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Famille agricole de l'année : Comme un grand chêne!

Avantis Coopérative

Une vague d’amour se propage pour la famille Marquis-Dion suite à l'obtention de son titre de famille agricole de l'année.

Depuis la création, en 1962, de la Fondation de la famille terrienne, renommée depuis Fondation de la famille agricole, cette famille représente la 67e à mériter ce titre, et ce, après 61 ans de mariage du couple fondateur de la ferme familiale : André Marquis et Émilienne Dion!

La rencontre de deux hérédités 

Celle d’Émilienne est agricole. Son grand-père Octave Dion a été membre fondateur de la Société Coopérative Agricole de St-Gervais. Celle d’André est commerciale. Il a suivi les traces de ses parents en assurant la continuité, avec Émilienne, de l’épicerie du village de La Durantaye. Un commerce qui sera vendu à un neveu après 25 ans d’activité.

Aujourd’hui âgés de 86 ans et de 82 ans, André et Émilienne sont à la fois heureux, comblés et fiers de la force de caractère et de la persévérance de leur descendance. Parmi leurs six enfants, deux sont devenus agriculteurs, Carl et Simon, et deux autres, Nicolas et Bernard, se réalisent depuis plus de 25 ans au sein du réseau coopératif agricole devenu aujourd’hui Sollio Groupe Coopératif. Les filles, Brigitte et Marie-Andrée, partagent cet amour du métier avec fierté, même si elles ont choisi d’autres chemins professionnels : la santé et l’administration publique. L’héritage agricole a pesé fort dans la balance! « On a fait de notre mieux pour les encourager et les aider dans leurs choix et leurs passions », exprime humblement André, le sourire bien accroché. Quand tout le monde y est, la famille au grand complet compte 55 personnes!

À l’image d’un chêne qui occupe majestueusement la forêt, la famille Marquis-Dion est bien enracinée dans le secteur laitier québécois et a laissé sa marque dans le secteur des bovins de boucherie de race Hereford. Avec les trois érablières, l’acériculture fait également partie de la culture familiale. « C’est l’une de mes activités préférées que d’aller marcher dans le bois, souligne Émilienne. J’aime prendre le temps de respirer et d’admirer la forêt! »

Le tournant : l’acquisition d’une vieille ferme!

André a toujours aimé aller aux encans d’animaux. Il a même eu son propre pacage pour engraisser ses bovins vendus à la boucherie. Il est tranquillement devenu, avec la collaboration de ses garçons, un amateur passionné de bovins de race Hereford pur-sang. « Les enfants ont tous mis la main à la pâte, raconte Émilienne. Carl a passé toute sa jeunesse à travailler à la ferme laitière de mon père, reprise par mes frères Richard et Joachim. C’était plus attirant que l’épicerie! » C’est ce qui aura contribué à faire naître aussi chez ses frères Simon, Nicolas et Bernard l’amour de la terre et des animaux. 

Lorsqu’il termine ses études à l’ITAQ de La Pocatière, Carl, l’aîné de la famille, et sa conjointe Lorraine n’ont qu’une idée en tête : acquérir une terre et vivre de l’agriculture. Une ferme est à vendre à Sainte-Croix-de-Lotbinière. André et Émilienne racontent : « Imaginez le portrait, s’empresse d’expliquer André : une vieille grange délabrée et une terre pleine de roches à ramasser! » Émilienne ajoute : « Mes frères sont venus la visiter et ils étaient un peu découragés », sourit-elle. « Carl, c’est un travaillant, reprend André. Il a du cœur au ventre. On s’est dit, ma femme pis moi, on les supporte et on achète la terre. Si ça ne marche pas, on la revendra! » C’est le début de l’aventure Lorka. Nous sommes en février 1983 avec des taux d’intérêt qui frisaient les 20 %!

Aujourd’hui, Carl et Lorraine ont établi deux de leurs quatre enfants, soit Justine et Catherine. Outre la production laitière et les grandes cultures, la ferme a élargi ses activités dans les domaines de l’acériculture et de la foresterie. Le troupeau compte 195 vaches laitières, la terre s’étend sur 395 hectares et l’érablière compte 5000 entailles. 

Un geste catalyseur 

« De la roche, j’en ai ramassé, raconte Nicolas avec une touche humoristique. Après mes quatre étés à travailler [à la ferme de Carl], plus rien ne me faisait peur! » Lui et son frère Bernard reconnaissent avoir développé, à la Ferme Lorka, leur goût de travailler pour le développement de l’agriculture québécoise. « Si nos parents n’avaient pas aidé Carl et Lorraine, la Ferme Lorka ne serait probablement pas là aujourd’hui », tient-il à souligner.

Simon, cadet de la fratrie, partage la même passion que son père pour l’élevage de bovins de boucherie. Actif dans le domaine de la construction de bâtiments de ferme, Simon fait l’acquisition, en 1992, avec sa conjointe Diane, d’une ancienne ferme laitière très modeste située à Saint-Charles-de-Bellechasse. Tout en gardant son emploi extérieur, il poursuivra son projet d’acquérir un troupeau vache-veau. Encore une fois, l’appui d’André et d’Émilienne est au rendez-vous et une deuxième entreprise agricole est créée : la Ferme Sika. Jusqu’en 2006, le troupeau de 75 têtes gagnera plusieurs titres.

Le dernier reçu est le prix excellence Hilaire-St-Arnaud. Un des sujets reconnus pour ses hautes performances génétiques sera vendu au CIAQ. Il s’agit de Marquis Obélix Rave. Complice très actif de ces événements rassembleurs pour plusieurs membres de la famille, André comprend cette décision. « Il faut savoir s’arrêter quand on est au top des résultats », selon lui. Et c’était le cas pour le troupeau Marquis Polled Hereford, après avoir pratiquement tout gagné à l’exposition provinciale des bovins de boucherie, l’Expo-Bœuf. « L’ambition d’avoir un troupeau laitier nous trottait dans la tête depuis quelques années, précise Diane Montminy, conjointe de Simon. Dans les années 1990, ce n’était pas évident de se partir dans le lait, même avec le Programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières de la Fédération des producteurs de lait. Notre plan d’affaires n’a pas été accepté au financement. Il a fallu procéder par étape. L’aide d’André et d’Émilienne a changé la donne », ajoute-t-elle avec gratitude.

Aujourd’hui, la Ferme Sika poursuit sa vocation laitière en mettant l’accent sur la haute génétique. Le troupeau laitier compte 62 vaches laitières et la terre cultivable s’étend sur 90 hectares. Nouvellement intégrée dans la ferme de ses parents, Laurence Marquis partage l’amour de la profession et de toute la famille élargie. Avec ses cousines Justine et Catherine, elle salue le concours et le titre reçu de Famille agricole de l’année. « Ça rappelle au monde que la majorité des fermes sont gérées par des familles et il faut encourager ces familles en achetant local », d’affirmer Justine! 

Le plaisir d’aider, de donner et d’encourager

Présents au moment de notre entrevue, Bernard et Nicolas insistent sur les valeurs d’entraide et de soutien moral et financier des parents à l’égard de leurs frères Carl et Simon. « On est contents des deux entreprises actives et dynamiques présentes dans notre famille. C’est une fierté familiale qui est portée par nous tous. L’aide financière était nécessaire et on ne s’attend pas à avoir la même chose, tient à préciser Nicolas. La profession est exigeante et on sait tous les sacrifices à faire. Ça prend du soutien autour et je pense que nos parents ont su aider leurs enfants, les encourager pas juste financièrement, mais aussi moralement. »

« On n’a pas la prétention d’être parfaits, poursuit André. Seulement, chaque fois que l’on peut donner quelque chose, on le fait. » Que ce soit pour du temps, des équipements, de l’aide financière aux études ou encore au démarrage d’entreprise, le don est pour eux un réflexe naturel. « Je me souviens du tracteur David Brown de 60 forces donné à Carl quand il a commencé, se souvient André. Moi, je ne m’en servais plus. Je lui ai dit : “Il est à toi!” J’ai fait la même chose avec Simon. » « C’est dans notre nature, renchérit Émilienne. On éprouve plus de joie à donner qu’à recevoir. Moi je rêve du jour où l’on pourra vivre sans argent. Juste par le troc, le partage… C’est peut-être un drôle de rêve », dira-t-elle en riant un peu. Outre les valeurs-phares qui ont guidé la vie d’André et d’Émilienne, Diane, conjointe de Simon, souligne qu’elle s’est sentie accueillie dans son rêve de pouvoir un jour devenir agricultrice. « Ce n’est pas facile de démarrer dans le lait. On a travaillé dur, insiste-t-elle, et c’est encore exigeant. Mais on est fiers de ce que l’on a construit Simon et moi. Je suis reconnaissante de l’aide apportée par mes beaux-parents. »

L’engagement

Que ce soit dans le secteur agricole ou plus largement le décor socio-économique de leur région, les membres de la famille Marquis-Dion ont la réputation d’être présents. « Ça fait partie de notre héritage, souligne Bernard. On a vu nos parents être impliqués socialement, on suit leurs traces. Une façon de donner au suivant, d’être redevable. » Que ce soit à titre d’administrateur de club de races pures (Simon), de membre fondateur et secrétaire de la CUMA (Carl), de directrice du syndicat des agricultrices (Lorraine), d’administratrices de coopératives (Diane et Justine), de président bénévole de l’Association de baseball mineur de Saint-Pascal (Nicolas) et de membre des Chevaliers de Colomb (Bernard), la liste complète est longue! Brigitte, infirmière retraitée, est bénévole pour plusieurs organismes, dont le programme Vivre Expérience Partage (VEP) qui l’a amenée en Haïti. Marie-Andrée, qui travaille pour le gouvernement du Québec, est bénévole pour la Croix-Rouge ainsi qu’à la Maison de soins palliatifs du Littoral, à Lévis.

Célébrer ensemble

Au-delà des performances, des prix et des mentions spéciales cumulés depuis les quarante dernières années par l’entremise des fermes Lorka et Sika, une évidence saute aux yeux lorsque se succèdent les tranches d’histoire et les étapes de vie de la famille : chacun a sa place et une grande affection les uns pour les autres y circule. L’amour du travail transmis par André et Émilienne s’est fait en permettant du temps de loisirs et surtout des moments pour célébrer et se retrouver ensemble. « C’est un grand bonheur pour nous chaque fois que la famille se rassemble », avoue Émilienne. Elle parlera du mariage récent de sa petite-fille Justine. « C’est moi qui ai reçu le bouquet de la mariée! » dira-t-elle fièrement. André et Émilienne ont la chance de voir arriver la quatrième génération de leur descendance. D’autres petites branches du grand chêne sont en train de se créer!

Photo : gracieuseté de la famille Marquis-Dion

Isabelle Éthier

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.

isa.ethier4@gmail.com

QUI EST ISABELLE ÉTHIER
Isabelle est conseillère en gestion organisationnelle et relations humaines en milieu agricole.