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Plantes fourragères : quelle sera la surprise après l’hiver?

De quoi auront l’air les luzernières après un hiver que nous pouvons qualifier d’atypique? Même si la météo de chaque région est différente, le couvert de neige a été beaucoup moins épais que la normale et les températures plus douces.

Il n’existe aucun modèle pour prédire la survie des plantes fourragères. On peut estimer les risques de mortalité à l’hiver, mais rien ne vaut un diagnostic au champ. Voici des éléments à surveiller au réveil de vos prairies et pâturages.

Les traces laissées par l’été 2023

On pourra encore voir les traces de la saison estivale pluvieuse de 2023 ce printemps. Et pas seulement les traces laissées par le passage de la machinerie lors des récoltes en sol humide, mais aussi les traces des surplus d’eau sur la luzerne. Dans plusieurs champs, la population de luzerne a diminué au courant de l’été. Malheureusement, la situation ne se renversera pas pendant l’hiver. Les champs saturés en eau pour de longues périodes l’été dernier sont à surveiller ce printemps.

Plusieurs champs auront besoin de sursemis pour faire disparaître les larges bandes dénudées laissées par les tracteurs. Le sursemis tôt au printemps, avant que ces traces ne se couvrent de mauvaises herbes et que la végétation fasse de l’ombre aux semis, a plus de chance de réussir. Il sera donc avantageux d’aller marcher dans les champs dès que la température permettra à la luzerne de reprendre sa croissance pour réagir rapidement.

Pour les champs parsemés de sillons plutôt profonds et compactés, mieux vaut attendre que le sol se soit asséché avant d’effectuer des travaux pour éviter de le compacter davantage. Des plantes de couverture pouvant servir de fourrage pourraient ensuite être semées. Le choix des espèces à privilégier dépendra de la date de semis, du type de sol et des besoins en fourrage de la ferme.

Les traces laissées par l’hiver 2023-2024

Quels impacts auront un hiver doux et un couvert de neige très mince sur les plantes fourragères? Plusieurs facteurs exercent une influence sur la capacité de la luzerne à passer l’hiver et permettent d’estimer le risque de mortalité hivernale :

  • L’âge de la luzernière : plus la luzerne est âgée, plus le risque est grand;
  • La résistance aux maladies et la survie à l’hiver des cultivars : des cultivars hautement résistants aux principales maladies avec une cote de survie à l’hiver de 2 ou moins ont moins de risque de mortalité;
  • La fertilité et le pH du sol : les champs avec un pH de 6,8 et plus et une analyse de sol avec des teneurs en potassium supérieures à 200 kg/ha sont plus adaptés à la survie de la luzerne;
  • Le nivellement et le drainage : un sol bien nivelé et drainé diminue les risques de mortalité due au froid, au déchaussement ou au manque d’oxygène;
  • La régie de coupe et date de coupe : une luzerne qui fleurit au moins une fois dans l’année a plus de chance de passer l’hiver, de même qu’une luzerne qui n’est pas fauchée à l’automne;
  • La couverture de neige et la couche de glace : une couverture de neige d’au moins dix centimètres procure une isolation adéquate, une hauteur de coupe de dix centimètres permet de garder plus de neige au sol et de percer les couches de glace qui peuvent se former.

Votre expert-conseil est outillé pour vous appuyer dans l’évaluation de la survie à l’hiver. Il faut déterminer tout d’abord si les plants présents sont bien vivants. Des plants qui s’arrachent facilement avec des racines brunes et ramollies ou qui sentent mauvais sont malheureusement morts. À l’inverse, de petits bourgeons blancs autour du collet sont signe de regain. Ensuite, on compare le nombre de plants vivants par mètre carré à la population minimum nécessaire pour obtenir un rendement acceptable selon l’âge de la luzernière. Enfin, une évaluation des zones détruites ou clairsemées permettra de déterminer les actions à prendre au besoin.

Une bonne évaluation au champ et un inventaire en fourrage précis sont deux éléments permettant de prendre les bonnes décisions en lien avec les besoins de la ferme. Car un faible rendement en fourrage, c’est aussi un coût de production élevé. Alors, prendre le temps de bien évaluer ses prairies et pâturages, c’est investir dans la rentabilité de la ferme.

Photo de Sollio Agriculture

Lyne Beaumont

QUI EST LYNE BEAUMONT
Membre de l'Ordre des agronomes du Québec, Lyne est conseillère Semences Elite chez Sollio Agriculture.

lyne.beaumont@sollio.ag

lyne.beaumont@sollio.ag

QUI EST LYNE BEAUMONT
Membre de l'Ordre des agronomes du Québec, Lyne est conseillère Semences Elite chez Sollio Agriculture.

lyne.beaumont@sollio.ag