Adepte du semis direct qu’il pratique depuis 30 ans pour son portefeuille et la santé de ses sols, Jocelyn Michon, de la ferme du même nom, a fait son bilan carbone avec Agriclimat. Deux constats : il est faible et le séchage des grains à l’air forcé est une avenue privilégiée.
Pour 240 hectares en culture, 582 tonnes d’équivalent CO2, c’est peu, analyse l’agriculteur, impatient de comparer ses performances avec celles d’autres fermes pour poursuivre son amélioration. Ses sols dosent entre 2,5 % et 4,5 % de matière organique selon leur texture sableuse ou argileuse. La perte de carbone a été freinée par des pratiques de conservation, mot qu’affectionne ce pionnier en la matière, première ferme céréalière canadienne certifiée ISO-14001 (gestion environnementale), certification sans prime financière qu’a abandonnée Jocelyn Michon. Cette année, l’homme participera au Laboratoire vivant – Racines d’avenir pour échantillonner le carbone jusqu’à un mètre de profondeur pour répondre à la question : en ne labourant plus, le carbone migre-t-il moins dans les horizons? Dans un sol vivant aux racines puissantes, oublie-t-on d’échantillonner les sols plus profondément?
La ferme cultive maïs, soya et haricots verts en plus d’une rotation de fertilité (seigle après le soya et le maïs, mélange multi-espèces après les haricots). Le carburant consommé (34 l/ha) est bien inférieur à la moyenne (2019) rapportée par le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture pour le maïs-grain (92 l/ha). Ayant des sols structurés et vivants (600 vers de terre au mètre carré), le céréaliculteur utilise moins d’urée (enrobée ou pas) au fort potentiel d’émission, mais pointe au 93e rang centile pour ses rendements de maïs en utilisant 115-120 unités d’azote! Enfin, sur 2,3 km s’épanouissent une bande riveraine et un brise-vent qui soustraient 27 tonnes de GES au bilan. Mais comment l’alléger davantage?
Dans sa Montérégie, où on trouve encore quelques passionnés de cribs à maïs, ces séchoirs où les épis se prélassent à l’air libre jusqu’à l’été, Jocelyn Michon a plutôt érigé trois silos-séchoirs – admissibles à des subventions (voir le texte Écoperformance pour les nuls). Il les a apprivoisés sur quelques années et il évite maintenant de les surcharger en ventilant à 4 m3/h (2,36 pi3/min) par boisseau pour viser 14 % d’humidité. Un module d’Agrilog automatise la marche et l’arrêt des ventilateurs. L’innovateur garde son séchoir conventionnel pour commercialiser le tiers de ses grains au battage.
Jocelyn Michon paie environ 2,25 $/t de moins pour sécher ses grains à l’air forcé dans ses silos équipés de trois moteurs de 20 forces (575 V) chacun. Pour 1000 tonnes de maïs à sécher en 2023, la facture d’électricité s’est accrue de 750 $, mais la facture de propane s’est allégée de 14 450 $. C’est 25 800 litres de propane dont le carbone n’a pas rejoint l’atmosphère, l’équivalent CO2 de 40 tonnes!