Aller au contenu principal

Les vaches ont chaud!

Difficile de dire combien de jours de canicule nous aurons cet été, mais chose certaine, les vaches ont déjà cumulé quelques semaines stressantes! 

On peut parier que comme chaque année, les données provinciales montreront une chute de production de lait et de composantes pendant la saison estivale. 

Pour évaluer le degré de stress thermique subi par les vaches, on calcule l’indice de température-humidité (ITH) selon la formule ci-dessous :

ITH = (1,8 x T + 32) - (0,55 - 0,0055 x % HR) x (1,8 x T - 26)
(T : température en °C; HR : humidité relative)

Les vaches souffrent de stress de chaleur dès que l’ITH dépasse 65. Or, un ITH de 65 s’obtient avec des combinaisons telles que 22 °C et 55 % d’humidité ou 24 °C et 30 % d’humidité. Plus le nombre de jours consécutifs où l’ITH est supérieur à 65 augmente, plus les performances sont affectées négativement.
Pour mettre en place des stratégies d’atténuation d’impact de la chaleur, il importe de comprendre les réactions physiologiques qu’elle provoque.

Réponse du métabolisme de la vache à un stress thermique

Les vaches réduisent leur consommation de fibre longue pour diminuer la charge de chaleur produite par sa fermentation. Elles mangent moins, trient plus, ruminent moins et salivent moins. C’est une combinaison « gagnante » pour provoquer des chutes de pH dans le rumen et compromettre l’efficacité de la microflore. Moins de fibre digérée égale moins de précurseurs disponibles pour la synthèse du gras du lait. Moins de consommation égale moins de protéine microbienne produite, donc moins de protéines de lait. Moins de consommation égale aussi moins d’énergie disponible pour les kg de lait et la reproduction. Et comme des études ont démontré que la mobilisation des réserves en période de stress est compromise, les vaches ne peuvent pas nécessairement compenser en perdant un peu plus de poids. 

Conséquences pour le système digestif

Quand il fait chaud, un mécanisme important de dissipation de chaleur se met en place. La circulation sanguine est redirigée vers la périphérie (la peau) pour favoriser la dissipation de chaleur et, par conséquent, le flux sanguin vers les organes internes est diminué. Ceci provoque une diminution de l’apport d’oxygène aux cellules du système digestif, qui entraîne une diminution de l’étanchéité de la paroi épithéliale et laisse passer de plus grosses molécules, telles les endotoxines produites par certaines bactéries.

Ces molécules peuvent déclencher une cascade inflammatoire, comme le ferait une infection nécessitant l’intervention du système immunitaire. Un système immunitaire en action : 1) requiert énormément d’énergie sous forme de glucose et 2) provoque souvent un stress oxydatif. La glande mammaire, qui utilise le glucose pour produire le lactose du lait, se voit couper l’herbe sous le pied. Moins de glucose disponible, moins de lactose produit; et moins de lactose produit, moins de volume de lait!

Des suggestions

On peut mettre en place des pratiques stimulant la consommation : repousser la ration, alimenter les vaches lorsqu’il fait moins chaud, offrir des fourrages digestibles et appétents, ajouter des sources de fibre solubles plus facilement digestibles et moins acidogènes que le grain et contrôler les niveaux d’amidon fermentescible. Levure et tampons peuvent aider à maintenir une bonne fonction ruminale.

Pour réduire l’impact d’un stress oxydatif accru en période chaleur et s’assurer que le métabolisme énergétique ait ses nutriments de base pour bien fonctionner, il faut s’assurer d’avoir un apport adéquat et varié d’antioxydants et de vitamines B dans la ration. Le prémélange Oasis offre une belle combinaison de ces éléments nutritifs et de stimulant de salivation. 

Une approche globale à privilégier

Comme le stress thermique a des impacts sur tout le métabolisme, pour le combattre, il faut une approche globale qui vise d’abord à rafraîchir les vaches physiquement. Le premier objectif devrait donc être de réduire le plus possible l’augmentation de la température corporelle des vaches. Puis, on apporte quelques changements alimentaires. C’est le concept derrière le programme Oasis, dont quelques éléments clés sont : de l’eau à volonté, et des ventilateurs en quantité suffisante et placés de façon efficace. Du point de vue alimentaire, l’heure est à la précision : assez de fibre pour garder le rumen en santé, mais pas d’excès, parce que sa fermentation contribue à la charge de chaleur; des concentrés pour maximiser la consommation d’énergie, mais pas d’excès la non plus pour ne pas amplifier les risques pour santé de l’épithélium digestif. 

Photo : iStock

Annick Delaquis

QUI EST ANNICK DELAQUIS
Agronome et détentrice d'un doctorat en alimentation animale, Annick est nutritionniste en production laitière chez Sollio Agriculture.

annick.delaquis@sollio.ag

annick.delaquis@sollio.ag

QUI EST ANNICK DELAQUIS
Agronome et détentrice d'un doctorat en alimentation animale, Annick est nutritionniste en production laitière chez Sollio Agriculture.

annick.delaquis@sollio.ag