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Chroniques / Faits et gestes

Jamais sans mon Japon!

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Il y a quelques mois, le premier ministre Harper a rappelé que le Canada devra faire face à des « choix difficiles » dans le cadre du Partenariat transpacifique (PTP). Intervention d'une rare limpidité, qui a subitement dirigé les projecteurs vers le méga-accord commercial en devenir.

L’état de la joute politique entourant l’attribution de la Trade Promotion Authority (TPA, de son p’tit nom le Fast track) au président Obama rajoute aux craintes des uns et aux espoirs des autres.

Le consensus est large quant à la nécessité de préserver intégralement la gestion de l’offre dans le cadre de cette négociation. Toute nouvelle brèche dans les barrières tarifaires serait aussi inappropriée que malavisée. Seulement, si PTP il y a, le Canada doit en être. Demeurons méfiants, certes : avertissons des dangers d’une entente qui nuirait à la gestion de l’offre. N’allons cependant pas jusqu’à remettre en question la pertinence de la participation du Canada à ce genre d’entente.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, répète à qui veut l’entendre que le potentiel de croissance de l’économie canadienne réside principalement dans l’exportation. Son prédécesseur, Mark Carney, en avait aussi fait un cheval de bataille. Vrai que les États-Unis sont et resteront encore longtemps le principal partenaire économique du Canada. C’est toutefois dans la région de l’Asie-Pacifique que s’observeront, au cours des prochaines décennies, les plus forts taux de croissance. L’Afrique pourrait bien prendre le relais ensuite. Gageons – ou plutôt souhaitons – que les responsables du programme commercial canadien y songent déjà.

Soit, les accords commerciaux sont essentiels à la croissance économique canadienne. Mais ils peuvent aussi faire mal. L’accord entre le Canada et l’Europe en a déçu plus d’un, avec l’importation éventuelle de plusieurs milliers de tonnes de fromages supplémentaires, ce qui grignoterait le déjà modeste potentiel de croissance du marché intérieur. Si l’accord est un jour mis en œuvre (second semestre de 2016?), ses effets se feront alors graduellement sentir. À l’inverse, l’exemple de la Corée illustre que l’absence d’accords commerciaux peut aussi faire mal.

Il y a quelques années, les États-Unis ont ratifié un accord avec la Corée qui a conduit à la réduction de barrières tarifaires pour de nombreux produits agricoles. Ce n’est que tout récemment (1er janvier 2015) que le Canada a réussi à faire de même. Conséquence : pendant des années, le porc canadien n’y était pas compétitif et a été presque exclu de ce marché pourtant lucratif. Le parallèle avec le PTP est lourd de sens : le Japon est un immense marché pour le porc canadien, bien plus que la Corée. Imaginons un instant que les États-Unis se voient accorder un accès préférentiel au marché japonais, que le Canada n’aurait pas : les conséquences seraient funestes. Le Canada ne peut rester en marge de ce qui est devenu, ni plus ni moins, une course aux accords commerciaux. En agroalimentaire, les industries du porc, du bœuf, des produits de l’érable, etc., ont besoin de ces ponts commerciaux plus fluides avec les zones du globe connaissant une forte croissance de la demande.

Ratifier des accords permettant de fluidifier les échanges, tout en fermant la porte aux importations supplémentaires dans les secteurs laitier et avicole : on en demande beaucoup à nos négociateurs. Comme partout ailleurs, finalement. Pour le Japon, la liste des catégories de produits dits « sensibles » est assez substantielle : riz, blé et orge, bœuf et porc, produits laitiers, sucre et féculents – il serait peut-être plus rapide de lister les produits non sensibles. Ne soyons pas mal à l’aise…

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Vincent Cloutier

QUI EST VINCENT CLOUTIER
Détenteur d’un baccalauréat en agronomie de l’Université Laval et d’une maîtrise en gestion agroalimentaire, Vincent a travaillé comme économiste principal chez Sollio Agriculture.

 

vincent.cloutier@sollio.coop

QUI EST VINCENT CLOUTIER
Détenteur d’un baccalauréat en agronomie de l’Université Laval et d’une maîtrise en gestion agroalimentaire, Vincent a travaillé comme économiste principal chez Sollio Agriculture.