Une diminution du nombre de porcs et d'éleveurs

Le nombre de porcs abattus au Québec a diminué de 1 million entre 2020 et 2023, et près de 200 éleveurs devraient quitter la production.

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Ferme porcine vue des airs

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Nicolas Mesly

Agronome et journaliste

Nicolas est journaliste, agroéconomiste, auteur, conférencier et documentariste.

Il faut avoir la couenne dure pour être un éleveur de porcs. Jean-François Roy en est la preuve. En affaires depuis 26 ans, il a dû refinancer son entreprise deux fois sous le regard inquiet des banquiers.

La production est cyclique et des 12 éleveurs qu’ils étaient dans sa région, ils ne sont plus que deux. « C’est tombé comme des soldats », explique le président de la Filière porcine coopérative.

L’éleveur produit annuellement quelque 12 000 porcs, dont 5000 sont vendus au poids de 25 kg à un autre producteur. Les 7000 autres étaient expédiés à l’abattoir d’Olymel à Vallée-Jonction, fermé en décembre 2023. Ces animaux ont été redirigés vers l’abattoir de Saint-Esprit dans Lanaudière. Depuis 2020, Olymel, qui abat 70 % des porcs au Québec, a été mis à mal par la pandémie, le manque de main-d’œuvre, une grève et la fermeture du marché chinois. Outre la fermeture de l’abattoir, l’entreprise a dû fermer, entre autres, des usines de surtransformation à Blainville et à Laval.

« Les éleveurs ont concédé un rabais oscillant entre 40 $ et 50 $ par porc pour aider l’entreprise à traverser cette crise sans précédent », explique Jean-François Roy. Au début 2023, les pertes d’Olymel accumulées dans le secteur du porc frais depuis deux ans se chiffraient à 390 millions $, rapporte La Presse. Cette même année, les compensations de l’ASRA, financées au tiers par les producteurs et aux deux tiers par l’État, ont atteint 381 millions $, un record depuis 2009.

Le nombre de porcs abattus au Québec est passé de 8,4 millions en 2020 à 7,3 millions en 2023. La nouvelle convention de mise en marché entre les acheteurs, dont Olymel et les Éleveurs de porcs du Québec, négociée à l’aide d’un conciliateur en avril 2023, prévoit une entente de réduction supplémentaire de la production.

Quelque 190 éleveurs ont adhéré au plan de retrait temporaire d’une durée de cinq ans en 2023 et en 2024 afin de diminuer la production québécoise de 690 000 porcs et de s’ajuster au marché, précise le président de la Filière porcine coopérative, Jean-François Roy.

Lisez les autres articles du dossier « Québec caniculaire : la grande soif porcine »

Écoutez également l'épisode « L'eau en production porcine avec Jean-François Roy » du Coopérateur audio, disponible sur toutes les plateformes de balados.

Cet article est initialement paru dans le magazine Coopérateur d'octobre 2024.

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