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Société d’entomologie du Québec : 150 ans d’étude sur les insectes

Les insectes fascinent depuis longtemps et non sans cause. À titre de rappel, les insectes constituent la plus grande part de la biodiversité animale, selon le nombre d’espèces. On estime leur diversité entre 5 et 80 millions d'espèces, ce qui représenterait plus de 80 % des différentes formes de vie animale sur Terre.

Les interactions entre les humains et les insectes déterminent de nombreux aspects de notre vie quotidienne. Le rôle des insectes en agriculture est d’ailleurs un des aspects fondamentaux à la création de l’entomologie, soit la branche de la zoologie liée à l’étude des insectes.

Petite histoire de l’entomologie au Québec

Au Québec, le développement de l’entomologie a suivi un parcours qui n’est pas sans rappeler celui de la botanique, popularisée par le frère Marie-Victorin. C’est à un religieux qu’on doit parmi les premiers ouvrages sur le sujet, l’abbé Léon Provancher. Il est l’auteur de la Petite faune entomologique du Canada, publié en 1886, qui fera référence dans le domaine. Il a aussi initié la première revue à caractère scientifique en français en Amérique, Le Naturaliste canadien, encore publiée aujourd’hui. 

La Société d’entomologie du Québec (SEQ) est toutefois fondée en 1873 par William Couper, un « collectionneur et taxonomiste infatigable et premier Canadien à publier des textes scientifiques sur les insectes », peut-on lire sur le site de la SEQ. D’abord une filiale autonome de la Société entomologique de l’Ontario (ESO), elle devient une société indépendante en 1951 avant de s’incorporer en 1983 sous son nom actuel.

La SEQ regroupe aujourd’hui près de 200 personnes et organismes. 

Une science en mouvement

Le récent congrès de l’organisme, qui se déroulait à Montréal au début octobre, a donné l’occasion de voir les dernières avancées en entomologie et la relation souvent conflictuelle entre les insectes et l’agriculture. Comme le démontrait une présentation sur les méthodes utilisées jadis, de tout temps l’homme a tenté de contrôler la présence d’insectes, vus plus souvent comme une nuisance et une source de problèmes.

Le Centre d’étude sur les grains (Cérom) et l’Institut de recherche et de développement sur l’agriculture (IRDA) figurent parmi les organismes à pied d’œuvre dans la recherche appliquée quant à la lutte intégrée des ravageurs en agriculture. Le congrès a permis d’en savoir plus sur les recherches en cours et les résultats des projets menés par différents chercheurs.

L’entomologiste Maxime Lefebvre, de l’IRDA, a fait une présentation sur l’utilisation du trichogramme pour contrer la pyrale dans le maïs sucré. Julien Saguez, du Cérom, a pour sa part montré l’évolution de la gestion intégrée des vers fil de fer dans les grandes cultures au Québec. C’est d’ailleurs à lui et à son équipe qu’on doit la confirmation d’un nouveau type de taupin au Québec l’an dernier.

Il a également été possible d’en savoir plus sur les effets des bandes fleuries, et de certaines fleurs en particulier, sur la diversité des ennemis naturels et le contrôle des pucerons dans les cultures de laitue de plein champ. D’autres recherches se penchent quant à elles sur la santé des abeilles domestiques et des bourdons et les impacts sur la pollinisation dans les bleuets nains. La cicadelle dans les fraisières et les méthodes de lutte intégrée dans les cannebergières ont aussi fait le cas de présentations.

Place à la prévention

Maxime Lefebvre, qui est aussi président de la SEQ, déclare en entrevue que les défis sont nombreux pour les producteurs agricoles, surtout durant des étés comme celui qu’on a connu en 2023. La perception quant au contrôle des insectes tend à changer avec les avancées scientifiques et dans les dernières années, de nombreuses pratiques, comme les bandes fleuries ou l’agroforesterie, font place à la biodiversité et une meilleure santé des sols. 

Maxime Lefebvre préconise pour sa part une approche préventive et davantage de transfert de connaissances. « Il faut conscientiser aux bonnes pratiques et le principe d’agrosystème. Si on change une pratique culturale, il s’en découlera une série d’impacts sur les autres composantes de l’agroécosystème ». Améliorer la santé des sols, dit-il, contribue à des plantes plus en santé et moins vulnérables aux prédateurs, tout comme une bande fleurie amène une diversité d’insectes et rééquilibre la biodiversité.

Le prochain congrès en 2024, qui réunira à Québec tous les entomologistes du Canada, jouera d’ailleurs sur les différentes perceptions envers les insectes avec comme thème Le bon, la brute et le truand, un clin d’œil au western du même nom. 

La place et le rôle des insectes sont selon le chercheur et président de la SEQ une question de perception. « On a tendance à catégoriser les insectes en bons et méchants alors que la réalité est beaucoup plus nuancée ».

Photo par Stéphanie McDuff

Céline Normandin

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture. 

celine.normandin@videotron.ca

QUI EST CÉLINE NORMANDIN
Détentrice d’une maîtrise en science politique, Céline est journaliste-pigiste auprès du Coopérateur. Et ce n’est pas par hasard si elle se retrouve aujourd’hui à couvrir le secteur agroalimentaire puisqu’elle a grandi sur une ferme laitière. Sa famille est d’ailleurs toujours active en agriculture.