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Chroniques / Faits et gestes

Le banc des accusés

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L’agriculture se retrouve plus souvent qu’à son tour au banc des accusés. Entre autres motifs au cours des derniers mois : l’utilisation d’une nouvelle génération de produits utilisés dans la lutte contre les ravageurs des cultures, les néonicotinoïdes.

Producteurs de maïs, de soya, de canola, de pommes de terre : les utilisateurs des néonics sont nombreux partout en Amérique du Nord. Employés le plus souvent comme traitement de semences, ils constituent une avancée technologique importante, remplaçant des produits à diffusion foliaire susceptibles d’avoir de plus grands impacts environnementaux.

L’effet des ravageurs sur les cultures peut être dévastateur. Ainsi, l’utilisation d’une technologie performante peut faire la différence entre un bénéfice financier et une perte. Lorsque ladite technologie procure des gains sur le plan environnemental, étant appliquée de façon très circonscrite, on se retrouve dans la zone gagnant-gagnant.

Malgré tout, différents groupes de pression ont consacré des efforts colossaux au cours des derniers mois pour positionner les néonics comme principale cause de mortalité des abeilles – sinon la seule, à en entendre certains. Bien que celles-ci se portent particulièrement bien dans l’ouest du pays, où est produit 85 % du miel canadien et où les champs de canola traités aux néonics sont légion, leurs détracteurs n’en démordent pas.

Dans le dernier rapport de Santé Canada (novembre 2014), on rappelle, comme bien des scientifiques l’ont déjà dit, que la santé des pollinisateurs est un enjeu complexe, puisqu’une multitude de causes sont impliquées : conditions météorologiques, disponibilité de nourriture, gestion des ruchers, parasites, pesticides, etc. Peu importe, en Ontario, la pression médiatique est devenue telle que le gouvernement a lancé un processus de consultation sur l’utilisation des néonics en agriculture.

Des apiculteurs ontariens ont même intenté une poursuite contre des fabricants et distributeurs de néonics. Cette initiative est loin de faire l’unanimité dans le monde apicole. Le plus grand regroupement provincial d’apiculteurs du Canada, l’Alberta Beekeepers Commission, s’est ouvertement dissocié de cette poursuite. À son avis, l’interdiction des néonics constituerait un recul, en réintroduisant l’utilisation de produits potentiellement plus nuisibles aux pollinisateurs. Le Conseil canadien du miel défend la même position.

Serait-il possible d’utiliser les néonics de façon encore plus circonscrite? De limiter encore davantage leurs effets sur l’environnement? Sans doute. L’avancement des connaissances en matière de lutte contre les ravageurs pourrait bien permettre un jour une utilisation encore plus judicieuse. Entretemps, et dans un processus d’amélioration continue, les membres du réseau La Coop ont accès à un vaste choix de semences, traitées ou non, et bénéficient d’un accompagnement professionnel de premier ordre.

Robots de traite, conduite guidée par GPS, OGM, néonics : les technologies adoptées par les agriculteurs ont de tout temps constitué la réponse prioritaire à la dure réalité de l’économie de marché. Les marges ayant une fâcheuse et inévitable tendance à se resserrer dans le temps (concurrence oblige), l’innovation est essentielle. En visant une utilisation toujours plus judicieuse et circonspecte des nouvelles technologies, tous en sortiront gagnants. Dans la mesure où le discours ambiant demeure rigoureux et factuel.

 

Vincent Cloutier

QUI EST VINCENT CLOUTIER
Détenteur d’un baccalauréat en agronomie de l’Université Laval et d’une maîtrise en gestion agroalimentaire, Vincent a travaillé comme économiste principal chez Sollio Agriculture.

 

vincent.cloutier@sollio.coop

QUI EST VINCENT CLOUTIER
Détenteur d’un baccalauréat en agronomie de l’Université Laval et d’une maîtrise en gestion agroalimentaire, Vincent a travaillé comme économiste principal chez Sollio Agriculture.