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Ferme Sage : Sur le chemin d’un avenir durable

La Ferme Sage, exploitation familiale spécialisée dans l’élevage de bovins de boucherie Angus rouges, se distingue par  ses pratiques environnementales. Stanley, Cheryl, Ian et Eric Christensen honorent ainsi l’héritage de leurs prédécesseurs, jusqu’à leurs lointains ancêtres qui avaient à cœur de préserver une nature quasi intacte.

La journée était chaude en ce 11 mai 2023. Une température inhabituelle pour ce temps de l’année, à Lac-Sainte-Marie, en Outaouais. Ian Christensen en est bien conscient. Sa formation en écologie du Collège Macdonald fait de lui un observateur avisé des changements climatiques. Soucieux de contribuer à sa façon à un avenir plus durable, il pense à ses deux jeunes enfants de cinq et trois ans et à l’état dans lequel on leur laissera la planète.

Les générations se suivent. Ian représente la sixième dans l’entreprise. Les terres, entretenues avec le plus grand soin, appartiennent depuis 1846 à la famille de sa mère, Cheryl Sage, d’origine irlandaise et infirmière de métier. 

Le frère d’Ian, Eric, consultant en environnement à Vancouver, a aussi mis la main à la pâte au fil des ans pour faire de l’entreprise la lauréate du Prix de l’intendance environnementale pour le Québec en 2023. Cette distinction, décernée chaque année, récompense le leadership des producteurs de bovins de boucherie canadiens en matière d’environnement.

Des pionniers

Le chemin Sage débouche sur un site enchanteur, un véritable écrin de nature. La ferme de 120 vaches pur sang est bordée de vallons, de boisés et de pâturages avec, tout au bout, le lac Sainte-Marie. Plusieurs des parcelles de l’exploitation longent des portions du lac. Ces dernières ont été clôturées. Les Angus rouges ne peuvent pas s’y baigner les pattes, car elles risqueraient d’endommager les berges. De larges bandes riveraines, minutieusement aménagées par la famille, protègent la ressource aquatique.

Ian cherche à profiter d’une saison de pâturage la plus longue possible. On travaille avec la nature et la conservation des sols est une priorité. Depuis toujours, il n’y a eu, sur ces terres, que peu ou pas de labour. 

Fertilisants de synthèse et herbicides sont proscrits. « On a bâti la biodiversité dans nos pâturages en favorisant la multiplication des variétés, commente Ian. Nos terres sont semi-boisées. Elles ne sont pas bonnes pour la grande culture, mais excellentes pour les bovins de boucherie. »

Son père, Stanley Christensen, est un des premiers dans la région à avoir adopté la rotation des pâturages. « On se faisait regarder! » lance Ian. Cette pratique depuis longtemps éprouvée favorise la productivité et permet de garder les animaux à l’extérieur plus longtemps. De plus, en maximisant l’usage des pâturages, on réduit les besoins en foin que l’on doit sinon produire à grands frais, estime Ian, et c’est sans compter la gestion des fumiers.

« Les membres de la famille Christensen ne se passionnent pas seulement de leurs animaux, mais de la terre aussi, souligne Jason Brock, expert-conseil en production bovine chez Sollio Agriculture. Certaines personnes croient que les vaches sont un problème pour l’environnement. Les producteurs de bovins savent que, bien gérées, les vaches de boucherie sont une des meilleures façons d’améliorer la biodiversité et la conservation des sols. Les propriétaires de la Ferme Sage en sont l’exemple parfait. »

L’efficacité avant la grosseur

La ferme possède 300 têtes au total. Outre les 120 vaches, on compte des veaux, des bouvillons d’abattage, ainsi que des femelles et des taureaux de reproduction destinés à la vente, la principale source de revenus de l’exploitation. 

La Angus rouge est réputée pour sa rusticité et son fort côté maternel, dit Ian. Elle vêle seule avec facilité et s’occupe à merveille de son veau. « On n’a pas besoin d’être là, déclare le jeune éleveur. Ça permet de maximiser notre efficacité dans les autres activités de la ferme. »

C’est le grand-père d’Ian qui a introduit les premières Angus rouges (Red Angus) à la ferme en 1985. Le troupeau était alors composé de plusieurs autres races. Stanley a éliminé graduellement ces dernières tout en augmentant le nombre de Rouges, convaincu qu’elles convenaient mieux à leur style de gestion et d’élevage.

Le cheptel est réparti sur diverses parcelles (283 hectares [700 acres] au total), dont certaines en location. « La superficie en pâturage de la ferme augmente graduellement, informe Ian. Les étés très chauds sont la norme. Il faut offrir plus d’ombre aux animaux, plus d’hectares par vache et plus d’eau. »

Demande locale

En plus de la vente de sujets de reproduction, les Christensen ont développé un marché local avec une belle variété de coupes de viande qu’ils offrent aux consommateurs. Leurs bouvillons, élevés sans antibiotiques ni ajouts d’hormones de croissance, sont abattus à Thurso, à 125 km de la ferme. 

La boucherie est effectuée à l’abattoir. Ian et ses parents doivent jongler avec un horaire qui demande une solide planification. Les places à l’abattoir doivent être réservées plus d’un an d’avance. De deux à trois bouvillons de 454 kg (1000 lb) sont abattus chaque mois. On en tire, pour chacun, environ 225 kg (500 lb) de viande.

Tiens, un client vient d’arriver à la ferme pour s’approvisionner en bœuf de qualité… L’entrevue est terminée. Les affaires sont les affaires! Au revoir, Ian, et bonne continuité!

Photo par Patrick Dupuis

Patrick Dupuis

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

patrick.dupuis@lacoop.coop

patrick.dupuis@sollio.coop

QUI EST PATRICK DUPUIS
Patrick est rédacteur en chef adjoint au magazine Coopérateur. Agronome diplômé de l’Université McGill, il possède également une formation en publicité et en développement durable. Il travaille au Coopérateur depuis plus de vingt ans.

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