Aller au contenu principal
Vie coopérative

Coopératives agricoles, un exemple italien

Écrit en collaboration avec Enzo Pezzini

En Italie, on relève de nombreux exemples de coopératives agricoles qui ont décidé de jouer à la fois la carte du développement sectoriel et celle du développement régional.

La raison en est simple, on estime qu’un ne va pas sans l’autre! Voici l’exemple de la coopérative Alpe del Garda située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Brescia.

Nichée sur les plateaux difficilement accessibles le long du lac de Garde dans la région de Lombardie (Nord de l’Italie), la municipalité de Tremosine est constituée de divers petits hameaux s’étendant sur près de 30 km carrés. Regroupés en coopérative (Cooperativa Caseificio Sociale ou sa raison sociale Alpe del Garda), des petits, voire très petits producteurs laitiers ont, durant des décennies, procédé avec un mode très artisanal pour la transformation du lait en fromage, soit en utilisant à tour de rôle leur installation pour faire la transformation (« latteria turnaria »). Méthode fort peu efficace, mais pratiquée jusqu’au début des années 1980, où l’on suggère, après avoir fait le constat que l’activité risquait de disparaitre, de créer de toute pièce une petite usine de transformation.

Devant composer avec plusieurs difficultés économiques, surmontées en particulier grâce à l’appui de la banque coopérative locale, cette initiative a été préparée par une longue période de consultations et rencontres. De cette idée et ce premier pas, un remarquable développement a suivi.

Transformation du lait des membres

Deux fromages typiques et exclusifs, Formaggio Garda et Formaggella di Tremosine, sont obtenus uniquement avec des bovins de race Brune des Alpes (Brown Swiss). Le processus de production a obtenu la certification de qualité ISO 9001:2000.

Propriété et gestion d’un cheptel 

Des membres vieillissants et sans relèves décident de ne pas poursuivre l’exploitation d’un troupeau de vaches. La coopérative peut racheter leur exploitation! Le risque était de perdre la capacité de production de lait localement. La coopérative a donc désormais ses propres installations, soit une étable comptant plusieurs centaines de têtes et qui est équipée du matériel le plus moderne pour nourrir les vaches et les traire. On retrouve aussi sur le site de l’étable des installations pour exploiter le fumier, soit un système de biomasse permettant la production de méthane avec des bassins et des panneaux photovoltaïques pour l’énergie électrique et d’autres équipements.

Diversification dans le type de lait transformé

À la demande de ses membres, la coopérative transforme aussi du lait de chèvre en fromage.

Ouverture vers des activités de transformation et mise en marché de viandes

 À la demande des membres, la coopérative a une entente avec un abattoir pour la viande de porc et de vaches. En outre, par l’entremise de ses activités commerciales directes (restaurant et comptoir de vente) et son réseau de distribution, elle écoule cette production.

Ouverture d’un magasin grand public et d’un restaurant

Ces deux installations permettent d’écouler non seulement les produits de la coop, mais aussi d’autres produits régionaux. Installations modernes et bien aérées, elles s’avèrent donc très attirantes pour les touristes de passages dans cette région.

Achat graduel d’une flotte de camions

Il y a maintenant des camions-citernes, mais aussi des camions permettant la distribution des fromages. Il y a aussi vente en comptoir mobile, c’est-à-dire directe au public sur les marchés hebdomadaires dans de nombreuses localités de la région. La vente en direct représente 30 % du total, le reste est canalisé vers les détaillants et la grande distribution.

Ouverture d’une quincaillerie destinée prioritairement aux membres 

À même sa principale installation, la coopérative possède une quincaillerie destinée prioritairement aux membres. Elle est aussi accessible aux citoyens.

Activité dans le secteur touristique 

Nichée dans des plateaux situés entre 800 et 1700 mètres d’altitude et traversée par de nombreux sentiers de randonnée, la coopérative possède également deux auberges s’adressant à des randonneurs. L’exploitation en est cependant confiée à un autre organisme.

Impacts

La coopérative est devenue le principal employeur de Tremosine en offrant 50 emplois pour une population de 2000 personnes. C’est un peu comme si dans une municipalité de 200 000 habitants, une coopérative offrait 5000 emplois!

L’impact de la coopérative dépasse, bien entendu, la simple création d’emplois. Avec ses activités, elle attire des touristes, principalement allemands et autrichiens, en raison de la proximité géographique de ces pays. Plus encore, elle permet à ces voyageurs de faire des séjours prolongés dans la région avec des retombées économiques intéressantes pour toute la communauté.

La coopérative a amélioré la qualité de vie des agriculteurs avec une sécurité pour l’écoulement de leur lait, l’accroissement des revenus, la valorisation du produit transformé, et l’assistance technique et professionnelle gratuite. De plus, elle a favorisé la formation d’une nouvelle identité territoriale, caractérisée par des produits typiques ayant d’excellents profils qualitatifs, et de deux filières alimentaires totalement locales (lait et viande).

Jean-Pierre Girard

Jean-Pierre Girard
est expert-conseil international en entreprises collectives

Enzo Pezzini
est consultant expert en entrepreneuriat coopératif

jean-pierre.girard@lacoop.coop

Jean-Pierre Girard
est expert-conseil international en entreprises collectives

Enzo Pezzini
est consultant expert en entrepreneuriat coopératif