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Ventilation dans les étables : Attraper son air

Photo : Gracieuseté de Secco international

Un des éléments essentiels à la survie de tout animal dont nous prenons soin est la qualité de l’air. Trois connaisseurs en la matière ont donné leur point de vue sur le sujet.

« La première fonction d’une bonne ventilation est de fournir l’oxygène nécessaire pour vivre et produire », souligne André Roy, directeur des productions spécialisées et des ventes chez Opti Bœuf. Un bovin possède une faible capacité pulmonaire et doit donc respirer plus d’air pour compenser, ce qui le rend plus susceptible d’attraper des maladies. La ventilation doit également évacuer les gaz toxiques et l’humidité. Il s’agit principalement de l’ammoniac, mais aussi du CO2 que les animaux émettent en respirant et du méthane produit par la fermentation entérique des ruminants.

Selon l’âge des bêtes, l’humidité entraîne différents problèmes. Les veaux ont tendance à être plus malades en présence d’une humidité élevée. Les adultes, eux, souffrent davantage du stress de chaleur, qui affecte leur métabolisme, leur consommation et leur productivité. Dans leur cas, on parle de l’indice température-humidité (ITH). Il est primordial de réduire l’effet de l’ITH en faisant circuler de l’air dans l’étable.

Pour André Roy, les impacts d’une ventilation défaillante sont majeurs. « Chez les veaux, on notera plus de maladies, plus de morbidité et plus de mortalité. Chez les adultes, il peut survenir une perte de productivité à court et à long terme, particulièrement sur le plan de la quantité du lait ou de ses composants. Des effets à plus long terme auront des répercussions sur les fœtus. » André Roy indique que la pneumonie peut être prévenue chez les veaux grâce à une ventilation adéquate.

 

Connaître ses équipements

Il est important d’équiper ses bâtiments de bons systèmes de contrôle de l’air. Des erreurs graves sont parfois commises. « À mon avis, la principale erreur est d’installer une bonne boîte de contrôle du système de ventilation, mais de ne pas savoir comment la faire fonctionner, dit André Roy. Car on croit qu’une fois les contrôles mis en place, la boîte va s’adapter toute seule. Une autre erreur est de continuer d’utiliser un système qui a été prévu pour un certain nombre d’animaux, d’un certain groupe d’âge ou de production, alors que le cheptel a changé. Ou encore d’agrandir l’étable avec de nouvelles sections qui s’interconnectent, mais qui font que les systèmes de ventilation se “battent” l’un contre l’autre. Exemple : deux étables en parallèle (souvent une vieille et une nouvelle) reliées à leur extrémité par un corridor ouvert (configuration en U). La nouvelle étable, équipée de nouvelles capacités de ventilation, “volera” l’air de l’ancienne étable, qui fonctionnait pourtant bien lorsqu’elle était seule. Il faut aussi éviter le plus possible une pression négative dans les pouponnières, car les veaux y sont plus sensibles que les vaches. »

 

Répondre aux besoins

Les fabricants d’équipement de ventilation doivent ultimement satisfaire les demandes des animaux. « L’objectif premier est de répondre aux besoins des bovins, affirme Yvan Blanchette, de Secco International. Nous rencontrons le client pour déterminer le type d’installation qu’il souhaite. Une ventilation d’été ou d’hiver? Un système mécanisé ou manuel? Ou bien une combinaison des deux? »

Le but est d’apporter du confort aux bêtes, peu importe qu’il s’agisse de bouvillons ou de vaches laitières. Seuls les critères guideront les actions. « Les gens veulent améliorer la ventilation pour maximiser le confort des animaux, donc la rentabilité de l’entreprise, poursuit le spécialiste. Le principe reste le même : nous faisons entrer de l’air et nous le faisons sortir. Qu’il soit chaud ou froid, notre rôle est de le contrôler le mieux possible. En été, nous ne pouvons pas abaisser le mercure à 10 °C dans une étable, mais nous pouvons créer artificiellement du vent pour assécher l’air et rendre l’endroit plus confortable. En ce qui a trait aux veaux, c’est différent. Nous ne pouvons pas créer de courant d’air. L’été, il faut les rafraîchir sans pousser d’air frais directement sur eux. L’hiver, nous devons parfois utiliser du chauffage. »

Un des principaux défis des années 2020, ce sont les changements climatiques, qui se sont invités dans les plans des spécialistes. « De nos jours, nous devons affronter deux à trois canicules par année, indique Yvan Blanchette. Ça nous a forcés à ajouter de la ventilation à certains endroits. Le plus gros défi réside dans la dimension des fermes. Les bâtiments sont de plus en plus gros. Nous devons nous adapter. » 

 

L’intelligence des objets

Les années 2000 ont marqué l’entrée en scène de l’intelligence des objets. Louis Landry, de l’entreprise Ventec (groupe Jolco), a constaté un changement majeur dans les installations choisies par les producteurs de bovins. « À une époque, dit-il, la ventilation ne préoccupait pas les producteurs de bovins, les bâtiments étant plus ou moins étanches. Maintenant, les nouvelles constructions sont étanches et elles demandent une meilleure régie. »

Un nouvel outil de gestion de la qualité de l’air a récemment été offert à la clientèle de Ventec. « Agrimesh est un outil de gestion intelligente des étables. Une fois les paramètres entrés dans le système, ce dernier prend lui-même les décisions en matière d’ajustement de la température. Nous sommes rendus là. Il y a beaucoup d’engouement pour cette technologie, car elle permet aux producteurs de s’assurer d’une bonne qualité de l’air, sans devoir être spécialistes de la ventilation. Nous sommes là pour les soutenir dans ce domaine. »

Stéphane Payette

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.

stephane.payette@sollio.ag

QUI EST STÉPHANE PAYETTE
Membre de l'Ordre des technologues du Québec, Stéphane est expert-conseil en productions végétales à Novago Coopérative.Il est également journaliste à la pige pour le Coopérateur.