Quelles seront les conséquences du printemps sur les rendements?

Durant la formation des experts-conseils à la Ferme de recherche de Sollio Agriculture, les défis printaniers et leurs conséquences sur les rendements à l’automne ont été présentés. Voyons ce qu’il faut surveiller et ce dont on devra se rappeler à la récolte.
Maïs - des levées inégales = des pertes de rendement
« Lors de printemps difficile, c'est rare que ce soit le festival du rendement à l'automne », souligne d’emblée Pascal Larose, agronome et chef de produits et de l'agronomie chez Semences Maizex. Notre estimation est qu'il y a 30 % de maïs qui est en excellente condition, 30 % qui est de condition médiocre et 40 % qui est correct. Globalement, nous pouvons déjà estimer que la saison va se terminer avec des rendements inférieurs ou équivalents à la moyenne historique au Québec. » À suivre selon ce que la saison nous réservera comme conditions climatiques...
Regardez bien vos champs perpendiculairement aux rangs. Vos plants de maïs sont-ils tous de la même hauteur? À la Ferme de recherche, on voit des plants à 3 feuilles alors que d'autres n'ont pas émergé de terre. Les petits plants seront éventuellement masqués par les plus grands, feront seulement une tige et n’auront pas l’occasion de produire d’épis, ce qui aura un impact sur les rendements. Or, l’uniformité des plants au niveau de l’émergence des plants a un impact sur le potentiel de rendement de votre hybride de maïs.
« Une feuille d'écart dans l'émergence va entraîner un épi plus petit que les épis voisins, précise l’agronome. Deux feuilles d'écarts entre deux plants et le plus petit finira avec une tige sans épis. »
« Les levées non uniformes, c'est le facteur limitant premier de rendement, ajoute Pascal. Une population de 36 000 qui lève inégalement, c'est beaucoup plus grave qu’une population de 24 000 qui lève également. »

Soya - semer en juin = 84 % du rendement
Un soya semé en début mai démarre l’année avec un potentiel de rendement de 100 %. Lorsqu’il est semé en juin, son rendement potentiel descend alors à 84 %, d’après la dizaine d’années de recherches menées à la Ferme de recherche.
« Quand la poche de semences s'ouvre au mois de juin, le rendement baisse de 16 %, explique Pascal. Mais il faut le semer, on n'a pas le choix! C'est là que la saison nous amène. Cette année, 50 % du soya aura été semé en juin. Donc, 50 % de la récolte part, en théorie, avec 16 % moins de rendement potentiel. »
Plantes fourragères - des semis pleins de mauvaises herbes = une composition imprévue
Lyne Beaumont, agronome et conseillère Semences Maizex chez Sollio Agriculture, souligne que les semis avec de fortes pressions de mauvaises herbes pourraient entraîner une composition au champ différente de ce qui était prévu dans les mélanges.
Les champs humides semés dans la deuxième semaine de juin auront un départ au même moment que la germination des mauvaises herbes. « Ça va être sale. La conséquence est que, quand on met des graminées, et qu'il y a compétition, il va y avoir un impact sur la composition de ce qu'on a semé par rapport à ce qui va lever. Souvent, la luzerne est plus agressive et compétitive et s’en sort un peu mieux. Il y a tendance à avoir moins de graminées et des population plus faibles de luzerne quand c’est rempli de mauvaises herbes. »
Photos : Stéphanie McDuff