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L’agriculture : une histoire de famille pour les Smith

Unoria Coopérative

Pour les Smith de Sainte-Flavie, la passion pour l’agriculture, c’est une histoire de famille qui remonte à cinq générations. Et qui se poursuivra avec l’implication de sept des huit enfants des frères Louis et Richard Smith et de leurs conjointes, Julie et Mélanie, elles aussi très impliquées dans les activités de cette entreprise, qui exploite trois sites de production. 

Louis Smith s’est établi avec son père en 1992, après avoir fait ses études en productions animales à l’ITA de La Pocatière. À cette époque, la Ferme du Patrimoine exploitait un quota de seulement huit kilos de matière grasse par jour. « Les gens me disaient de laisser tomber, que je ne pouvais pas espérer grandir en plein village, raconte Louis. Je savais que le potentiel était là. » 

La croissance de l’entreprise s’est faite de manière constante, grâce à l’achat de terres aux voisins et à l’expansion du troupeau. En 2004, Richard vient rejoindre son frère Louis à la ferme. L’entreprise compte alors quatre actionnaires à parts égales, les deux frères et leurs conjointes. Louis et Richard se complètent très bien. Richard est à l’aise avec la machinerie et la mécanique, tandis que Louis a une préférence pour les animaux et la gestion du troupeau. « Ça fait 30 ans que je trais des vaches, et si ma santé me le permet, j’aimerais le faire encore 30 ans », dit Louis. Richard a étudié en génie rural à l’ITA de Saint-Hyacinthe.

Reconnaissants envers leurs prédécesseurs

Les frères Smith assurent que le développement de l’entreprise dépend du travail de leurs prédécesseurs. « Nous ne serions pas là aujourd’hui sans le travail de nos parents – Édouard, décédé en 2019, et Lucille –, qui nous ont laissé la Ferme du Patrimoine, racontent-ils. Nous avons aussi profité du travail des frères Donald et Michel Lavoie, qui nous ont vendu la Ferme Adomis en 2017, ainsi que de celui de nos cousins René et Benoît Smith et de leur père, Jean-Charles, qui exploitaient la ferme ancestrale, la Ferme Smitis, que nous avons aussi achetée en 2017. » René Smith est décédé le 13 juillet dernier, des suites d’un cancer fulgurant. 

Les frères soulignent également l’impact positif de leurs conseillers de La Coop Purdel (aujourd'hui Unoria Coopérative), les technologues François Pedneault et Pierre-Marc Cantin (productions végétales), ainsi que des gens des caisses Desjardins et de La Financière agricole, qui leur ont fait confiance. « Nous avons eu de l’aide, parce que ce n’est pas commun une ferme qui achète deux autres fermes dans la même année, disent-ils. Mais ces gens ont cru en nous. » 

Trois entités complémentaires et deux productions

Louis Smith estime que le fait d’avoir trois entités distinctes, mais très complémentaires, est l’une des grandes forces de l’entreprise. Ces trois entités, qui ont toutes des liens familiaux, sont situées à des distances de 3 km et de 1,5 km de la Ferme Adomis, qui provient de la famille maternelle des frères Smith. 

« Nous partageons le même parc de machinerie et nous pouvons ajuster notre production de lait pour maximiser notre quota, dit Louis. Les terres sont mises en commun. On travaille tous ensemble pour les trois fermes. Nous avons la chance d’avoir acquis trois entreprises qui étaient en bonne santé et qui possèdent chacune leur quota. » 

415 têtes au total

La Ferme Adomis exploite un troupeau laitier Holstein de race pure de 145 têtes, dont la moyenne de gras et de protéine livrés par jour, au cours des 12 derniers mois, est de 2,52 kg, pour un quota de 94,9 kg. Depuis 2021, l’entreprise travaille à une deuxième production : Xavier s’occupe d’un élevage vaches-veaux de 35 vaches Angus et Limousin. « Plus jeune, j’allais avec mon grand-père prendre soin du troupeau bovin, production qu’on avait abandonnée par la suite, et je voulais y revenir », explique celui qui vise la commercialisation à la ferme. 

La production est comparable à celle de la Ferme Smitis, dont la moyenne annuelle de gras et de protéine livrés par jour est de 2,50 kg, pour un troupeau de 95 têtes et un quota de 70,7 kg. « Nous avons des vaches plus âgées dans ce troupeau », souligne Richard. 

La Ferme du Patrimoine possède un troupeau de 155 têtes, dont la production est du même ordre, soit 2,52 kg de gras et protéine livrés par jour, pour un quota de 115 kg. « Ce sont des entreprises très productives, qui ont amélioré les intervalles de vêlage et la qualité du fourrage, et qui travaillent de plus en plus sur la génétique, déclare François Pedneault, directeur des opérations chez Unoria Coopérative et collaborateur de longue date des Smith. Ils utilisent le logiciel Lactascan regroupé pour les trois entreprises, afin de mesurer l’évolution des performances techniques et économiques. Le résultat fusionné des cinq derniers mois se chiffre à 2,56 kg livrés, à un coût par kilo à mi-chemin entre la moyenne et le groupe des 25 % supérieurs. »

Une saine gestion

Toutes les dépenses sont soigneusement analysées, à l’exception de l’achat de quota, qui se fait tous les mois. Chaque investissement est soupesé et examiné sous les angles de la capacité de payer et du fonds de roulement. « La première question qu’on se pose est toujours la même, dit Richard : est-ce qu’on en a vraiment besoin? On essaie de s’améliorer sans que ça coûte trop cher. Nous avons un excellent mécanicien, si bien que notre machinerie dure longtemps. Tant que ça fonctionne, pourquoi changer? Aussi, on va vers l’usagé pour certains équipements, comme la batteuse ou la fourragère. Nous sommes capables de faire le même travail avec un usagé qu’avec un neuf. C’est le modèle qu’on souhaite laisser à notre relève. » 

Ainsi, le tracteur le plus récent de l’entreprise est un 2012. Il y a même un tracteur de 1982 qui fait encore autant d’heures que les plus récents. « C’est moins un sujet de discussion pour acheter du quota que pour un tracteur », commente Kevin. 

« Nous possédons toutes les terres entre les trois fermes, soit un bloc de 600 ha, comptant un petit peu de bois », signale Rosalie. Cette année, les trois entreprises totalisent 90 ha d’orge, 77 de blé, 60 de maïs fourrager, 44 de pois de semence, 52 de sarrasin de semence, 15 de pâturage pour le troupeau bovin et 310 en prairies pour le foin. Toutes les céréales ont été faites en semis direct, de même que la moitié du maïs.

Une relève bien présente

Louis et Richard ont chacun deux garçons et deux filles, âgés de 15 à 24 ans. Sept des huit enfants sont impliqués dans l’entreprise, et six ont fait, font ou feront leurs études en agriculture. Émilie a un diplôme en comptabilité et s’occupe de l’administration et de la paperasse. Kevin a suivi un cours de la mécanique agricole au centre de formation professionnelle (CFP) Mont-Joli-Mitis. Il épaule Richard pour la machinerie. 

Rosalie et William ont étudié en gestion et technologies d’entreprise agricole à l’ITAQ de La Pocatière. Ils collaborent avec Louis dans la gestion des troupeaux. Mariann va commencer la même formation à l’automne, mais au campus de l’ITAQ à Saint-Hyacinthe. Xavier est diplômé en productions animales du CFP Mont-Joli-Mitis, chemin que souhaite suivre Édouard à la fin de ses études secondaires. 

« On essaie de reproduire le modèle qu’on avait avec nos enfants, lance Louis. Chacun travaille selon ses forces et ce qu’il aime. Tout le monde aura sa place. On considère aussi que nos terres sont situées à un endroit stratégique, à proximité de trois moyens de transport importants : les navires sur le fleuve devant nous, le chemin de fer qui passe à l’autre extrémité de nos terres et l’aéroport de Mont-Joli, avec les avions qui passent au-dessus de nos têtes. » 

Pour l’avenir, l’objectif est de conserver la structure actuelle, tant que les trois sites ne seront pas au maximum de leur capacité. « On réussit à garder nos vaches plus longtemps et à améliorer leur longévité, dit Richard. Et on travaille sur la génétique, ce qui nous permet d’augmenter la productivité. On va aussi travailler sur le confort des animaux. Tous les travaux sont faits par les membres de la famille, en plus de l’embauche d’un vacher à la Ferme Smitis et de deux employés occasionnels. »

Photo par Alexandre D'Astous : Les familles des frères Louis et Richard Smith.

Alexandre D'Astous

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.

alexandredastous@live.ca

QUI EST ALEXANDRE D'ASTOUS
Alexandre est journaliste depuis 1998 à Rimouski, notamment spécialisé en agriculture. Détenteur d’un baccalauréat en histoire et d’un certificat en journalisme, il collabore à de nombreuses publications, dont le Coopérateur.