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Ferme Floroma : À l’expo ou à l’étable, Maître-éleveur partout!

Novago Coopérative

En novembre 2017, le Coopérateur visitait la Ferme Floroma pour discuter d’efficacité dans l’alimentation. L’actualité nous y fait retourner pour un évènement unique dans une carrière laitière : un titre de Maître-éleveur Holstein, obtenu en 2021.

Patrick Leclerc est soucieux. Il doit coordonner le transport des meilleures génitrices de son troupeau, superstars de l’industrie laitière. Heureusement, le transporteur a l’habitude, et l’Expo de Portneuf, à Saint-Marc-des-Carrières, où se rend la caravane, n’est qu’à 25 minutes de route de Pont-Rouge. C’est l’expo locale, mais attention, la compétition sera relevée. D’autres éleveurs d’exception y font défiler des bêtes : Petitclerc, Jacobs, Rigo, Geno, Drolie, Ty-D, etc.

Dernière journée avant l’expo. Pour Patrick, sa conjointe, Fanny Vallée, et les parents de Patrick, Florent Leclerc et Ghislaine Plamondon, le chemin pour y parvenir fut long. Patrick et Fanny ont aussi sept enfants, une très possible cinquième génération d’éleveurs. Pour blanchir le poil des Holstein, les garçons ont lavé les belles pratiquement tous les deux jours pendant cinq semaines. Quatre des garçons ont aussi « cassé » les génisses, un dressage qui rapportera dans le concours de présentation. Félix, Éloi, Victor et Colin se succèderont durant les prochains jours pour manucurer les animaux - avec l’aide de Martin, un ex-militaire qui trouve bien du réconfort au contact des quadrupèdes, lui qui a négocié son après-carrière de belle façon par un diplôme d’études professionnelles en production laitière et un stage chez Floroma. Il y a aussi Dominic Nault, un passionné d’élevage et de jugements laitiers, « un mentor pour moi », révèle Patrick.

C’est d’ailleurs Dominic qui a analysé en profondeur le calcul des points pour l’obtention d’un titre. « Ça faisait 10 ans qu’on était toujours à quelques points de l’avoir, déclare Patrick. Dominic nous a aidés à grappiller les points qui manquaient. » Allonger de quelques jours une lactation, tarir un peu plus vite, mettre la barre à 83 points et plus, voilà quelques stratégies. « Mais devenir Maître-éleveur, c’est un travail de tous les jours », reconnaît Patrick, un résultat plus qu’un objectif.

Choisir 13 animaux

Que de chemin parcouru depuis que Florent et Ghislaine ont créé l’entreprise, en 1986! Le troupeau comptait alors des sujets croisés! Aujourd’hui, il comporte 15 EX, 65 TB, 60 BP et 5 NC. Puisqu’on parle d’Excellentes, c’est Dominic qui, en 2005, lorsqu’il était classificateur pour Holstein Canada, a consacré une première FLOROMA. « Florent a pleuré ce jour-là », révèle Dominic. Le troupeau a engendré cette année sa 60e Excellente!

Mais pour l’heure, ce sont huit vaches et cinq génisses qu’il faut sélectionner pour Portneuf : BACKUP, BERENIA, BLACK, GIGI, FRAKA, FRANKLIN, LEANE et SOLY, et les génisses PASSION, BLIZZARD, ZARA, MISTIGRI et FRISOU. Cette sélection compte même trois générations : BACKUP, BLACK et BLIZZARD! On imagine le mal à choisir quelles femelles présenter… Chose certaine, ce sont des FLOROMA, seul préfixe qui peuple les deux côtés de l’allée de l’étable.

« Ma préférée actuellement, c’est FLOROMA DELTA-LAMBDA FRAKA, TB-86, MCR projetée de 318-326-317, qui compétionnera dans la classe 2 ans junior », lance Patrick. Pour Florent, c’est FLOROMA HIGHOCTANE BACKUP, âgée de cinq ans, EX-93 ayant produit jusqu’ici 82 000 kg, fille de FLOROMA LACTA BAVARDE, EX-91 2E. Quand on parle de taureaux marquants pour la Ferme Floroma, Florent évoque SHOTTLE, qui a bien servi le troupeau.

À propos des taureaux, c’est Fanny qui les choisit, et Patrick qui insémine. La gestion du troupeau incombe à Fanny. Elle et Patrick deviendront propriétaires uniques de l’exploitation. Il faut veiller à tous les détails pour réussir à produire annuellement 13 500 kg de lait par vache et quotidiennement 1,7 kg de matière grasse. Ne l’oublions pas : un titre de Maître-éleveur récompense autant la production que la conformation. « On veut des vaches fonctionnelles, de belles vaches, mais qui produisent », rappelle Florent, qui adore tondre les animaux. « Quand je les “clippe”, la tâche que j’aime le plus, je les analyse », indique cet homme au franc-parler. Une analyse dynamique, au ras du poil! Ainsi, les animaux passent entre les mains de tous, qui apprécient les forces et faiblesses de chaque animal. 

Productivité bien ordonnée

En 2015, la ferme a fait un geste décisif vers la productivité en construisant un bâtiment à double fonction. L’étable à stabulation libre, dont la façade est orientée au sud, héberge efficacement les animaux de remplacement et a permis de retrancher un à deux mois sur l’âge au premier vêlage. Cette étable est adossée à cinq silos-couloirs (ayant chacun une capacité de 700 tonnes d’ensilage de maïs, luzerne, fléole, fétuque et brome), qui permettent un désilage facile avec une mélangeuse automotrice et la constitution de rations totales, homogénéisées, équilibrées par l’agronome Juan Pedro Sarramone. La toiture de pente 4/12 – un surcoût de 175 000 $ quand on a décidé de l’installer, en 2015 – n’expose les aliments ni au soleil ni à la pluie, ce qui les garde frais et appétents. En 2017, nous écrivions d’ailleurs prophétiquement que « le temps passé à confectionner des rations est libéré au profit de temps plus productif, notamment auprès des animaux »!

La ration est distribuée au chariot motorisé. Un robot sur rails supplémente selon la productivité, la parité, les jours en lactation et la production de solides laitiers. Conséquemment, la production s’est accrue, fouettée encore en 2019 par l’instauration de trois traites quotidiennes effectuées avec l’aide de travailleurs étrangers. Aujourd’hui, on produit 200 kg de quota grâce à 122-125 productrices. Le taux d’occupation de la vacherie est de 100 %. C’est par la productivité que passera la croissance pour « rentabiliser entre les quatre murs de l’étable tout en abaissant la dette », explique Patrick.

On a donc décidé de moderniser le système d’alimentation et de bâtir une étable à stabulation libre avant de construire une nouvelle étable laitière. Les Leclerc tracent leur chemin vers le succès de manière rationnelle. « On a bâti l’étable quand je suis sorti de l’école, dit Patrick. Quand de nos enfants sortiront aussi de l’école d’agriculture, on envisagera alors de faire un autre grand coup! »

Bal en blanc

Ça y est : les belles débarquent à l’expo. En ce mercredi soir, les FLOROMA sont les premières à fouler le bâtiment des bovins. Dehors, Éloi, Félix et Victor re-re-relavent, avec Martin, des bêtes déjà passablement propres. À l’intérieur, Patrick installe les panneaux de pédigrées qu’il a préparés avec Dominic, qui connaît par cœur les généalogies – alors que ce n’est même pas son troupeau! Et voilà que Patrick sort un panneau laminé bien spécial, une reproduction de la plaque de Maître-éleveur. Fierté bien affichée!

Dans les jours suivants, Félix terminera 4e, Victor et Éloi 3es et Colin 1er de leur concours de présentation des Jeunes ruraux, un bal en blanc pour ces présentateurs en herbe, qui ont convaincu leurs parents de renouer avec l’exposition après six ans d’inactivité. L’équipe tire aussi grande satisfaction d’une 2e position pour la Bannière d’éleveur-exposant, ayant manqué la première marche du podium par seulement six points.

Et la préférée de Patrick, FRAKA? Première de sa classe!

Photo d'Étienne Gosselin  : Bal en blanc : les garçons ont convaincu leurs parents de participer à une première expo en six ans. À la clé : du plaisir et une 2e position pour la Bannière d’éleveur-exposant!

Étienne Gosselin

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.

etiennegosselin@hotmail.com

QUI EST ÉTIENNE GOSSELIN
Étienne collabore au Coopérateur depuis 2007. Agronome et détenteur d’une maîtrise en économie rurale, il œuvre comme pigiste en communication et dans la presse écrite et électronique. Il habite Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, où il cultive le raisin de table commercialement.