Vaches en lactation : optimiser les rations protéiques

Augmenter la protéine métabolisable en début de lactation stimule la production laitière, même en bilan nutritionnel négatif. Découvrez les résultats.

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Des vaches en lactation consommant une ration totale mélangée.

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Annick Delaquis

Agronome et nutritionniste en production laitière chez Sollio Agriculture

Annick Delaquis est détentrice d'un doctorat en alimentation animale.

Gagne-t-on à augmenter la concentration en protéine des rations durant les trois premières semaines de lactation, en période de bilan nutritionnel négatif?

L’expression « bilan nutritionnel négatif » signifie que la vache ne consomme pas assez de matière sèche pour combler ses besoins en énergie et en protéine, ce qui est commun dans les premières semaines de la lactation. Elle est donc en bilan énergétique et protéique négatif. Comme les vaches venant de vêler possèdent plus de réserves d’énergie que de protéine, on peut se demander si un apport supplémentaire de protéine est indiqué pour elles.

Des recherches récentes ont confirmé qu’un apport supplémentaire de protéine métabolisable (PM) bien équilibré en acides aminés peut stimuler la production en début de lactation, même en période de bilan énergétique négatif.

Trois groupes de vaches d’environ 510 kg de poids vif ont été suivis de la 2e à la 14e semaine de lactation. Tous les groupes avaient un accès illimité à un ensilage de graminées assez fibreux (13 % de protéine et 60 % de NDF). Le premier groupe a reçu la ration témoin, soit 10 kg de concentrés, afin que la ration finale apporte 30,8 Mcal d’énergie nette de lactation (ENL) et 1910 g de PM par jour. Pour le deuxième groupe, l’énergie et la PM ont été réduites en diminuant la quantité de concentrés à 4,8 kg. Les vaches ont consommé au total 24,3 Mcal d’ENL/j et 1417 g de PM. Pour savoir si un apport supplémentaire de protéine pouvait stimuler la production laitière, le troisième groupe a reçu 4,7 kg de concentrés, mais plus riches en protéine, de sorte que ces vaches ont consommé la même quantité de protéine que le groupe 1, avec un apport en énergie équivalent à celui du groupe 2.

La protéine stimule la production de lait

Comme le démontrent les résultats du tableau 1, le fait de conserver le niveau de protéine (groupe 1 et groupe 3) a permis de maintenir la production de lait corrigé chez les vaches, et de maintenir la production de protéine laitière du groupe 3 bien au-dessus de celle du groupe 2. Dans cette étude, l’apport supplémentaire de PM n’a pas permis de rétablir la consommation de matière sèche, probablement parce que l’ensilage offert à volonté était trop encombrant dans le rumen. Même en bilan énergétique négatif, la protéine stimule la production de lait. Par contre, on peut s’attendre à une plus forte mobilisation des réserves d’énergie, ce qui augmente les risques d’acétonémie si la consommation de matière sèche n’est pas optimale.

Avec des rations plus typiques, soit des RTM à volonté avec mélange d’ensilage de maïs et d’ensilage de foin, les études rapportent plusieurs résultats positifs lorsqu’on augmente la concentration de la protéine des rations des vaches venant de vêler avec des teneurs modérées en grain. Un peu plus de protéine de qualité, bien sûr, et un peu moins de grain que pour la ration du groupe 1.

Dans quatre des études revues, les rations témoins comptaient environ 16 % de protéine (1600-1800 g de PM/j) et les rations testées s’approchaient des 18-19 % de protéine brute, apportant entre 2100 et 2500 g de PM/j. Il y a eu une réponse positive constante dans ces quatre études : une augmentation de la production de lait corrigé dès les premières semaines. Les résultats sont éloquents. Trois niveaux de protéine ont été comparés : 16, 19 et 21 %, obtenus en réduisant le grain et en augmentant l’apport en PM en provenance de plusieurs sources de protéine non dégradable. Conséquence : augmentation de la consommation totale d’aliments ou de matière sèche, augmentation de la consommation de protéine dégradable et non dégradable, et meilleure performance laitière, malgré une réduction de la mobilisation des gras, comme en témoignent les taux d’acides gras et de B-hydroxybutyrate sanguins. L’apport supplémentaire de protéine a stimulé la digestibilité de la fibre, ce qui a probablement contribué à la meilleure consommation de matière sèche.

Tableau 1 – Impact de l’apport de protéine métabolisable (PM)
en début de lactation
 Groupe 1Groupe 2Groupe 3
ENL (Mcal/j)30,824,324,3
PM (g/j)191014171910
CVMS (kg/j)18,7d15,7e16,2e
LCE (kg/j)25,3e20,7d23,5e
Gras (kg/j)0,9900,8520,955
Protéine (kg/j)0,829c0,649d0,753e
Légende
ENL : énergie nette de lactation
PM : protéine métabolisable
CVMS : consommation volontaire de matière sèche
LCE : lait corrigé pour l’énergie
c, d, e : Les moyennes sur une même ligne avec des lettres
différentes sont significativement différentes; p < 0,05.

Cet article est paru dans le magazine du Coopérateur d'octobre 2021.

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