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11 % de hausse en 2022 de la valeur des terres agricoles au Québec

La valeur des terres agricoles du Québec a augmenté de 11 % en 2022, selon le plus récent Rapport sur la valeur des terres agricoles de Financement agricole Canada (FAC). 

En 2021, la hausse était déjà de 10 %. En juin 2022, elle atteignait même les 13,1 %, avant que la Banque du Canada enchaîne de vigoureuses hausses de son taux directeur – 3,25 % de plus entre juin et décembre. Malgré la hausse du coût des intrants et des taux d’intérêt, le rythme a à peine fléchi. 

« Les conditions économiques difficiles auraient pu ralentir la demande de terres agricoles et donc faire baisser le prix payé pour ces terres en 2022, explique Jean-Philippe Gervais, économiste en chef à FAC. Toutefois, les facteurs fondamentaux sous-jacents du marché des terres agricoles dressent un portrait bien différent. »

Une faible offre de terres

Le manque d’offre sur le marché maintient la pression sur les prix, les terres en vente se faisant trop rares pour rééquilibrer rapidement le marché. L’économiste précise d’ailleurs que de 2011 à 2021, le Québec a perdu 6 % de ses superficies cultivées. Certaines de ces terres sont toujours des terres agricoles, mais elles ne sont tout simplement plus en culture. À cette rareté, qui augmente les coûts, se superpose toutefois la vision à long terme des entrepreneurs agricoles, qui continuent d’entrevoir des perspectives positives. 

« Il faut faire une distinction sur le court et le long terme, ajoute Jean-Philippe Gervais. À court terme, la hausse des taux d’intérêt et du prix des intrants ont un impact qui ralentit l’achat ou la demande. Mais à plus long terme, les perspectives pour l’agriculture restent positives. Donc, comme on ne peut pas augmenter le nombre de terres agricoles, malgré les hausses que l’on voit, l’avenir reste intéressant. C’est un des facteurs déterminants dans le comportement des acheteurs. Les entreprises voient un potentiel de développement, ce qui pousse à la hausse la valeur des terres. »

Graphique 1

Un futur imprévisible

Pour le futur, Jean-Philippe Gervais s’attend à une hausse moins élevée que 11 %, mais… il n’a pas de boule de cristal. « La grande variable inconnue, c’est l’effet de l’offre, ajoute l’économiste. Tant que les propriétaires ne décident pas de mettre leurs terres en vente, on va observer des augmentations appréciables. »

La hausse du prix des terres agricoles représente un défi pour les jeunes producteurs, les nouveaux agriculteurs et les propriétaires qui agrandir leur exploitation.

Pour les acheteurs, l’économiste donne deux conseils : 

  1. Faites un plan de gestion de risques. Il n’est pas impossible que la Banque du Canada augmente encore ses taux. Êtes-vous prêts?
  2. Évaluez comment l’achat d’une terre s’insère dans votre plan de développement de l’entreprise. Il faudra bien expliquer comment la synergie au niveau des coûts et du plan d’affaires coïncident avec la prise d’expansion.

FAC suggère aussi aux producteurs de faire preuve de prudence, surtout dans les régions où le taux de croissance de la valeur des terres agricoles a dépassé les revenus agricoles dans les dernières années.

La variation selon les régions

Attention, également, de ne pas généraliser les effets de la hausse sur l’ensemble du territoire québécois. Les impacts varient selon les régions du Québec, voire au sein même de chaque secteur.  « Au fil des années, je me rends compte qu’il est de plus en plus difficile d’y aller de généralités qui s’appliquent à plusieurs sous-régions », signale Jean-Philippe Gervais. 

Les deux régions qui ont enregistré la plus faible augmentation en pourcentage sont la Montérégie (4,6 %) et l’Abitibi (0 %). En Abitibi, on retrouve le prix moyen des terres le moins élevé (1500$/acre). En Montérégie, toutefois, il s’agit du prix moyen des terres le plus élevé (19 700 $/acre). L’augmentation, même à 4,6 %, représente donc entre 9300 à 27 700 $/acre, ce qui frôle le maximum d’augmentation à l’acre enregistré dans la province. 

Les deux secteurs ayant connu la plus haute hausse en pourcentage sont la Mauricie-Portneuf (19,2 %, soit de 4400 à 17 500 $/acre) et le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie (18,3 %, soit 900 à 6900 $/acre).

Graphique 2

Dans le reste du Canada

La valeur moyenne des terres agricoles canadiennes a progressé de 12,8 % en 2022 pour le Canada. C’est la plus forte augmentation depuis 2014, après une progression de 8,3 % en 2021 et de 5,4 % en 2020.

FAC estime que les recettes monétaires tirées de la production de céréales, d’oléagineux et de légumineuses au Canada ont augmenté de 18,3 % en 2022 et devraient croître de 9,4 % en 2023.

« La hausse des recettes agricoles stimule la demande de terres agricoles, mais les coûts d’emprunt et les prix des intrants plus élevés devraient se traduire par une baisse des ventes en 2023 », selon M. Gervais. 

Les hausses moyennes les plus marquées de la valeur des terres agricoles ont été observées en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, avec des hausses respectives de 19,4 %, 18,7 % et 17,1 %. La Saskatchewan arrive ensuite avec une hausse de 14,2 %. Cinq provinces ont enregistré des augmentations moyennes inférieures à la moyenne nationale, soit la Nouvelle-Écosse (11,6 %), le Manitoba (11,2 %), le Québec (11 %) et l’Alberta (10 %).

Source des graphiques : FAC
Photo de couverture : Étienne Gosselin

Stéphanie McDuff

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires. 

Stephanie.McDuff@sollio.coop

Stéphanie est Rédactrice et chef de la production numérique pour le Coopérateur. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal, elle est détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études littéraires.