Dans ce nouvel épisode du Coopérateur audio, Charles Bérard, producteur en grandes cultures de la Ferme SCJ Bérard, revient sur la saison 2024.
On en profite pour parler de sa production et de ses méthodes culturales (semis directs, cultures de couverture, choix de variétés en soya et maïs). Restez attentif jusqu'à la fin : un nouveau segment vous attend.
Bonne écoute!
Transcription de l'épisode
Patrick Dupuis: Bonjour et bienvenue à ce premier épisode de la deuxième saison du Coopérateur audio. Je m'appelle Patrick Dupuis et je suis votre animateur. Pour cette deuxième saison, un nouveau segment a été ajouté à la fin de chaque épisode. Restez jusqu'à la fin pour découvrir cette nouveauté avec Andréa Renaud, directrice des Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif. Aujourd'hui, on fait un retour sur la saison 2024 en grandes cultures à la Ferme SCJ Bérard à Saint-Barthélemy, membre de Novago Coopérative. Je suis en compagnie de Charles Bérard. Bonjour Charles.
Charles Bérard: Bonjour Patrick.
Patrick Dupuis: D'abord, peux tu nous faire le portrait de ton entreprise?
Charles Bérard: Dans le fond, nous, on est une entreprise de grandes cultures et volaille. On cultive sur environ 800 hectares, puis on élève environ 150 000 volailles par période. On est une ferme qui œuvre principalement en semis direct. Travail minimum du sol et puis on essaie de travailler beaucoup avec les cultures de couverture et tout ce qui est en lien avec les bonnes pratiques culturales qu'on peut faire.
Patrick Dupuis: Quels types de cultures tu fais? Tu m'as mentionné...
Charles Bérard: On va faire du maïs, du soya, parfois le blé d'automne, orge brassicole, azukis et haricots de conserverie pour Bonduelle.
Patrick Dupuis: Depuis combien de temps tu fais du semis direct?
Charles Bérard: Je te dirais, d'après moi, qu'on a commencé, peut-être pas une dizaine d'années, mais pas loin d'une dizaine d'années. Au début, c'était des parcelles d'essai, la moitié d'un champ en semis direct, la moitié d'un champ en travail conventionnel à essayer de comprendre. On a vécu des grands échecs en semis direct dans les débuts, puis c'est de quoi qu'on voulait vraiment avancer vers, parce qu'on croyait beaucoup à la pratique du semis direct. On a continué à travailler dans ce sens-là. On a acheté un tasse-résidus il y a environ quatre ou cinq ans pour essayer de vraiment assécher nos sols, principalement au printemps, parce qu'avec les gros couverts de résidus de maïs, on avait de la difficulté à faire un bon semis dans nos retours de maïs. Dans le retour de Soya, ce n'était pas un problème. On réussissait relativement bien à faire un beau maïs ou un beau soya sur nos retours de soya, parce que la terre était belle, friable, puis bien asséchée au printemps. Mais sur les retours de maïs, on avait tout le temps de la difficulté à avoir un beau semis, parce qu'on était souvent soit trop pressés, parce qu'on voulait le faire en même temps avec un travail conventionnel. Dans le fond, on a pris le tasse-résidus Lamoureux. Maintenant, à l'automne, on essaie d'en passer le plus possible à l'automne pour assécher, que la base soit dégagée. Même s'il y a des feuilles qui se remettent dans la bande, ce n'est jamais autant comme si on ne le passait pas. Dans le fond, on passe ça à l'automne. Des fois, on le repasse au printemps, tout dépendamment de comment des feuilles qui se sont remis, puis le temps qu'on a aussi, puis la météo.
Patrick Dupuis: Si on revient sur la saison comme tel, Comment ça s'est passé dans tes différentes cultures?
Charles Bérard: On pourrait la qualifier comme pas mal de saison record au niveau des rendements. Tu sais, on peut parler d'un, selon moi, un 10 à 15 % minimum plus de rendement que les années, la moyenne des années précédentes. Oui, on a une saison de culture, je te dirais pratiquement parfaite. On a eu de l'eau au bon moment, on a eu de la chaleur une bonne partie de l'été. Je te dirais que ça a fait en sorte que les cultures étaient belles. On a eu peut-être un, un ou deux facteurs limitatifs selon moi, qui nous ont peut-être un peu nui sur les récoltes, tout dépendant des différents types de culture. On a eu des grosses grosses pluies nous ici en août. On a eu surtout, je ne me souviens plus de la date exacte, mais on a eu un 200 mm qui est tombé en 24 h. Ça a vraiment inondé certains champs. Ça, ça a entraîné dans le fond des fortes accumulations au niveau des champs, surtout les champs en bas de la côte. Parce qu'ici à saint Barthelemy, dans le fond, on est comme sur deux plateaux. Il y a un un plateau supérieur où on a, je te dirais, peut-être 50 % de nos superficies et l'autre plateau était inférieur dans le fond et plus au niveau du fleuve.
Charles Bérard: Malgré le fait qu'on n'est pas les plus basses terres qu'il y a à Saint-barthelemy, mais c'est plus au niveau du fleuve. Donc quand le plateau du haut s'est vidé d'eau, il a comme inondé le plateau du bas. Alors ç'a submergé certains champs vraiment en grande partie. Il y a des champs qu'on voyait à peine le soya à la grandeur du champ quand le soya avait deux pieds et demi trois pieds au mois d'aout là. Puis cette couche d'eau-là a amené beaucoup de limons sur les tiges. Puis ce limon-là est venu compliquer beaucoup la récolte. C'était très difficile sur les machines. Par chance, nous, dans notre entreprise, on n'en avait pas tant que ça des terres qui étaient inondées. Je te dirais un faible pourcentage. On n'avait pas 5 % des terres qui étaient comme ça. Mais j'ai des collègues et amis, dans le fond, qui ont eu des grandes superficies inondées. Ça a été beaucoup plus difficile.
Patrick Dupuis: Donc, ça, ça a été les plus grands enjeux.
Charles Bérard: Moi, je te dirais oui, gérer l'eau. Tu sais, dans les cultures plus sensibles, comme on peut penser aux azukis ou aux haricots extra-fins Bonduelle, qui n'aiment vraiment pas l'eau, ç'a été beaucoup plus difficile. Mais tu sais, on compare les rendements qu'on a eus dans les haricots extra-fins, je pense qu'on est capable de gérer quand même vraiment bien l'eau avec le semis direct. Et nous en plus, on fait un couvert végétal avant le semis des haricots. À peu près autour du 25 de mars, on est parti avec l'épandeur à engrais, puis on a mis du blé à l'intérieur de l'épandeur engrais. On a semé environ 100 kilos hectare de blé de printemps à la volée sur le sol gelé. Quand la neige était partie, le blé a décollé super bien. Je te dirais quand on est venu le temps, peut-être quinze jours avant le semis, parce qu'on a semé à peu près mi-juin mi-fin juin. Début juin, on est allés brûler le blé avec du glyphosate. Le blé était déjà en pleine épiaison. Il commençait son épiaison, le blé de printemps. Puis on a fait un brûlage, puis après ça, on a semé les haricots extra-fins directement dans ce beau pays-là. Je pense que ça aide beaucoup à la gestion de l'eau. Chaque fois qu'il y a des fortes précipitations, ça peut aider parce que tous les canaux racinaires que le blé fait, ben l'eau est beaucoup plus facile à emprunter ces créneaux-là. Je te dirais qu'on fait cette pratique-là depuis environ cinq ou six ans dans les haricots extra-fins, pis ça nous réussit bien à tous les ans, là.
Patrick Dupuis: Ça, ce sont les grands enjeux. Tu as parlé d'une très bonne année malgré tout. Donc est-ce que tes pratiques culturales, le type de travail de sol que tu fais, le semis direct par exemple, est-ce que ça a contribué à tes résultats?
Charles Bérard: Dans un certain cas, je pense que oui. Ayant pas de terre ou très très peu de terre en terrain conventionnel, c'est difficile de comparer. Puis tu sais, on a une terre en terrain conventionnel, en travail conventionnel, c'est pour en faire le nivelage ou le drainage. C'est le seul cas où on travaille une terre, dans notre cas à nous. Ce n'est pas nécessairement un retour de nivelage, ce n'est pas nécessairement notre meilleure année non plus. Dans le fond, tu sais, même après un nivelage ou un drainage, un travail de sol plus sévère, ce n'est jamais là qu'on sort nos meilleurs rendements. En tout cas, nous, sur l'entreprise, ce n'est jamais là qu'on est capable de sortir nos meilleurs rendements. Parce que tu sais, ça a bouleversé la terre quand même beaucoup. Comment comparer notre semis direct à un travail de sol? C'est difficile. D'après moi, on s'améliore avec le temps parce que notre structure de sol s'améliore beaucoup, beaucoup. Tu sais, on le voit nous autres, on sème beaucoup de seigle en bande après notre récolte de soya. Dans le fond, on sème deux rangs de seigle aux sept pouces et demi qui fait comme une bande de quinze pouces avec du seigle, puis une bande de quinze pouces sans seigle. Dans le fond, quand vient le temps de planter, de tasser nos résidus, d'arroser ou n'importe quoi, on roule tout le temps sur la bande où il y a le seigle, puis on sème dans la bande qui est dégagée.
Charles Bérard: Fait que on fait cette pratique-là, je te dirais, depuis environ quatre ans. Avant, on faisait du seigle en pleine terre, mais à cause de l'effet allélopathique du seigle et compagnie, on perdait beaucoup trop de temps au printemps parce qu'on attendait que le seigle soit complètement mort. Donc si on faisait notre brûlage, mettons autour du cinq, entre le 5 et le 10 mai, on ne pouvait pas semer notre seigle. Idéalement, c'est 10 à 14 jours après que l'effet peut pas être là. Ça fait qu'on retardait notre semis d'environ une dizaine de jours. Donc en le faisant en bande, on n'a plus cet effet-là. Fait qu'on peut quand même avoir la culture. Oui, c'est juste sur 50 % de la superficie, mais on se dit que c'est quand même bénéfique. Mieux que mieux que rien. Puis tous nos passages dans le fond se font sur les bandes de seigle. Puis en même temps, le seigle nous permet de valoriser notre fumier de volaille qu'on applique à l'automne. Il vient capter, puis il nous le remet plus tard en saison, là où la plante en a le plus de besoin. On voit rien que des bienfaits à cet effet-là. Puis tous les canaux racinaires que le seigle apporte, notre maïs peut en bénéficier après ça.
Charles Bérard: Tu sais, on pense aux mycorhizes et à tous les hyphes. C'est notre maïs ou notre soya qui revient après ça et qui peut en bénéficier. C'est toutes des choses qu'on pense que oui, le semis direct apporte à aider. Mais moi, je pense que les plantes de couverture aident notamment aussi à apporter un bienfait à tout ça. Notre maïs, on met un intercalaire dans pas mal tout notre maïs, que ce soit des radis, du trèfle ou du ray-grass. On travaille beaucoup avec ça. Ça vient nous aider après ça pour l'année d'après. C'est mon travail de sol qui se fait via ces racines-là. Moi, c'est comme ça que je le vois. Mais tu sais, c'est pas tout le monde qui le voit comme ça. Il y en a qui me disent que ça a un coût, oui, mais je n'ai pas de coûts d'usure de machinerie, je n'ai pas de coûts de... Notre parc de machinerie est beaucoup réduit versus quelqu'un qui travaillerait le sol au complet. Ça me prendrait un homme minimum à temps plein, juste pour travailler le sol au printemps, puis quasiment à l'automne aussi, de plus que ce qu'on a. Oui, on a encore un gros tracteur, mais on s'en sert uniquement pour les travaux lourds drainage, nivelage. Sinon on travaille des tracteurs d'environ 200 HP pour cultiver la superficie qu'on fait là.
Patrick Dupuis: Donc ces pratiques, est-ce que tu peux dire que ça contribue à la rentabilité de ton entreprise?
Charles Bérard: Selon moi, ça aide vraiment beaucoup à la rentabilité parce qu'on a un parc de machinerie, on peut dire réduit. Ensuite de ça et beaucoup moins de frais de diesel et compagnie. Parce que quand on passe un tasse-résidus, on est à, de mémoire, point 3 ou point 4 litre à l'hectare pour passer de tasse-résidus. Il n'y a jamais un travail de terrain qui va arriver là. Puis on fait des hectares à l'heure, là. Nous on marche tous en unités de douze rangs. Ça fait qu'on amène 30 pieds de la fois. Tu sais, on est capable faire beaucoup d'hectares à l'heure, peu importe que ce soit en tasse-résidus ou des pratiques comme ça. Oui, des fois on est peut être portés à mettre un peu plus de pesticides pour brûler les couverts, mais un couvert végétal n'est pas dur à brûler. Quand tu brûle un couvert végétal, tu peux aller à point 7, point 8 litre de glyphosate à l'acre. Alors ce n'est pas difficile à bruler. On n'a pas de méga doses massives à mettre pour détruire nos couverts. Puis en même temps, tu fais un ménage sur tes annuelles que tu peux avoir au même moment. C'est quand même tôt en saison. Peut-être qu'on passe plus souvent, mais on passe peut être avec des plus faibles doses à chaque fois qu'on passe.
Patrick Dupuis: Je reviendrais sur une culture. L'orge brassicole. Tu t'es lancé dans ça en quelle année et comment ça s'est classé cette année?
Charles Bérard: On en fait depuis deux ans. On est avec Innomalt. L'année dernière, je dirais qu'on a eu une année merdique dans notre région. Nous, ça a été vraiment pas bon. L'année 2023 n'a vraiment pas été bonne parce qu'on avait beaucoup trop de précipitations. Puis l'orge n'était pas de qualité. Toxine, pas pesante, pas de rendement. C'est une année à oublier au niveau de l'orge. On en a refait pour 2024. Une orge de très belle qualité. Le poids spécifique était bon. Le rendement était bon. Belle qualité de grain. Par exemple, on a 50 % qui a été récolté avant la forte pluie du mois d'août et l'autre 50 % a été récolté tout de suite après la pluie. Parce que la pluie dans le fond, le 200 mm qu'on a eu. Est-ce que la qualité est venue impacter un peu? Peut-être un peu. Mais on a quand même fait attention au niveau de la récolte. L'orge était quand même relativement belle, mais ça va être à déterminer ce qu'on va faire avec l'orge. À première vue, ils ne veulent pas l'eau. On va voir ce qu'ils vont dire avec un deuxième avis..
Patrick Dupuis: À force d'en faire, tu vas...
Charles Bérard: On va peut-être se faire la main à essayer de la faire mieux encore.
Patrick Dupuis: Exactement. Peux-tu nous parler un peu des semences que tu utilises et pourquoi?
Charles Bérard: Si on peut parler du soya. On commence avec un petit peu, de plus en plus, on aime beaucoup le Grizzly. C'est un soya un peu hâtif pour notre zone. Je te dirais que c'est un 0.6 de maturité, ce qui est peut être un petit peu plus actif que la normale de ce que je sème. On l'aime bien parce qu'on peut disposer des fumiers quand même tôt en saison. Si des fois des petits correctifs de nivelage à faire sur un champ, c'est un soya qui sort relativement rapidement du champ. On peut penser peut être aux 15-20 septembre. Il y a encore de belles journées pour travailler le sol, au besoin. Puis il permet d'implanter soit un blé d'automne à l'occasion ou un super beau couvert végétal après la culture. Après ça, on s'en va avec des maturités un petit peu plus tardives. On vise plus autour du 0.9 ou jusqu'à 1 de maturité dans notre région. Ce qui est des pleines saisons. Puis on travaille avec ça. J'ai beaucoup aimé cette année le Piranha. On a essayé le Piranha. C'est un nouveau soya. Des beaux gros grains. Belles tiges. C'est un soya avec beaucoup de potentiel. On continue avec Maris et Viper. C'est pas mal les deux autres Soya qu'on utilise le plus à grande échelle, mais on est majoritairement en semences Maizex, que ce soit dans le maïs, dans le soya.
Charles Bérard: Puis dans le maïs, C'est un peu pareil. On commence avec 2699 qui est comme un 2600 unités thermiques pour nous ici, qui est comme notre maïs saison normale. Tu sais, c'est pas forcé, c'est pas, c'est pas hâtif. Puis on commence avec ça, puis on monte 2982 ou des fois 3117, dans ces eaux-là, qui sont des unités un petit peu plus poussées, mais sans dire que c'est trop poussé pour la région. C'est tout le temps récoltable puis ç'a de bons rendements. Des fois, tu vas chercher un petit peu plus de rendement, des fois tu perds un peu sur la qualité, un peu de poids spécifique et compagnie. Mais nous on est avec un séchage à la biomasse, à l'eau chaude. Ça fait qu'on est capable de faire un séchage plus tranquillement du grain qui nous permet souvent de remettre la qualité, en gagnant deux ou trois points au niveau du poids spécifique. C'est plus ou moins un enjeu pour nous, la qualité, on s'entend, on veut quand même une belle qualité de grains, mais qui soit un petit peu plus léger, on est capable à le ramener, bien souvent, où il faut l'amener pour le commercialiser pour avoir le maximum pour nos grains.
Patrick Dupuis: Peux-tu me dire deux mots sur ton chauffage à la biomasse?
Charles Bérard: Dans le fond, c'est une fournaise centrale qui est alimentée aux copeaux de bois. On chauffe une partie des poulaillers avec ça. Dans le fond, on a quatre poulaillers, puis le séchoir à maïs qui est chauffé avec ça. Elle permet d'alimenter le site principal de la ferme. C'est sûr que le second site qu'on a, il n'est pas alimenté par ça parce qu'il y a une distance trop grande. Puis dans le fond, c'est des tuyaux d'eau chaude dans le sol. Il y a quand même une limite de distance qu'on peut parcourir avec avec les tuyaux d'eau chaude. On a mis ça en 2017. On a fait l'investissement de ça.
Patrick Dupuis: C'est une bonne pratique qui s'ajoute un peu aux autres pratiques que tu fais.
Charles Bérard: Oui, on essaie d'aller de plus en plus vers tout ce qui est environnemental, sauver les GES, crédits carbone et compagnie. Il n'y a pas encore de monnaie pour ça. Mais est-Ce qu'il va y en avoir un jour pour toutes ces bonnes pratiques là? Peut-être. Mais on ne le fait pas uniquement pour ça. On le fait parce que tu sais, on croit aux bienfaits des... Que ce soit la biomasse dans les poulaillers, c'est beaucoup plus sec parce qu'il n'y a aucun gaz de combustion qui est mis sur le parquet dans le fond. Tous les gaz de combustion sont sortis par la cheminée de la chaudière. On fait uniquement transférer de l'énergie chaude. Fait qu'il y a aucun CO2, qui s'en va dans le poulailler avec les poulets. Ça fait que c'est beaucoup plus facile, beaucoup moins d'humidité dans les bâtiments. Puis ensuite de ça, tu sais, dans le champ, que ce soit les plantes de couverture et compagnie, c'est le bienfait des racines, c'est le bienfait de tout ça. Tu sais, on capte du carbone, on capte de l'énergie solaire qu'on est capable de capter. Tu sais, c'est toutes des choses qui sont comme gratuites en tant que telles, mais qui nous aident selon moi beaucoup dans la direction où on veut aller avec l'entreprise.
Patrick Dupuis: Charles, comment tu vois l'évolution des rendements dans le futur?
Charles Bérard: C'est une bonne question, Patrick, parce que dans le fond, si je me base un peu avec ce qu'on a vécu sur l'entreprise, je me souviens moi, il y a à peu près douze ans, quand je suis sorti de l'école, j'avais fait un test qui était maïs-soya de façon répétitive. On faisait douze rangs de maïs, douze rangs de soya, pour voir si l'impact de la lumière avait un impact sur le rendement du maïs. On avait sorti avec des bons résultats, mais j'avais jamais répété la chose en tant que tel. On avait vu des résultats des rendements de soya qu'on était vraiment agréable de voir à cette époque-là. Tu sais, on voyait du quatre tonnes hectare, puis on était « Wow! C'est vraiment bon! » Quatre tonnes hectare, je te dirais que c'est pas rendu facile, mais c'est pas... ce n'est plus un défi de l'avoir. Tu sais, on vise le cinq tonnes de moyenne sur l'entreprise. C'est ce qu'on vise. Cette année, on a eu des beaux champs à cinq tonnes, même un peu plus que cinq tonnes de moyenne sur des grandes superficies. Le rendement, c'est la question : est-ce que les six à sept tonnes qu'on voyait cette année aux capteurs de rendement - pas à la grandeur de tous les champs, mais on a vu des belles pointes à six ou sept tonnes.
Charles Bérard: Ces pointes-là, est-ce qu'on peut les espérer comme rendement dans dix ans? Qu'est-ce qu'il va nous apporter là? Moi sur l'entreprise, on a remarqué qu'on a beaucoup diminué nos taux de semis. La population est autour de 110 000 plants à l'acre semé dans les soyas. Tout ce qui est maturité autour de 1, Maris, Viper, Piranha, on est tous dans des semis autour de 110 000 plants. Est-ce que ça nous amène... On fait des plants plus gros, plus robuste, qui branche plus. Est-ce que ça nous amène le rendement plus facilement? Peut-être une partie? Le niveau du sol, où nos sols avancent toujours. Ils sont toujours dans la meilleure qualité selon moi. On essaie d'éliminer la compaction, l'effet des racines dans le sol permanente. Tout ça, c'est des choses qui nous améliorent dans nos sols. Mais est-ce que c'est l'amélioration de nos sols ou est-ce que c'est l'amélioration génétique? Oui, la génétique, on sait qu'on gagne à peu près 1 à 2 % annuellement via l'amélioration de la génétique. Mais où est-ce qu'on s'en va dans dix ans? Je ne le sais pas.
Patrick Dupuis: En terminant, qu'est-ce que tu prévois pour l'année prochaine?
Charles Bérard: J'aimerais ça avoir mes sols couverts à 100 % à l'automne. Là, je ne le suis pas. Tous les sols dans le fond... Je n'ai aucun sol à nu. J'ai des sols qui sont sous les résidus, soit de soya, de maïs et compagnie. Mais je voudrais avoir un sol couvert vivant à 100 % à l'automne. Ça, c'est un de nos défis qu'on a sur l'entreprise depuis quelques années. Mais c'est tout le temps difficile, tu sais. Date de récolte. Il y a tout le temps quelque chose qui fait en sorte qu'on nous met des bâtons dans les roues. Il a plu. On ne peut pas aller semer. On ne peut plus y aller. Il y a tout le temps quelque chose. Mais de plus en plus, on essaie de rapprocher le semoir de la batteuse. C'est notre défi qu'on essaie de suivre, un derrière l'autre.
Patrick Dupuis: Bien, merci beaucoup Charles.
Charles Bérard: Ça fait plaisir.
Patrick Dupuis: C'est ce qui conclut ce neuvième épisode du Coopérateur audio, en compagnie de Charles Bérard de la ferme SCJ Bérard. Pour ne pas manquer les prochains épisodes, suivez-nous sur votre plateforme préférée : Balado Québec, Spotify, Apple Podcast et YouTube. Si vous avez aimé l'épisode, vous savez quoi faire : un cœur, un pouce en l'air. Bref, laissez-nous un avis. C'était Patrick Dupuis et je vous invite à découvrir notre nouvelle capsule dans quelques secondes.
NOUVEAU SEGMENT
Félicie Tremblay-Jacques: Qui dit nouveau segment dit nouvel invité. Bonjour Andréa Renault, directrice des Affaires coopératives chez Sollio Groupe Coopératif.
Andréa Renaud: Bonjour.
Félicie Tremblay-Jacques: On t'accueille pour la première fois à notre micro. Tu es avec nous pour la présentation du nouveau segment du Coopérateur audio qui est produit en collaboration avec les Affaires coopératives.
Andréa Renaud: Oui, je vous annonce que des capsules historiques sur les 100 ans de Solio Groupe Coopératif ont été produites. Chacune d'entre elles dure environ trois minutes et survole des moments marquants de l'organisation. Passant de la naissance de la Coopérative fédérée de Québec en 1922 jusqu'à son expansion pancanadienne. Vous aurez donc le plaisir de les écouter à la fin de chaque épisode du Coopérateur audio.
Félicie Tremblay-Jacques: Est ce que ça, ça veut dire qu'on va avoir la chance d'entendre ta douce voix à chaque épisode?
Andréa Renaud: Non, c'est l'historien Jean-Pierre Girard qui sera notre narrateur. Il est également l'auteur du livre Sollio Groupe Coopératif, 100 ans de coopération. On espère que ce nouveau contenu vous en apprendra apprendrez davantage sur notre belle coopérative et son histoire.
Félicie Tremblay-Jacques: Sans plus attendre, lançons la première capsule. Bonne écoute.
CAPSULE HISTORIQUE
Jean-Pierre Girard: Capsule 1. Le contexte expliquant la naissance de la Fédérée.
On ne peut comprendre la naissance de Sollio Groupe Coopératif sans se transporter dans le temps et s’imaginer le contexte de l’agriculture au Québec au XIXe siècle. Il s’agit principalement d’une agriculture de subsistance. Avec une exploitation de taille réduite, on sème, on a quelques vaches et des poules pour nourrir la famille. Menées par des personnes soucieuses de moderniser l’agriculture québécoise, vers la fin du XIXe siècle, 3 initiatives vont paver la voie à cette transformation. Des syndicats de producteurs, composés de propriétaires de fabriques de beurre, vont mettre sur pied un service d’inspection et un service de professeurs visiteurs qui encourageaient l’amélioration des pratiques.
De plus, à l’échelle de la paroisse se constituent des cercles d’études regroupant des producteurs, donc une action très locale, micro.
Enfin, on ne peut passer sous silence le rôle des écoles d’agriculture, la première ayant vu le jour à Ste-Anne de La-Pocatière en 1859, suivie par celle de Saint-Hyacinthe en 1892 et Oka en 1893. Reste la question de l’organisation des producteurs. À l’exemple d’Alphonse Desjardins avec les caisses populaires, on va trouver l’inspiration des coopératives agricoles du côté du vieux continent, l’Europe. Le ministère de l’Agriculture, son équipe d’agronomes et son sous-ministre, Georges-Auguste Gigault sont gagnés à la cause, des séjours d’études s’étant révélées fructueux. En 1908, on adopte une Loi sur les coopératives agricoles. L’implication des agronomes, mais aussi un groupe de prêtres, notamment l’abbé Jean-Baptiste-Arthur Allaire, stimulent la constitution de coopératives si bien que l’action de ce que l’on appelait alors des propagandistes, donne des résultats spectaculaires : en 1920, on en dénombre 157. De ce nombre, 75% s’occupent d’achats en commun et environ 40% œuvrent à la vente des produits de leurs membres.
La multiplication des coopératives suggère à un certain nombre de se regrouper. Ainsi de 1910 à 1914, 3 grandes coopératives voient le jour. La Société coopérative agricole des fromagers de Québec est constituée en 1910 et vise à contrer les intermédiaires qui écument les campagnes pour acheter le fromage à bon compte. Son gérant, Auguste Trudel, se rend en Angleterre pour y nouer de nouvelles relations d’affaires, faut-il le rappeler, les Anglais sont friands de cheddar!
Le Comptoir coopératif de Montréal débute ses activités en 1913 notamment à l’initiative du procureur provincial des Jésuites, le père Alphonse Bellemare. S’inspirant d’un modèle en activité en Belgique, du nom de Boerenbond, la coopérative se concentre dans la vente de graines de semence, d’engrais alimentaires et chimiques. L’organisation loge sur la rue Papineau à un jet de pierre du futur pont Jacques-Cartier.
Enfin l’année suivante, avec l’appui du sous-ministre Gigault, la Coopérative des producteurs de semences de Québec voit le jour à Sainte-Rosalie avec l’achat d’un premier entrepôt, puis d’une meunerie. Elle utilise un crible permettant de débarrasser les semences des graines de mauvaises herbes, une innovation à l’époque. Ainsi, ces 3 initiatives porteuses ont contribué à solutionner en bonne partie les problèmes d’organisation du monde rural qui sévissaient au Québec à cette époque. Bien qu’elles aient été inspirées du modèle coopératif européen, les producteurs agricoles ont su les adapter, et ce brillamment pour répondre à leurs besoins criants.