
Les pertes d’Olymel se chiffrent en millions de dollars. Le conflit qui oppose le Syndicat international des débardeurs et magasiniers du Canada (ILWUC) et l’Association des employeurs maritimes de la Colombie-Britannique (BCMEA) perdure.
S’il ne se règle pas rapidement, les perspectives pour le transformateur qui exporte largement ses produits par les ports de la Colombie-Britannique s’annoncent plutôt sombres.
De multiples entreprises canadiennes touchées par ce conflit qui paralyse le transport de marchandises dans les 30 ports de la Colombie-Britannique pressent le gouvernement d’agir afin d'arriver à une entente.
« On perd des millions de dollars, indique Paul Beauchamp, premier vice-président chez Olymel. Nous expédions chaque semaine 70 chargements de chilled pork, soit l’équivalent d’environ 1,5 million de kilos de viande de porc, vers la côte ouest, à destination du Japon et de la Corée. Ces chargements proviennent notamment de notre usine de Red Deer, en Alberta, mais également de nos usines au Québec. »
Nos produits frais de type chilled pork, très recherchés et fort appréciés sur ces marchés, dit-il, ont une durée de conservation en conteneurs réfrigérés de 55 jours. Chaque jour qui passe réduit bien évidemment cette durée de vie, explique le premier vice-président, précisant du même souffle qu’il faut compter 21 jours de transport maritime pour acheminer les conteneurs dans les ports de l’Asie.
« Le chilled pork est un produit de haute qualité et nos clients japonais et coréen sont exigeants en la matière, poursuit le premier vice-président. Ne pas être en mesure de leur livrer le produit auquel ils s’attendent entraînerait inévitablement une perte de confiance, au point de se tourner en partie vers d’autres pays et fournisseurs. »
Les cargaisons de porc frais de type chilled pork qui ne peuvent être livrées sous cette appellation en raison des délais de livraison qu’entraîne la grève dans les ports de Vancouver devront être congelées, explique le porte-parole d’Olymel. En passant de frais à congelés, ces produits perdent alors leur valeur ajoutée économique et doivent être acheminés vers d’autres marchés en Amérique du Nord par voie terrestre, avec l’impact financier que ces mesures entraînent.
Outre les livraisons de chilled pork, Olymel expédie également en partance de la côte ouest un volume équivalent (1,5 million de kilos par semaine) de porc congelé à destination de divers marchés dans le monde. « Ces volumes, bien qu’ils ne représentent pas d’enjeux de conservation, sont tout de même préoccupants, car, ne pouvant pas non plus prendre le chemin de l’exportation, ils s’accumulent en entrepôts », souligne M. Beauchamp.
Le conflit entraîne des répercussions dans toute la chaîne de valeur d’Olymel, notamment dans l’usine d’abattage de Red Deer, en Alberta, et jusque dans celles du Québec, informe Paul Beauchamp. La chaîne logistique canadienne est fragile, note-t-il. Ses ratés impactent fortement les clientèles, de plus en plus exigeantes et habituées à fonctionner en mode just in time avec leurs approvisionnements.
Les membres du Syndicat international des débardeurs et magasiniers du Canada réclament de meilleurs salaires face au coût de la vie élevée et des dispositions contre la sous-traitance et l’automatisation.
« Si rien ne se règle rapidement, le retour à la normalité des activités portuaires pourrait tarder jusqu’à la fin septembre, voire en octobre, informe Paul Beauchamp. Trente pour cent de l’économie import-export canadienne transitent par les ports de la Colombie-Britannique. Il faut trouver une solution. »
Texte écrit le mardi 25 juillet 2023
Photo : iStock.com | FangXiaNuo