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La passion de la pomme de terre à la Ferme Valupierre

Avantis Coopérative

Au cœur de l’Île d’Orléans, la Ferme Valupierre est une entreprise spécialisée dans la production et la commercialisation de la pomme de terre animée depuis plusieurs générations par des passionnés de l’agriculture. 

Si la pomme de terre a toujours été présente, elle était auparavant accompagnée d’autres productions, comme le bovin de boucherie et la fraise, qui ont été abandonnées au fil des années pour laisser toute la place à la pomme de terre qui a pris beaucoup d’ampleur dans les 10 dernières années. 

Un transfert d’entreprise a été finalisé au début de mai de cette année. Stéphanie Vaillancourt devient actionnaire de l’entreprise avec son père Pierre et son conjoint Rémi Lapointe. « Nous avions amorcé le tout avant la pandémie et ça vient de se concrétiser. Ça ne change pas grand-chose dans le quotidien puisque nous sommes habitués à travailler de concert », mentionne Stéphanie.

La Ferme Valupierre, Une entreprise familiale

Pierre Vaillancourt rappelle que son père et son oncle ont acheté l’entreprise de son grand-père en 1953 pour créer la Ferme Vaillancourt et frères. « Ils faisaient de l’élevage de bovins de boucherie Hereford et ils participaient aux expositions. Ils produisaient aussi de la fraise et de la pomme de terre. » 

Pierre a racheté l’entreprise en 1989 avec sa conjointe Lucie Fortier pour former la Ferme Valupierre, « Va » pour Vaillancourt, « lu » pour Lucie et « pierre »… pour Pierre.

Une relève inattendue

Stéphanie ne se destinait pas à une carrière en agriculture. « Ce n’était pas mon plan A quand j’étais plus jeune, confie-t-elle. Je me disais que mes parents travaillaient trop et que je ne ferais jamais cela. J’ai commencé mon baccalauréat en psychoéducation pour finalement me rendre compte que c’était le fun, la ferme. L’aspect entrepreneurial m’intéressait beaucoup, tout comme les ventes et la gestion. J’ai décidé de changer mes plans et de faire mon bac en agroéconomie. J’ai obtenu mon diplôme en 2016. Je travaille au sein de l’entreprise depuis ce temps, même avant, pendant mes études. Mon conjoint Rémi travaille à la ferme depuis 15 ans », relate-t-elle. 

Lucie est toujours impliquée au sein de l’entreprise. Elle s’occupe de l’administration. Bertrand Lauzière, expert-conseil, maraîcher et végétal chez Avantis Coopérative, assure le suivi technique. Bertrand a déjà travaillé dans l’entreprise et son père, Patrick Lauzière, cousin de Pierre, y est responsable de l’amélioration continue. Le monde est petit!

De 12 à 242 hectares de pommes de terre

La Ferme Valupierre est passée de 12 ha (30 acres) en culture de pommes de terre en 1989 à 242 ha (600 acres) cette année. « Nous étions à 161 hectares (400 acres) par année depuis quelques années. Un des producteurs pour qui nous commercialisons la récolte a abandonné la production. Nous avons décidé de louer ses terres pour les exploiter, ce qui explique ce bond », précise Stéphanie.

De la main-d’œuvre étrangère

La Ferme Valupierre compte sur une équipe de 20 employés, dont une douzaine qui est attitrée à l’emballage à l’année, incluant le personnel administratif. Huit travailleurs sont affectés aux travaux dans les champs, notamment aux semences. Le nombre d’employés grimpe à 25 pour la récolte à l’automne, dont une demi-douzaine de travailleurs étrangers provenant de l’Amérique du Sud. « À l’hiver, nous avons seulement entre 12 et 15 employés », souligne Stéphanie. 

Les semences se font au début mai et prennent deux à trois semaines selon la météo puisque le sol doit être sec pour accueillir la semence et permettre l’utilisation de la machinerie.

L’importance de l’irrigation

Après les semences, d’autres travaux aux champs suivent pendant l’été. « Il y a d’abord le sarclage qui se fait mécaniquement avec les tracteurs. Ensuite, ce sont les traitements phytosanitaires et, souvent, à l’exception de l’été dernier, il faut faire de l’irrigation, généralement du début juillet à la fin août. Nous avons des rampes linéaires qui irriguent les champs et des enrouleurs avec des canons. Ce sont les deux systèmes que nous utilisons », indique Pierre Vaillancourt. 

« C’est quand même une grosse surcharge de travail lorsque nous avons des étés secs parce qu’il faut déplacer les équipements pour l’irrigation chaque jour. On les installe de jour pour les partir en fin de journée. Ça fonctionne de nuit, ça prend donc quelqu’un qui surveille les équipements la nuit. Le lendemain, on change de champ. Nous sommes bien contents lorsqu’il pleut », poursuit Stéphanie.

Une variété de pommes de terre biologiques

Depuis huit ans, la Ferme Valupierre produit une variété de pommes de terre biologiques : la Gabrielle. « C’est une tout autre régie, affirme Stéphanie. Dans notre cas, c’est une parcelle que nous avons décidé de convertir au bio en 2016. C’était une petite superficie qui a augmenté au fil des années. Nous avons presque 40 hectares (100 acres) de certifiés bio par Québec Vrai sur lesquels il y a de la pomme de terre, du soya et des engrais verts en rotation chaque année. La plantation est la même. Ce qui change, ce sont les interventions. En cas de problème, comme des insectes ravageurs ou des mauvaises herbes, la fertilisation à apporter est différente. Le sarclage des mauvaises herbes se fait mécaniquement. Il n’y a pas d’herbicides certifiés biologiques. Nous avons peaufiné nos techniques au fil des années. Le doryphore demeure la menace principale en production de pommes de terre biologiques. »

Une commercialisation nationale

Depuis sa création, la Ferme Valupierre a toujours fait la commercialisation de sa production de pommes de terre. « Graduellement, des voisins ont commencé à nous vendre leurs produits. Eux, ça leur évite de devoir s’équiper pour l’emballage et ça nous permet d’avoir plus de volume pour être présents sur les marchés 52 semaines par année », indique Pierre. 

La Ferme Valupierre vend ses pommes de terre à des supermarchés comme Maxi, IGA et Provigo ainsi qu’à des grossistes qui approvisionnent le marché de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions (HRI) et des fruiteries à travers le Québec. « Nous offrons différents formats et différentes variétés, raconte Stéphanie. Nous faisons de la vente en gros. À l’automne, les pommes de terre sont entreposées dans des boîtes de bois réfrigérées, à l’humidité et à la noirceur. En fonction du calendrier d’emballage et d’expédition, nous allons chercher les pommes de terre dans les entrepôts. Elles sont d’abord calibrées, lavées et triées, puis ensachées par la suite. »

Usine d’emballage automatisée

Au cours des dernières années, l’entreprise a investi pour moderniser son usine d’emballage. « Pour demeurer concurrentiels, nous avons fait l’achat d’un calibreur optique muni de plusieurs caméras, explique Stéphanie. Plusieurs photos sont prises de chaque pomme de terre, ce qui permet de faire le tri selon la qualité et la grosseur, mais aussi la longueur et la couleur. Cet équipement remplace quatre personnes à temps plein et il permet de traiter un plus gros débit de pommes de terre. Il y a quand même un tri final qui se fait à la main. »

De nombreux formats

Les pommes de terre sont commercialisées dans de nombreux formats. « Nous avons le 1,5 lb dans le bio, le 2 lb pour nos spécialités Gabrielle et Raphaëlle et les formats de 5, 10, 15, 20 et 50 lb en sacs et les boîtes de carton de 50 lb pour la restauration », mentionne la productrice.

Pour l’avenir, Stéphanie souhaite voir l’entreprise poursuivre son développement. « Il faut continuer de travailler pour garder notre place dans les marchés, dit-elle. On doit aussi garder un œil sur les changements climatiques et suivre les tendances des consommateurs qui évoluent. On veut aussi continuer à s’automatiser le plus possible. »

Alexandre D'Astous

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.

alexandredastous@live.ca

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.