
Photo : Olivier Hayes, directeurs du développement des marchés et de l’approvisionnement des Ruchers Promiel (secteur apicole de Citadelle), a profité d’Apimondia pour rencontrer ses fournisseurs et clients, notamment de la Chine, de Hongkong et du Japon.
Le plus grand rassemblement apicole international, Apimondia, s’est tenu à Montréal du 8 au 12 septembre 2019. Les 6000 participants, originaires de plus de 100 pays, ont pu assister à 48 symposiums techniques, neuf ateliers grand public, huit tables rondes et une foire regroupant 200 exposants de partout sur la planète, venus brasser des affaires d’or… sucré!
En apiculture, les défis ne manquent pas. La recherche, le développement et l’innovation reflètent bien la multitude de périls auxquels doit faire face notre meilleure amie ailée.
Dans une conférence aux allures futuristes, Elke Genersch, docteure allemande en médecine moléculaire humaine convertie à la médecine apicole, est venue montrer les vastes possibilités du séquençage génétique des pathogènes de l’abeille pour connaître la prévalence et la virulence des agents causals de la loque américaine, du virus des ailes déformées, de la dysenterie de l’abeille et de la varroase, maladies qui affectent la longévité et la productivité des colonies. Les avancées de la biologie moléculaire permettent d’entrevoir des approches de traitement plus ciblées et même, à terme, des trousses permettant un diagnostic moléculaire précis.
Marilène Paillard, chargée de projet au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, est quant à elle venue confirmer l’efficacité de l’Apiguard contre l’acarien Varroa destructor. Ce remède, non encore homologué au Canada, est à base de thymol, présent dans l’huile essentielle de thym. En deux mots : ça fonctionne! Des différences significatives ont été mesurées pour les deux premiers traitements (2 x 50 g) effectués en saison (températures idéales entre 15 et 25 °C), en comparaison avec des ruches témoins. Les traitements n’offrent toutefois pas d’effet notable sur la survie hivernale. Peter Rosenkranz, expert mondial du syndrome d’effondrement des colonies, a de son côté révélé que le chlorure de lithium, ingurgité pendant trois jours par des abeilles sans couvain, était un excellent agent de lutte chimique systémique contre le même parasite. Ce composé, sans danger pour la santé des abeilles, montre une efficacité impressionnante de 100 % dans des tests en laboratoire et de 85 à 97 % dans des essais en champ.
Neal Williams, du Département d’entomologie de l’Université de Californie à Davis, a pris parti pour des habitats floristiquement plus diversifiés et moins fragmentés. Haies fleuries, vergers d’amandiers, champs de melons, plantes fourragères fleuries variées : à l’inverse des monocultures, les habitats composés d’une multitude de plantes dont les floraisons se chevauchent permettent d’augmenter le nombre d’abeilles par unité de surface, mais également la fréquence et la durée des visites des butineuses. Les cultures dépendantes d’une bonne pollinisation profitent donc d’un aménagement floristique rehaussé.
Citadelle y était
Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d’érable, qui a acheté en 2017 les activités apicoles des Ruchers Promiel (Naturoney), était présente à Apimondia pour présenter notamment ses technologies et méthodes de traçabilité du rucher au pot de miel. Grâce au code figurant sur le couvercle de l’emballage, il est maintenant possible de connaître l’identité de l’apiculteur-exploitant et la date de production du miel. Ce genre d’innovation séduit les plus de 1000 clients (détaillants, restaurants et collectivités) de Citadelle au Canada, en Chine, à Hongkong et au Japon. « Les miels de bleuet, de trèfle d’été ou de verge d’or, par exemple, sont populaires au Japon pour leur goût unique de terroir québécois et canadien, explique l’agronome Olivier Hayes, directeur du développement des marchés et de l’approvisionnement des Ruchers Promiel. Ces clients recherchent des miels de spécialité distinctifs. »
Traçabilité, spécialité et… adultération. « La perception de nos clients internationaux, c’est que les miels d’ici allient qualité, salubrité et intégrité », poursuit Olivier Hayes, qui achète des miels du pays, mais également de l’étranger, car l’entreprise n’est pas autosuffisante en miel. Ainsi, la fraude alimentaire ou l’adultération doivent être surveillées de près. Promiel assure notamment ses acheteurs de la qualité en faisant analyser chaque lot de miel par un laboratoire allemand spécialisé en détection de pesticides et d’antibiotiques ainsi qu’en évaluation du profil glucidique du miel. De récents équipements utilisant la technique de la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire permettent maintenant non seulement de détecter des anomalies, mais également d’identifier l’origine botanique précise du miel.
C’est une question de réputation!
Lire l'article complet dans l'édition de janvier-février 2020 du Coopérateur.