer une réserve d’eau s’il est déficitaire dans certains mois caniculaires que peuvent être juin, juillet, voire août.

Il est prévu d’améliorer la version actuelle d’EstimEau en 2025. Le calcul de l’eau nécessaire au refroidissement des bêtes durant les canicules, qui peut représenter 10 % à 15 % des besoins, n’est pas encore compris dans l’outil, indique Carl Boivin.

De plus, l’outil, qui veut en être un de prévention des conflits d’usage, ne calcule pas les volumes d’utilisation puisés dans les sources d’eau disponibles par des entreprises voisines, qu’elles soient agricoles, industrielles ou municipales. « Le seul à avoir l’information globale pour être en mesure d’éviter des conflits d’usage est le ministère de l’Environnement », conclut le chercheur.

1 https://irda.blob.core.windows.net/media/9041/rfinal_estimeau_21-001-ge-irda_volet1.pdf
2 https://www.youtube.com/watch?v=9p1xiBc7u7E

Photo : ExposeImage



Lisez les autres articles du dossier « Québec caniculaire : la grande soif porcine »

Nicolas Mesly

Nicolas Mesly est journaliste, agronome (agroéconomiste) et photographe. Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de 30 reprises. Auteur, conférencier, documentariste, il collabore entre autres au Coopérateur, à l'émission radio Moteur de recherche/SRC et il est correspondant canadien pour le journal La France Agricole.
nicolasmesly@gmail.com
Nicolas Mesly est journaliste, agronome (agroéconomiste) et photographe. Les associations de presse du Canada ont récompensé son travail journalistique et photographique à plus de 30 reprises. Auteur, conférencier, documentariste, il collabore entre autres au Coopérateur, à l'émission radio Moteur de recherche/SRC et il est correspondant canadien pour le journal La France Agricole.